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May 21, 2011

L'orient Le Jour - Énième mutinerie, rapidement circonscrite, à Roumieh : 12 blessés - May 21, 2011

PRISONS De nouveaux incidents ont éclaté hier à Roumieh, où la situation sécuritaire semble toujours précaire, notamment dans le bâtiment D, l'un des plus rebelles de ce milieu carcéral.


Les problèmes avaient commencé la veille, lorsqu'un prisonnier qui subissait un examen médical a brandi un couteau qu'il a placé au cou du médecin traitant pour le contraindre à le transporter à l'hôpital. Une fois libéré, le médecin a présenté sa démission, suivi de trois autres. Huit autres médecins ont également menacé de suspendre leur mission à Roumieh si la situation persiste telle quelle, a précisé le commandant de la gendarmerie par intérim, le général Salah Gebran.
À la suite de cet incident, les Forces de sécurité intérieure ont ordonné une perquisition dans les bâtiments à la recherche d'outils pointus ou acérés pouvant être utilisés dans des actes subversifs, une opération qui aurait dû avoir lieu suite à la dernière mutinerie, mais qui avait été reportée par les forces de l'ordre pour réduire la tension. « La fouille, qui devait commencer hier à l'aube, a provoqué une mutinerie dans le bâtiment D, où les forces de l'ordre ont été attaquées par les détenus », selon le témoignage du général Gebran qui a précisé que la perquisition s'est déroulée sans heurts dans les autres bâtiments. Le responsable a cependant assuré que les forces de l'ordre, secondées par les forces spéciales dépêchées sur les lieux, « ont réussi à contrôler la situation », précisant que l'opération d'inspection s'est poursuivie normalement. Le général Gebran a tenu à rappeler que la décision de perquisitionner les lieux avait été prise à l'avance, rappelant qu'il s'agit d'une opération qui a lieu périodiquement.
« L'intervention des forces spéciales a eu lieu lorsque certains prisonniers ont refusé d'obtempérer », a-t-il précisé. Le général Gebran a assuré en outre que « la situation est actuellement calme » dans la prison, soulignant que les prisonniers qui cherchent à semer la terreur sur les lieux, et qui ne dépassent pas les 10 % de l'ensemble de la population carcérale, ne réussiront pas. « Cette minorité n'aura plus beaucoup d'impact dorénavant », a-t-il dit, soulignant que les forces de l'ordre ont tout fait pour aider les détenus.
Dans un communiqué, la direction des FSI a rapporté l'incident relatif à la menace brandie par l'un des détenus contre le médecin traitant pour se faire transférer dans un hôpital, « sachant que son état ne requiert pas une hospitalisation », souligne le texte qui relève également les démissions de plusieurs médecins suite à l'incident. Le texte fait également état de troubles qui ont éclaté suite à la décision de perquisitionner « notamment les bâtiments D et B où se trouvent les éléments perturbateurs, en vue de saisir tous les matériaux ou substances interdits », précisant que les forces spéciales ont réussi à prendre le contrôle du bâtiment.
Quelques heures plus tard, les FSI ont publié un autre communiqué qui précise que les heurts qui ont eu lieu dans la prison ont fait huit blessés parmi les FSI, dont un officier, et quatre blessés parmi les détenus, qui ont été soignés sur place. Le communiqué a en outre indiqué que grâce à l'opération de perquisition, « des centaines de couteaux de diverses tailles ont été trouvés ainsi que des outils fabriqués manuellement, en plus de cent téléphones portables avec leur équipement, quatre perceuses électriques et un grand nombre de pièces métalliques et matériaux utilisés pour défoncer les portes et servant à affronter les forces de l'ordre ». Une quantité de drogue et de pilules interdites, des lames de rasoir, des ciseaux, ainsi que des cordes manuellement fabriquées ont également été saisis. Le communiqué a annoncé par ailleurs le transfert d'un certain nombre de détenus considérés comme les plus dangereux, alors que d'autres prisonniers ont été transférés dans des cellules spéciales.
Comme à l'accoutumée, les proches des détenus ont pris le relais en coupant la route de l'aéroport à l'aide de pneus et de remblais pour protester contre l'opération de perquisition au sein de la prison, a indiqué le site nowlebanon. Selon l'agence al-Markaziya, les parents des détenus « protestaient contre le transfert de certains prisonniers dans d'autres lieux de détention ».
Parallèlement aux troubles qui agitaient le milieu carcéral de Roumieh, l'association Justice et miséricorde a organisé hier soir un sit-in de solidarité avec les détenus devant le siège de l'ONG qui se trouve face à l'entrée de Roumieh. Les membres de l'ONG, qui ont été rejoints par des membres de la société civile, ont observé le silence au cours de cette manifestation en allumant des bougies. Dans un communiqué, les protestataires ont insisté sur l'importance du caractère pacifique et non violent de toute manifestation que les détenus comptent entreprendre, soulignant la nécessité de respecter l'opinion et la volonté de chaque prisonnier, notamment pour ce qui est de son choix de prendre part ou non à la grève de la faim. Le communiqué rappelle que le droit des prisonniers de s'exprimer est légitime. L'association, qui a salué les efforts entrepris à ce jour pour améliorer les conditions de détention et accélérer la procédure judiciaire, a appelé les autorités concernées à déployer de plus amples efforts dans cette direction, les exhortant à tenir ce dossier à caractère purement humanitaire à l'écart des considérations politiques étroites. L'association a par ailleurs salué la décision « responsable » des prisonniers qui ont renoncé à la poursuite de la grève de la faim afin de permettre la recherche de solutions à leurs revendications par des « voies plus efficaces ». L'ONG a appelé également les détenus à suspendre leurs mouvements de protestation pendant un laps de temps pour permettre l'évaluation des mesures qui ont déjà été prises par les autorités libanaises.
Dans une entrevue, l'aumônier des prisons, le père Marwan Ghanem, a exprimé ses craintes de voir les troubles reprendre à Roumieh, précisant que l'une des raisons de la mutinerie d'hier est due à la décision prise par les forces de l'ordre « de transférer certains détenus vers d'autres bâtiments ». Le père Ghanem a qualifié la réaction des prisonniers de « naturelle, vu que l'État n'a pas encore réagi à leurs demandes, à l'exception du ministre sortant de l'Intérieur, Ziyad Baroud, qui a assumé sa part de responsabilité », a-t-il dit. 

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