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June 13, 2012

L'orient le jour - La libération de Sleiman Ahmad apaise le Akkar, mais renforce l’appel au déploiement de l’armée, June 13 2012


Les habitants du Akkar ont remis à l’armée les quatre alaouites qu’ils avaient pris en otages, en représailles au rapt de Sleiman Ahmad, sunnite de Ramé, enlevé samedi en territoire libanais et conduit en Syrie.
Mohammad Sleiman Ahmad, un Libanais sunnite enlevé samedi soir dans la région de Hissa à Wadi Khaled et reconduit en territoire syrien, a été libéré hier, comme l’avait promis la veille le secrétaire général du Conseil supérieur libano-syrien Nasri Khoury. C’est le secrétariat général de ce conseil qui a remis le Libanais kidnappé, originaire du village de Ramé (Akkar), à un militaire du bureau de coordination, au niveau du poste-frontière Masnaa, à 14h. Selon un communiqué de l’armée, « le citoyen Sleiman Ahmad a été remis en liberté puis reçu en territoire libanais par les services de renseignements de l’armée à Masnaa, au bureau de coordination entre les deux armées syrienne et libanaise ». Sleiman Ahmad devait ensuite être interrogé à Tripoli par les services de renseignements de l’armée, avant de se rendre à son village, dans une ambiance de liesse générale, marquée par des tirs dans l’air, au milieu d’une présence sécuritaire assez marquée. Une joie proportionnelle en somme aux efforts déployés par les habitants de Wadi Khaled pour le récupérer. Le mécontentement qu’avait suscité son enlèvement les avait amenés à kidnapper eux-mêmes un Libanais alaouite de Aïn el-Zeit, Hekmat Youssef Khalil, et deux autres de la famille Chemali, habitants de Jabal Mohsen, ainsi que deux Syriens alaouites originaires du village de Mazraa. 

Des traces de torture
Alors que Hekmat Youssef Khalil avait été relâché lundi dans un geste de bonne foi après l’annonce de la libération par les autorités syriennes de Sleiman Ahmad, les habitants de Wadi Khaled ont promis hier de remettre les quatre otages restant aux services de renseignements de l’armée sitôt que Sleiman Ahmad rentrerait au village. Une promesse qu’ils ont tenue, en insistant sur « le modèle de coexistence que représente le Akkar ». Le calme a été donc rétabli à Wadi Khaled, comme le prouve la réouverture de la route internationale menant aux frontières syriennes, qui avait été bloquée au moyen de pneus enflammés après l’enlèvement de Sleiman Ahmad. Ce dernier est toutefois apparu avec des traces de torture visibles sur la face et les membres. Il a déclaré aux chaînes MTV et LBC avoir été torturé lors des interrogatoires qu’il a subis ces deux derniers jours en Syrie.
 

Ali : Les accords bilatéraux, seule solution 
L’ambassadeur de Syrie Ali Abdel Karim Ali s’est exprimé sur cet incident, à l’occasion de la visite qu’il a rendue à l’ancien Premier ministre Sélim Hoss. « Les Libanais qui se rendent en Syrie pour participer aux opérations criminelles contre le peuple syrien nuisent tant aux Libanais qu’aux Syriens. (...) C’est pourquoi nous œuvrons à appeler les choses par leur nom et à résoudre les problèmes en profondeur (...) » Il a appelé dans ce cadre à « l’application des accords bilatéraux, seul moyen d’éviter les problèmes ». Alors que le ministre de l’Économie Nicolas Nahas a insisté sur le fait que « la politique de distanciation n’est pas un choix, mais la seule voie qui s’offre à nous », le député Samy Gemayel a adressé une question au gouvernement sur les raisons pour lesquelles l’armée n’a toujours pas répondu aux empiètements syriens aux frontières, demandant pourquoi l’État n’a ni porté plainte devant le Conseil de sécurité pour ces violations ni convoqué l’ambassadeur de Syrie. C’est dans ce contexte que s’inscrit d’ailleurs le communiqué du bloc du Futur, qui a tenu sa réunion hebdomadaire hier dans la maison du député Khaled Daher au Akkar. Dénonçant « les attaques continues du régime syrien contre le Liban (...) dont la dernière en date est l’enlèvement de Sleiman Ahmad aux mains d’un gang au service du régime syrien », le bloc du Futur a réitéré son appel « au déploiement de l’armée aux frontières pour défendre la souveraineté du pays et protéger les citoyens ».
 

Troubles dans la Békaa 
Dans la Békaa entre-temps, les frontières sont constamment troublées par les violents affrontements qui se déroulent en territoire syrien. La région de Kaa a ainsi été touchée hier par plusieurs obus de mortiers, en provenance de la région syrienne de Nazariya. La dépouille mortelle du dénommé Youssef Ailaoui, tué dans ces accrochages, a été transportée hier vers le Liban, à bord d’une voiture portant une plaque d’immatriculation de Hama, qui a également essuyé des tirs aux frontières, selon la chaîne MTV. Par ailleurs, les forces syriennes ont dressé une embuscade sur le carrefour de Jousi, tuant trois personnes et blessant sept autres, lesquelles ont été transportées à l’hôpital gouvernemental de Hermel. L’incertitude se répercute en outre sur le moral des ressortissants syriens au Liban. Ainsi, un ouvrier syrien, né en 1989, habitant le village de Rmeich (Liban-Sud) s’est mutilé avec des morceaux de verre, afin d’apaiser l’angoisse qui le ronge depuis qu’il a perdu toute nouvelle de sa famille, restée à Homs, selon le site Now Lebanon.

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