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April 14, 2010

L'Orient Le Jour - Nationalité : le jugement dans le cas Soueidane reporté au 18 mai

Ils étaient nombreux, les militants pour le droit de la Libanaise d'octroyer sa nationalité à son mari et à ses enfants étrangers, à soutenir Samira Soueidane au Palais de justice de Jdeidé hier. Le sit-in a été organisé par la campagne « Ma nationalité, un droit pour moi et pour ma famille », pour soutenir cette mère de famille, veuve depuis de nombreuses années d'un Égyptien, et qui avait obtenu en juillet dernier un jugement favorable émis par le juge John Azzi, contre lequel le service des avis et des consultations du ministère de la Justice a fait appel, arguant du fait qu'il n'était pas conforme à la loi. Hier donc avait lieu la dernière audience avant le jugement, présidée par la juge Denise Méouchy, au cours de laquelle l'avocate de Soueidane a prononcé son plaidoyer. La juge a remis l'audience de jugement au 18 mai prochain.
L'enjeu est de taille : alors que la loi libanaise continue de priver la femme du droit d'accorder sa nationalité aux membres de sa famille, si un tel jugement était confirmé, il ferait jurisprudence. Dans son plaidoyer hier, l'avocate Hanane Ismaïl a beaucoup insisté sur les droits fondamentaux consacrés par la société et la Constitution. « Est-ce que la femme est condamnée à rester un citoyen de seconde zone ? » a-t-elle dit. L'égalité, non seulement entre l'homme et la femme mais aussi entre les femmes elles-mêmes, est d'ailleurs un des arguments sur lesquels s'était appuyé le juge John Azzi pour étayer son jugement : comment expliquer qu'une femme étrangère obtienne la nationalité un an après son mariage avec un Libanais, et l'accorde à ses enfants étrangers, alors que la Libanaise ne peut pas en faire de même avec les membres de sa famille ?
À l'issue de l'audience, Samira Soueidane a confié son soulagement à L'Orient-Le Jour. « J'étais très tendue parce que je pensais que le jugement serait pour aujourd'hui, dit-elle. Mais en fait, j'ai repris espoir en voyant les juges.» Elle avoue que ses enfants et elle resteront cependant sur leurs nerfs jusqu'au 18 mai. « Mais il sera temps d'avoir enfin une réponse et d'être fixé », souligne-t-elle. Et si le résultat est négatif, après une lutte de plusieurs
années ? « Nous n'abandonnerons pas pour autant », assure cette mère de famille, qui a perdu son mari alors que tous ses enfants étaient mineurs.
Les participants au sit-in étaient pour la plupart des personnes concernées, soit des Libanaises mariées à des étrangers, ou des maris étrangers eux-mêmes, ainsi que plusieurs sympathisants. Ils sont tous actifs dans le cadre de la campagne initiée par le Collectif de la formation, du développement et de la recherche - Action (CRTDA), dont la coordinatrice Roula Masri était présente. Elle a insisté sur l'importance de ce jugement à venir dans la lutte pour l'amendement de la loi sur la nationalité, espérant une issue heureuse le 18 mai.

S.B.

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