The Lebanese Center for Human Rights (CLDH) is a local non-profit, non-partisan Lebanese human rights organization in Beirut that was established by the Franco-Lebanese Movement SOLIDA (Support for Lebanese Detained Arbitrarily) in 2006. SOLIDA has been active since 1996 in the struggle against arbitrary detention, enforced disappearance and the impunity of those perpetrating gross human violations.

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July 21, 2010

July 20, 2010 - L'Orient le jour - Requiem pour un accord

Par Fady NOUN

En toute liberté
Le discours de Hassan Nasrallah, vendredi dernier, met fin à une époque, celle qui avait été inaugurée par l'accord de Doha et l'élection d'un président de consensus. Samir Frangié l'a dit encore plus directement hier : « Le discours de Hassan Nasrallah est l'acte de décès de l'accord de Doha. » Avec les accusations et le chantage à la violence exercé par le secrétaire du Hezbollah, nous sommes brusquement propulsés en dehors de ce consensus. À écouter Hassan Nasrallah, on a l'impression que l'État israélien a noyauté non seulement les télécommunications, mais certaines des hautes sphères de l'État. Désormais, les deux projets de société, celui du 14 Mars et celui du Hezbollah, sont de nouveau face à face. Les patriotes contre les traîtres, ou la tyrannie contre la démocratie, selon qu'on soit ici ou là.
L'acte de décès de Doha s'accompagne en fait d'un autre acte de décès : celui du Tribunal international. Désormais, pour une partie de la classe politique, attendre l'acte d'accusation de cette cour, c'est (presque) collaborer avec Israël. C'est vouloir la destruction du Liban. Samir Frangié pense que « la manière dont le Hezbollah traite avec le Tribunal international est exagérée, erronée ». C'est le moins qu'on puisse dire. Il y a là une outrance qui dépasse tous les efforts d'objectivité. En tout cas, il faudra déployer beaucoup d'efforts pour raccommoder la déchirure apparue, en fait une véritable déclaration de guerre.
L'acte de décès de Doha sonne-t-il aussi le glas de la présidence de Michel Sleiman ? Hassan Nasrallah aurait ainsi fait d'une pierre trois coups. Tout dépend, sur ce plan, du choix stratégique qu'il fera. Le déploiement verbal sera-t-il suivi d'un passage à l'acte ? Voilà la question.
Du reste, indépendamment de cette sombre perspective, le piétinement que l'on constatait ces derniers temps - derniers exemples en date, l'accord de sécurité avec la France, la marge de manœuvre de la Finul - montrait bien les limites du « consensualisme ». L'art de ménager la chèvre et le chou, qu'on peut exercer, par moments, sur le plan interne, est plus difficile en politique étrangère. On ne peut pas prendre en compte l'intérêt de Téhéran et de Washington à la fois. Le non-alignement - pour ne pas prononcer le mot de neutralité - est une politique dont le Liban, hélas, n'a pas les moyens, dans l'état actuel de la polarisation politique internationale.
Ce qui se passe montre aussi les limites de ce que la France a tenté d'entreprendre dans la région. Que pense aujourd'hui Nicolas Sarkozy de sa politique d'ouverture sur le camp des durs, Damas et Téhéran ? Que pense-t-il de tous les efforts déployés, parfois contre Washington, pour sortir la Syrie de son isolement international ? Qu'en pense-t-il à l'heure où le nouvel ambassadeur des États-Unis en Syrie n'a toujours pas rejoint son poste ? On en a un début de réponse dans le mouvement d'humeur manifesté, ces derniers jours, par l'ambassadeur de France, qui a jugé « inacceptables » les agressions contre la Finul.
Il faut craindre qu'en présence d'une même polarisation, qui est appelée à s'accentuer au fil des semaines qui nous séparent de la publication de l'acte d'accusation, même les dossiers purement internes et les promesses de réformes finissent par être contaminés par le pourrissement de l'exécutif. D'une certaine façon, nous sommes condamnés à choisir : la vérité et le risque d'un coup d'État, ou la compromission et l'espèce de bain-marie politique dans lequel nous vivons depuis des mois. Michel Sleiman doit s'en rendre compte : il y a de la difficulté à être deux chefs d'État à la fois.

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