Par Tallinn, d’Anne-Marie EL-HAGE | 16/05/2011

Le ministre estonien des Affaires étrangères, Urmas Paet, lors de l’interview avec « L’Orient-Le Jour ».
INTERVIEW Le ministre estonien des Affaires étrangères, Urmas Paet, fait part à « L’Orient-Le Jour » de sa frustration et celle de son pays, dans l’affaire des sept cyclistes kidnappés le 23 mars dernier.
« Nous aimerions voir nos sept citoyens estoniens, ces touristes kidnappés au Liban, rentrer le plus rapidement possible en Estonie. » C'est par ce message sobre et pudique que le ministre estonien des Affaires étrangères, Urmas Paet, s'adresse aux ravisseurs des sept cyclistes estoniens enlevés dans la zone industrielle de Zahlé, le 23 mars dernier. Et ce, au cours d'une interview accordée à L'Orient-Le Jour à Tallinn, capitale de cette petite République balte, membre de l'Union européenne. M. Paet évoque aussi, toujours à l'intention des ravisseurs, les répercussions graves et « problématiques » de cette affaire, « non seulement pour les familles et les proches des touristes kidnappés, mais pour l'ensemble de la société estonienne ».
La Syrie, une possibilité parmi tant d'autres
Le jeune ministre de 37 ans dissimule mal son malaise et sa frustration. « Cette situation est extrêmement difficile, car au bout de (presque) deux mois d'investigation, nous ne savons absolument rien, et nous continuons à nous poser ces questions basiques, déplore-t-il. Nous ne savons pas qui les détient, où ils se trouvent, ni même les mobiles de leur enlèvement. Nous ignorons aussi les revendications des ravisseurs », souligne M. Paet, qui est à la tête de la diplomatie estonienne depuis 2005.
Le ministre ne manque pas d'avouer sa crainte, et celle de son gouvernement, quant à la sécurité des otages et au dénouement du drame. « Cela fera bientôt deux mois qu'ils ont été enlevés. Nous trouvons le temps très long. Il nous est impossible de savoir combien cette situation pourrait durer, mais nous sommes conscients qu'elle peut prendre plusieurs mois, voire plus d'un an », observe-t-il, se basant sur d'autres affaires de rapts à travers le monde. Quant à la question de savoir si les sept otages sont toujours vivants, M. Paet précise qu'en l'absence de preuves contraires, il estime qu'ils sont « toujours en vie ».
Même la récente information publiée par les médias affirmant que la vidéo diffusée sur Youtube le 20 avril dernier a été postée depuis Damas n'apporte aucun élément supplémentaire au dossier, et pas la moindre certitude. « À ce stade, cela ne nous avance en rien, indique le ministre. Le fait que la vidéo ait été mise sur un serveur en Syrie ne signifie pas que les ravisseurs sont Syriens et que les otages sont physiquement détenus en Syrie », ajoute-t-il, évoquant la complexité des systèmes modernes de communication. Urmas Paet observe toutefois que l'éventualité que les otages se trouvent en Syrie est « une possibilité parmi tant d'autres ». Mais il refuse de « se lancer dans des spéculations ».
La vidéo Youtube charcutée ?
Car les spéculations ne manquent pas. Il regrette à ce propos la publication récente, par des médias russes et « sans aucun contrôle », de « rumeurs sur le dossier », « sur base de sources anonymes ». Des rumeurs qui faisaient état d'une demande de rançon de deux millions de dollars par otage. « Ces informations publiées n'ont absolument rien à voir avec la réalité », dit-il.
D'autres rumeurs affirment ferme, sur base de sources informées anonymes, que la vidéo publiée sur Youtube a été charcutée et qu'une autre partie renferme les demandes des ravisseurs. « Logiquement, quelque chose manque à ce film, souligne Urmas Paet, car il n'y a pas de demande, ni de revendication, alors que les otages appellent certains hommes politiques à l'aide. » « Or il est illogique de demander de l'assistance sans aucune requête, affirme-t-il. Ce sont les questions que nous nous posons. »
Dans l'attente du moindre indice supplémentaire, les autorités estoniennes ne négligent aucun moyen pour venir en aide à leurs ressortissants, par le biais des autorités libanaises ou avec l'assistance de pays amis. « Je suis moi-même venu deux fois au Liban où j'ai rencontré le président de la République, le ministre de l'Intérieur et plusieurs hommes politiques, indique M. Paet. Je suis certain et j'espère aussi que les autorités libanaises poursuivront l'investigation aussi longtemps que nécessaire, dans l'objectif de résoudre cette affaire positivement », note-t-il encore, tout en faisant part de la satisfaction des équipes et services estoniens et étrangers qui ont œuvré avec les autorités libanaises.
