Une source au sein du Tribunal spécial pour le Liban (TSL) a confié à L’Orient-Le Jour, en réponse aux accusations lancées contre le président du tribunal, Antonio Cassese, que les propos du secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, à l’encontre de M. Cassese sont « biaisés ». M. Nasrallah avait accusé le président du TSL d’être « un ami d’Israël ». Il avait diffusé une vidéo prise lors d’un congrès réunissant des organisations israéliennes. Cette vidéo montrait un modérateur dire devant l’assistance que M. Cassese, qui est « un ami d’Israël, n’avait pas pu venir à la conférence ».
La source précise que le président du TSL avait décliné l’invitation à cette conférence, car il n’était pas d’accord avec la pétition qui devait circuler et être signée ce jour-là parmi les organisateurs, qui critiquait et remettait en cause le rapport Goldstone. Ce rapport, rappelons-le, avait été établi par la Mission internationale indépendante sur le conflit à Gaza, à la demande du Conseil des droits de l’homme de l’ONU et avait notamment sévèrement critiqué l’opération militaire israélienne appelée « Opération plomb » durci contre la bande de Gaza, de décembre 2008 à janvier 2009.
Le président Cassese avait été invité à signer la pétition suivante liée au rapport Goldstone, indique la source : « Les commissions d’enquête de l’ONU devraient être professionnelles et objectives, sans engagement préalable suggéré par leur mandat. Elles devraient se conformer, aussi étroitement que possible, à la règle de la preuve qui s’applique devant les grands tribunaux du monde. Elles devraient rejeter les ouï-dire, les rapports de tierces parties et les témoignages de parties non citées. » La source poursuit que le président du TSL a « refusé d’assister à la conférence qu’il a estimée partiale ». Et d’indiquer qu’il aurait accepté l’utilisation des termes suivants : « Les commissions d’enquête devraient être professionnelles et impartiales, quel que soit leur mandat. Elles doivent suivre les règles de l’évidence adoptées par les tribunaux internationaux. Elles doivent aussi vérifier la crédibilité de toutes les preuves, et plus précisément les ouï-dire, les rapports transmis par une tierce partie et les témoignages d’une partie non identifiée. »
Le président Antonio Cassese a d’ailleurs écrit dans ce sens un article sur le rapport Goldstone, intitulé « Nous devons soutenir le rapport des Nations unies sur Gaza », note la source. Un article publié dans le Financial Times, le 14 octobre 2009.
De plus, dans ses écrits académiques et ses travaux sur la scène internationale, « le président Cassese a toujours défendu le sort des peuples souffrant de violations et luttant pour leur autodétermination », ajoute cette source. « Dans les années 1980, il a conçu une proposition de solution à l’État palestinien au nom du gouvernement italien. Proposition qui aurait accordé aux Palestiniens l’autonomie complète en matière de sécurité nationale, d’ordre public, de gestion des diverses institutions gouvernementales, d’éducation et d’économie, en vue d’obtenir éventuellement la pleine indépendance », dit-elle à ce propos.
Le juge Cassese a également écrit, en 2006, dans une affaire devant la Cour suprême israélienne qui visait à restreindre la pratique d’assassinats ciblés, que « tuer des civils non engagés dans une action militaire, même des civils soupçonnés de terrorisme, est un écart flagrant des principes fondamentaux du droit international humanitaire et peut être assimilé à un crime de guerre », note la source.
« Toute suggestion selon laquelle le président Cassese fait preuve de partialité en faveur d’Israël au niveau juridique est donc basée sur des faits erronés. Elle est aussi de mauvaise foi », conclut la source.
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