
Rajaa Sharafeddine (à g.) et son mari regardant les photos de son père, Chebli al-Aissami, un dissident syrien enlevé à Aley en mai dernier.Karim Sharif/Reuters
Certains craignent de marcher dans les rues principales. D’autres vont se cacher. Pour beaucoup de militants syriens qui ont fui à travers la frontière, le Liban est un refuge inquiétant.
« Vous avez toujours peur d’être à la portée du régime syrien », a déclaré à Reuters un militant, attablé dans un café de Beyrouth. « Être de l’autre côté de la frontière ne signifie pas grand-chose. »
Beaucoup d’activistes syriens ayant fui vers le Liban dénoncent une série d’enlèvements et de passages à tabac à leur encontre.
Depuis le début des manifestations, l’Institut libanais pour les droits de l’homme (LIDHR) souligne qu’il a documenté 13 enlèvements de militants syriens au Liban. « Nous recevons beaucoup de rapports, mais pour la plupart, nous n’avons pas suffisamment d’informations pour les documenter », a déclaré le président du groupe, Nabil Halabi. « Depuis le début des protestations jusqu’au 20 septembre, il y a eu autour de 20 enlèvements. »
Human Rights Watch a seulement pu documenter deux incidents. L’un est l’enlèvement, en mai dernier, de Chibli al-Aissami, 89 ans, l’un des fondateurs du Baas syrien avant de devenir un important dissident et de quitter Damas pour s’établir à l’étranger.Un témoin souligne que Aissami a été traîné dans un véhicule noir, alors qu’il se promenait à pied dans un quartier de Aley où habite sa fille.
« Au début nous n’avons même pas pensé que les services de renseignements syriens étaient derrière l’enlèvement, a déclaré la fille du dissident, Rajaa Sharafeddine. C’est un homme âgé qui avait quitté la politique, pourquoi ont-ils peur de lui ? »
Les autorités libanaises critiquées...
Sharafeddine a souligné qu’il a fallu des semaines pour savoir comment son père a disparu. Un habitant affirme avoir vu l’enlèvement, mais qu’il avait trop peur de le rapporter immédiatement. Une source diplomatique lui a également confirmé que son père a été emmené en Syrie. Elle met aussi en cause les forces de sécurité libanaises qui ont réagi lentement.
« Soit elles le savaient depuis le début et elles n’avaient pas envie de dire, soit elles faisaient face à une pression politique de le part du régime syrien. »
Un autre cas a été largement documenté : l’enlèvement de trois frères syriens de la famille Jassem. Les Jassem ont été enlevés et emmenés en Syrie dans un véhicule noir. L’un des frères avait distribué auparavant des tracts appelant à un rassemblement anti-Assad à Beyrouth. Halabi a de son côté souligné que l’un des frères Jassem était déjà mort sous la torture dans une prison syrienne.
Human Rights Watch n’a pas pu confirmer la mort, mais souligne que le Liban doit faire beaucoup plus pour prévenir et enquêter sur les enlèvements.
Des témoins ont déclaré de leur côté que des hommes armés, qui étaient à bord de trois voitures, ont tenté d’enlever la semaine dernière un ouvrier syrien dans la ville frontalière de Arsal, mais les résidents les avaient attaqués et avaient brûlé leurs véhicules.
L’homme a depuis disparu de Arsal. Les voisins indiquent qu’il est allé trouver refuge auprès de parents syriens.
Représailles à... Hamra
Beyrouth est aussi devenue une prison pour l’activiste syrien Omar Idlibi. Idlibi a souligné qu’il reçoit des menaces de mort via des proches. Il donnait des interviews télévisées, mais actuellement, il évite de plus en plus de quitter son appartement. Ce sont des amis qui lui achètent ses provisions. « Plus d’un essaient de devenir invisibles. Je suis l’un d’eux. Je tente autant que possible de ne pas être vu », a-t-il dit. « Je suis ici depuis cinq mois, mais je ne sais pas à quoi ressemble Beyrouth. Je me suis mis sous résidence surveillée », rit-il.
D’autres militants, plus ouverts, craignent de se promener dans le secteur de Hamra, notamment à la rue Makdessi où se trouvent l’ambassade de Syrie et le siège du PSNS. « Nous avons été filés et menacés de nouvelles représailles si nous entrons dans “leur zone”... » écrit un militant anonyme dans le blog al-Jaddiliya. « Hamra n’est pas un endroit sûr pour ceux qui sont consciencieux, progressistes et politiquement actifs », ajoute-t-il.
Mais, malgré tout, le Liban demeure un havre de sécurité important. Sa frontière nord utilisée pour la contrebande sert désormais au passage des personnes. Pour Idlibi, venir au Liban était le dernier recours. « Ma ville est proche de la frontière, et je ne l’aurais jamais fait si elle était proche de la Turquie. Il y aurait eu des dizaines de check-points et j’aurais été arrêté », a-t-il dit.