Tallinn a également fait appel à ses partenaires de l'Union européenne, à la France notamment et aux pays de l'OTAN, Alliance atlantique dont elle fait partie. Les autorités n'ont pas manqué de demander aussi l'assistance du gouvernement syrien. Urmas Paet est toutefois conscient que la dégradation de la situation en Syrie risquerait d'avoir des répercussions sur le cours de l'enquête. « Nous espérons que cette région retrouve très prochainement la stabilité », observe-t-il.
Sanctions contre la Syrie
De plus, l'Estonie n'a eu d'autre choix que de s'aligner sur les positions des pays membres de l'Union européenne qui ont voté des sanctions à l'encontre de treize personnalités syriennes. « Ce genre de décisions se prend sur base de consensus. Autrement, les sanctions ne pourraient être adoptées », précise M. Paet à ce propos. Et d'indiquer que « la position de l'Estonie a été de suivre celle de l'Union européenne, dans l'objectif de faire cesser la violence en Syrie ». Il omet toutefois de dire qu'aucune sanction n'a été votée contre le président syrien Bachar el-Assad, vu la réserve de l'Estonie.
La crise des otages n'a pas empêché l'Estonie de procéder, comme prévu, au développement des relations directes avec le Liban. Le premier ambassadeur (non résident) de cette République de près de 1,3 million d'habitants, Aivo Orav, a présenté la semaine dernière ses lettres de créance au président Michel Sleiman. « Nous sommes concernés par les relations de l'Europe avec l'Union pour la Méditerranée (UPM) et donc avec le Liban », précise-t-il, espérant une augmentation des échanges, encore faibles, entre les deux pays.
L'Estonie, dont les troupes sont présentes en Afghanistan, est également très impliquée dans la création du futur État palestinien. Grâce à sa technologie très avancée, ce pays, qui a vu la création du logiciel Skype permettant de téléphoner gratuitement, œuvre à implanter des structures et des cartes électroniques pour préparer la solution à deux États dans les territoires palestiniens. « L'affaire des otages n'influencera pas notre politique étrangère dans la région », assure Urmas Paet. Il insiste toutefois sur la nécessité pour les ressortissants estoniens de faire preuve de prudence et de se conformer aux conseils donnés par Tallinn. Et de conclure : « Nous leur mettons la pression. Car ils doivent absolument prendre nos conseils au sérieux. »
Le jeune ministre de 37 ans dissimule mal son malaise et sa frustration. « Cette situation est extrêmement difficile, car au bout de (presque) deux mois d'investigation, nous ne savons absolument rien, et nous continuons à nous poser ces questions basiques, déplore-t-il. Nous ne savons pas qui les détient, où ils se trouvent, ni même les mobiles de leur enlèvement. Nous ignorons aussi les revendications des ravisseurs », souligne M. Paet, qui est à la tête de la diplomatie estonienne depuis 2005.
Le ministre ne manque pas d'avouer sa crainte, et celle de son gouvernement, quant à la sécurité des otages et au dénouement du drame. « Cela fera bientôt deux mois qu'ils ont été enlevés. Nous trouvons le temps très long. Il nous est impossible de savoir combien cette situation pourrait durer, mais nous sommes conscients qu'elle peut prendre plusieurs mois, voire plus d'un an », observe-t-il, se basant sur d'autres affaires de rapts à travers le monde. Quant à la question de savoir si les sept otages sont toujours vivants, M. Paet précise qu'en l'absence de preuves contraires, il estime qu'ils sont « toujours en vie ».
Même la récente information publiée par les médias affirmant que la vidéo diffusée sur Youtube le 20 avril dernier a été postée depuis Damas n'apporte aucun élément supplémentaire au dossier, et pas la moindre certitude. « À ce stade, cela ne nous avance en rien, indique le ministre. Le fait que la vidéo ait été mise sur un serveur en Syrie ne signifie pas que les ravisseurs sont Syriens et que les otages sont physiquement détenus en Syrie », ajoute-t-il, évoquant la complexité des systèmes modernes de communication. Urmas Paet observe toutefois que l'éventualité que les otages se trouvent en Syrie est « une possibilité parmi tant d'autres ». Mais il refuse de « se lancer dans des spéculations ».
