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May 19, 2011

L'orient Le Jour - L’État préfère régler le dossier des réfugiés syriens dans la discrétion - May 19, 2011

L'État libanais ne dispose toujours pas de chiffres sur le nombre de réfugiés syriens qui traversent Nahr el-Kebir pour fuir les massacres dans leur pays.
« Le recensement est toujours en cours », souligne à ce sujet le ministre des Affaires sociales Sélim Sayegh, notant que le nombre « peut varier entre 1 000 et 5 000 déplacés ». Le recensement devrait se faire par le biais des moukhtars des localités ayant accueilli des réfugiés, notamment Boukaya, Machta Hassan, Débbaybé, Kouweichera et Bireh.
M. Sayegh indique que le travail effectué actuellement dans le Akkar se fait sous l'égide du Haut Comité de secours en coopération avec le Haut-Comissariat des Nations unies pour les réfugiés, affirmant que le ministère est présent sur le terrain à travers ses comités locaux et coopère avec les associations civiles de la zone.
Depuis dimanche, même si le Haut Comité de secours ne s'est pas encore réuni pour évaluer la situation, des matelas et des couvertures ont été distribués aux réfugiés, ainsi que 500 kits alimentaires.
À Boukaya, village de Wadi Khaled, les habitants parlent de 1 000 familles ayant fui Tall Kalakh le week-end, alors qu'à Débbaybé, hameau situé dans la zone de Menjez, l'on indique que 400 familles ont franchi Nahr el-Kebir lundi dernier.
Cela va sans compter les quelques dizaines de personnes qui ont réussi à passer la frontière au cours des dernières 48 heures, pour la plupart des jeunes hommes qui ont attendu la nuit pour éviter les tireurs embusqués. Ils se cachent entre les arbres et rampent des heures pour atteindre le Liban.
Hier, l'armée a refoulé six jeunes hommes à la frontière à Boukaya, sans prendre en considération que ces jeunes risquent la mort et la torture s'ils rentrent chez eux. Certains résistants syriens, ayant pris part aux manifestations contre le régime de Bachar el-Assad et ayant alimenté les pages facebook d'images sur les sites de l'opposition syrienne, ont rejoint le Liban depuis plusieurs jours.
Ces jeunes disposaient de téléphones portables libanais qu'ils avaient utilisés à l'intérieur de Tall Kalakh pour envoyer des images à d'autres résistants présents au Liban, afin que les films soient postés sur le Net.
Certains jeunes, munis de ces lignes téléphoniques libanaises, se trouvent toujours en Syrie. Mais, depuis 48 heures, les autorités syriennes ont brouillé toutes les communications du réseau du téléphone portable avec le Liban.
Rappelons que les lignes téléphoniques ordinaires ainsi que le réseau du téléphone portable syrien sont coupés depuis des semaines à Tall Kallakh. La ville a été investie par l'armée syrienne depuis environ deux semaines. Selon les réfugiés, les tireurs embusqués se trouvent à chaque coin de rue et les cadavres n'ont pas été évacués depuis des jours. La ville vit sans eau - l'armée ayant tiré sur tous les réservoirs - sans électricité et sans téléphone. Le pain et les denrées alimentaires fraîches manquent terriblement. C'est ce qui avait poussé les Syriens de cette localité exclusivement sunnite (ceintrée de villages alaouites), et qui compte 35 000 habitants, à se réfugier au Liban.
Avec le refoulement des six jeunes susmentionnés, les autorités libanaises montrent qu'elles tiennent à tout prix à préserver les relations « de bon voisinage » avec le régime syrien.
Dans ce même cadre, il semble aussi que le Liban ne veut pas accorder le statut de réfugiés aux Syriens qui commencent à quitter en masse leur pays, car ceci impliquerait des répercussions juridiques que le Liban veut éviter.
Le gouvernement préfère régler dans la discrétion ce dossier et souhaite probablement arrêter ce flot de réfugiés qui - vu le développement de la situation en Syrie - pourrait aller en s'amplifiant dans les jours et les semaines à venir. 

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