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June 7, 2011

L'Orient le jour - Les forêts, foyers de l’« économie verte » selon le PNUE, June 7, 2011


Au Liban, les forêts ne totalisent plus qu’une superficie de 13 % du pays. Ici, une forêt de chênes dans la Qammouha, au Akkar.

Au Liban, les forêts ne totalisent plus qu’une superficie de 13 % du pays. Ici, une forêt de chênes dans la Qammouha, au Akkar.
ENVIRONNEMENT Les forêts ne sont pas que des centres importants de biodiversité et de beauté naturelle. Elles sont aussi une nécessité économique.

L' « économie verte », selon la définition des Nations unies, est un système économique qui vise à améliorer la qualité de vie sans porter atteinte à l'héritage écologique des générations futures. Qu'est-ce qui servirait mieux l'économie verte que la préservation des forêts dans le monde, essentielles à la survie de 1,6 milliard de personnes ? Comment, dans ce contexte, limiter leur dégradation partout, notamment au Liban où elles ne représentent dorénavant qu'un peu plus de 13 % de la superficie, selon la FAO ? 
À l'occasion de la Journée internationale de l'environnement (qui tombe le 5 juin), consacrée cette année aux forêts, Baha' el-Qoussi, directeur du Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE), a lancé hier, en collaboration avec l'Escwa, le rapport 2011 sur les forêts, à la Maison des Nations unies à Beyrouth. Ce rapport est un constat accablant doublé d'une note d'espoir et de grandes lignes pour l'amélioration de la situation, notamment par la reconnaissance de la valeur économique des forêts. 

Pour donner une idée de cette valeur, voici un chiffre rapporté dans le rapport dont un résumé a été présenté par Micheline Matta de l'Escwa : l'estimation de la FAO sur les industries forestières dans le monde est d'environ 468 milliards de dollars (2006). L'apport des forêts ne se limite pas à l'industrie; les forêts sont une source d'alimentation pour nombre de populations et restent une source d'eau potable incontournable. Elles sont également essentielles pour la lutte contre le changement climatique, étant un absorbant de gaz à effet de serre. Or, rappelle le document, cela ne ralentit pas pour autant le rythme de leur disparition : une moyenne de 13 millions d'hectares de forêts tropicales sont dévastées annuellement, ce qui correspond à la superficie de la Grèce... et à la libération de six milliards de tonnes de CO2 dans l'atmosphère. 
À la question de savoir par quels moyens les forêts contribuent à ce que l'on appelle l'économie verte, le rapport du PNUE revient sur leur rôle dans la préservation de secteurs traditionnels, donc à leur importance pour le développement durable et la lutte contre la pauvreté. Le rapport ajoute qu'il faudrait dépenser une somme supplémentaire de 40 milliards de dollars afin de limiter de moitié la disparition des forêts dans le monde d'ici à 2030 et pour augmenter le taux de reboisement de 140 % d'ici à 2050, comparé au taux actuel. 
Tels sont les investissements qu'il faudrait prévoir selon le PNUE. Or le rapport s'attarde aussi sur les investissements actuels : en 2006, quelque 64 milliards de dollars ont été investis dans le secteur de la sylviculture, dont 28 % seulement pour la gestion des forêts, et le reste pour les industries et le commerce de bois. 

Une action à multiples facettes
L'action pour le sauvetage des forêts n'est pas de l'apanage d'une seule partie. M. Qoussi a espéré, dans son allocution, que « cette journée mondiale servira à encourager un maximum de personnes au Liban, dans la région arabe et dans le monde à jouer un rôle positif pour la protection de l'environnement ». Il a rappelé que la dégradation des forêts est responsable de 20 % des émissions de gaz à effet de serre. 
Le rapport s'attaque aussi à la question des responsabilités qu'il distribue en gros de la façon suivante : la communauté internationale se doit de préparer une stratégie mondiale de protection des forêts, les gouvernements doivent mettre en application des mesures transparentes et utiliser des outils qui se fondent sur les besoins du marché, les compagnies commerciales et financières doivent estimer les dangers et produire des garanties pour l'investissement. En conclusion, le rapport recommande de ne pas laisser la gestion des forêts aux lois du marché, et encourage les gouvernements et la communauté internationale à effectuer des réformes politiques globales afin d'ajouter des motivations pour l'investissement dans le secteur des forêts.
La présentation de ce rapport a donné naissance à un débat animé avec les ONG et les journalistes, qui s'est inévitablement concentré sur les moyens de concrétiser des principes généraux aussi attirants. Les représentants des ONG locales ont mis l'accent sur les obstacles qu'ils rencontrent dans leurs efforts de préservation des forêts sur le terrain, notamment le manque de financement, les lacunes dans la coordination entre elles, l'application très laxiste des lois par les autorités (certains ont même évoqué la complicité de certaines autorités dans la couverture des contrevenants)... La question des contacts de ces ONG avec les organisations internationales comme le PNUE a également été soulevée. Ce à quoi le directeur général du PNUE a répondu par la positive en soulignant l'importance de la société civile. Il a appelé tous ceux qui ont des initiatives dans ce sens à les poster sur le site du PNUE : 
www.unep.org/wed/index.asp. 

S. B. 

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