La vidéo Youtube charcutée ?
Car les spéculations ne manquent pas. Il regrette à ce propos la publication récente, par des médias russes et « sans aucun contrôle », de « rumeurs sur le dossier », « sur base de sources anonymes ». Des rumeurs qui faisaient état d'une demande de rançon de deux millions de dollars par otage. « Ces informations publiées n'ont absolument rien à voir avec la réalité », dit-il.
D'autres rumeurs affirment ferme, sur base de sources informées anonymes, que la vidéo publiée sur Youtube a été charcutée et qu'une autre partie renferme les demandes des ravisseurs. « Logiquement, quelque chose manque à ce film, souligne Urmas Paet, car il n'y a pas de demande, ni de revendication, alors que les otages appellent certains hommes politiques à l'aide. » « Or il est illogique de demander de l'assistance sans aucune requête, affirme-t-il. Ce sont les questions que nous nous posons. »
Dans l'attente du moindre indice supplémentaire, les autorités estoniennes ne négligent aucun moyen pour venir en aide à leurs ressortissants, par le biais des autorités libanaises ou avec l'assistance de pays amis. « Je suis moi-même venu deux fois au Liban où j'ai rencontré le président de la République, le ministre de l'Intérieur et plusieurs hommes politiques, indique M. Paet. Je suis certain et j'espère aussi que les autorités libanaises poursuivront l'investigation aussi longtemps que nécessaire, dans l'objectif de résoudre cette affaire positivement », note-t-il encore, tout en faisant part de la satisfaction des équipes et services estoniens et étrangers qui ont œuvré avec les autorités libanaises.
Tallinn a également fait appel à ses partenaires de l'Union européenne, à la France notamment et aux pays de l'OTAN, Alliance atlantique dont elle fait partie. Les autorités n'ont pas manqué de demander aussi l'assistance du gouvernement syrien. Urmas Paet est toutefois conscient que la dégradation de la situation en Syrie risquerait d'avoir des répercussions sur le cours de l'enquête. « Nous espérons que cette région retrouve très prochainement la stabilité », observe-t-il.
Sanctions contre la Syrie
De plus, l'Estonie n'a eu d'autre choix que de s'aligner sur les positions des pays membres de l'Union européenne qui ont voté des sanctions à l'encontre de treize personnalités syriennes. « Ce genre de décisions se prend sur base de consensus. Autrement, les sanctions ne pourraient être adoptées », précise M. Paet à ce propos. Et d'indiquer que « la position de l'Estonie a été de suivre celle de l'Union européenne, dans l'objectif de faire cesser la violence en Syrie ». Il omet toutefois de dire qu'aucune sanction n'a été votée contre le président syrien Bachar el-Assad, vu la réserve de l'Estonie.
La crise des otages n'a pas empêché l'Estonie de procéder, comme prévu, au développement des relations directes avec le Liban. Le premier ambassadeur (non résident) de cette République de près de 1,3 million d'habitants, Aivo Orav, a présenté la semaine dernière ses lettres de créance au président Michel Sleiman. « Nous sommes concernés par les relations de l'Europe avec l'Union pour la Méditerranée (UPM) et donc avec le Liban », précise-t-il, espérant une augmentation des échanges, encore faibles, entre les deux pays.
L'Estonie, dont les troupes sont présentes en Afghanistan, est également très impliquée dans la création du futur État palestinien. Grâce à sa technologie très avancée, ce pays, qui a vu la création du logiciel Skype permettant de téléphoner gratuitement, œuvre à implanter des structures et des cartes électroniques pour préparer la solution à deux États dans les territoires palestiniens. « L'affaire des otages n'influencera pas notre politique étrangère dans la région », assure Urmas Paet. Il insiste toutefois sur la nécessité pour les ressortissants estoniens de faire preuve de prudence et de se conformer aux conseils donnés par Tallinn. Et de conclure : « Nous leur mettons la pression. Car ils doivent absolument prendre nos conseils au sérieux. »

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