« Si j’avais le choix, je ne serais pas venu au Liban », souligne-t-il en conclusion.
« Vous avez toujours peur d’être à la portée du régime syrien », a déclaré à Reuters un militant, attablé dans un café de Beyrouth. « Être de l’autre côté de la frontière ne signifie pas grand-chose. »
Beaucoup d’activistes syriens ayant fui vers le Liban dénoncent une série d’enlèvements et de passages à tabac à leur encontre.
Depuis le début des manifestations, l’Institut libanais pour les droits de l’homme (LIDHR) souligne qu’il a documenté 13 enlèvements de militants syriens au Liban. « Nous recevons beaucoup de rapports, mais pour la plupart, nous n’avons pas suffisamment d’informations pour les documenter », a déclaré le président du groupe, Nabil Halabi. « Depuis le début des protestations jusqu’au 20 septembre, il y a eu autour de 20 enlèvements. »
Human Rights Watch a seulement pu documenter deux incidents. L’un est l’enlèvement, en mai dernier, de Chibli al-Aissami, 89 ans, l’un des fondateurs du Baas syrien avant de devenir un important dissident et de quitter Damas pour s’établir à l’étranger.Un témoin souligne que Aissami a été traîné dans un véhicule noir, alors qu’il se promenait à pied dans un quartier de Aley où habite sa fille.
« Au début nous n’avons même pas pensé que les services de renseignements syriens étaient derrière l’enlèvement, a déclaré la fille du dissident, Rajaa Sharafeddine. C’est un homme âgé qui avait quitté la politique, pourquoi ont-ils peur de lui ? »
Les autorités libanaises critiquées...
Sharafeddine a souligné qu’il a fallu des semaines pour savoir comment son père a disparu. Un habitant affirme avoir vu l’enlèvement, mais qu’il avait trop peur de le rapporter immédiatement. Une source diplomatique lui a également confirmé que son père a été emmené en Syrie. Elle met aussi en cause les forces de sécurité libanaises qui ont réagi lentement.
« Soit elles le savaient depuis le début et elles n’avaient pas envie de dire, soit elles faisaient face à une pression politique de le part du régime syrien. »
Un autre cas a été largement documenté : l’enlèvement de trois frères syriens de la famille Jassem. Les Jassem ont été enlevés et emmenés en Syrie dans un véhicule noir. L’un des frères avait distribué auparavant des tracts appelant à un rassemblement anti-Assad à Beyrouth. Halabi a de son côté souligné que l’un des frères Jassem était déjà mort sous la torture dans une prison syrienne.
Human Rights Watch n’a pas pu confirmer la mort, mais souligne que le Liban doit faire beaucoup plus pour prévenir et enquêter sur les enlèvements.
Des témoins ont déclaré de leur côté que des hommes armés, qui étaient à bord de trois voitures, ont tenté d’enlever la semaine dernière un ouvrier syrien dans la ville frontalière de Arsal, mais les résidents les avaient attaqués et avaient brûlé leurs véhicules.
L’homme a depuis disparu de Arsal. Les voisins indiquent qu’il est allé trouver refuge auprès de parents syriens.
Représailles à... Hamra
Beyrouth est aussi devenue une prison pour l’activiste syrien Omar Idlibi. Idlibi a souligné qu’il reçoit des menaces de mort via des proches. Il donnait des interviews télévisées, mais actuellement, il évite de plus en plus de quitter son appartement. Ce sont des amis qui lui achètent ses provisions. « Plus d’un essaient de devenir invisibles. Je suis l’un d’eux. Je tente autant que possible de ne pas être vu », a-t-il dit. « Je suis ici depuis cinq mois, mais je ne sais pas à quoi ressemble Beyrouth. Je me suis mis sous résidence surveillée », rit-il.
D’autres militants, plus ouverts, craignent de se promener dans le secteur de Hamra, notamment à la rue Makdessi où se trouvent l’ambassade de Syrie et le siège du PSNS. « Nous avons été filés et menacés de nouvelles représailles si nous entrons dans “leur zone”... » écrit un militant anonyme dans le blog al-Jaddiliya. « Hamra n’est pas un endroit sûr pour ceux qui sont consciencieux, progressistes et politiquement actifs », ajoute-t-il.
Mais, malgré tout, le Liban demeure un havre de sécurité important. Sa frontière nord utilisée pour la contrebande sert désormais au passage des personnes. Pour Idlibi, venir au Liban était le dernier recours. « Ma ville est proche de la frontière, et je ne l’aurais jamais fait si elle était proche de la Turquie. Il y aurait eu des dizaines de check-points et j’aurais été arrêté », a-t-il dit.
« Si j’avais le choix, je ne serais pas venu au Liban », souligne-t-il en conclusion.

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