The Lebanese Center for Human Rights (CLDH) is a local non-profit, non-partisan Lebanese human rights organization in Beirut that was established by the Franco-Lebanese Movement SOLIDA (Support for Lebanese Detained Arbitrarily) in 2006. SOLIDA has been active since 1996 in the struggle against arbitrary detention, enforced disappearance and the impunity of those perpetrating gross human violations.

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September 5, 2017

L'orient le jour - Quelle alternative au système du garant au Liban ?, September 05, 2017

Anne-Marie El-Hage

Chandra*, une employée de maison sri-lankaise, venue au Liban pour améliorer les conditions de vie des siens, a été expulsée il y a quelques mois, après un an passé au service d'une famille libanaise. Privée de nourriture par ses employeurs chez qui elle logeait, elle a refusé de renouveler son contrat pour une année de plus, comme prévu. « Mes patrons me disaient d'acheter à manger avec mon salaire. Ils me donnaient juste du pain et de l'eau. À la fin du mois, il ne me restait plus rien à envoyer à ma famille », confie-t-elle. Cette mère de famille aurait voulu rester au pays du Cèdre et changer d'employeur, car sa famille est dans le besoin. La jeune femme doit de plus rembourser la dette qu'elle a contractée au Sri Lanka auprès d'un agent de recrutement. Mais elle s'est vu opposer un refus catégorique de son patron et garant qui a gardé son passeport sous clé, refusant de la libérer au bénéfice d'un autre garant. Il a même exigé qu'elle aille au terme de son année de service, afin d'amortir les frais de recrutement, de permis de travail et de séjour. Reconduite alors à l'aéroport où son permis de séjour a été annulé, la jeune femme n'a eu d'autre choix que de rentrer chez elle, sans le moindre sou, pour se retrouver au chômage.
Chandra est une des nombreuses victimes du système du garant (sponsor, ou kafil), victime de travail forcé, de salaire amputé, de privation de nourriture, de chantage aussi. Elle est aussi victime de l'absence de législation pour la protéger en cas d'abus de la part de ses employeurs, à l'instar de la main-d'œuvre domestique.

Maîtres de leur propre destin
Deux expertes de l'Organisation internationale du travail (OIT) à Beyrouth, Sophia Kagan, conseillère technique en chef, et Zeina Mezher, coordinatrice nationale du programme Travailler en liberté, se penchent pour L'Orient-Le Jour sur une alternative au système du garant au Liban, afin de réduire la vulnérabilité et le trafic humain.
Idéalement, les employées de maison doivent être « couvertes par le code du travail ou par une loi qui reconnaît et protège leur statut de travailleuses », assurent les expertes. Leur embauche devrait se dérouler « sur base d'une offre de travail claire », comportant le salaire, les droits et les devoirs, le congé hebdomadaire... Elles devraient être « maîtres de leur propre destin », autrement dit « être libres de choisir leur lieu de résidence (chez leur employeur ou non), de changer de travail comme n'importe quel employé et d'effectuer elles-mêmes leurs formalités de séjour auprès des autorités ». Il est donc nécessaire « qu'une alternative soit trouvée au modèle de résidence chez l'employeur », d'autant qu'« aucun texte de loi n'impose à l'employée de maison étrangère de résider au domicile de son employeur ». Quant au « paiement du salaire, il devrait être soumis à un mécanisme de protection, compte tenu que 40 % des employeurs admettent ne pas payer à temps leur employée de maison », notent-elles. De plus, et afin de protéger les employeurs en cas de départ volontaire ou de fuite de leur travailleuse migrante, « une assurance de contrat pourrait être introduite, accordant une compensation à l'employeur lésé ».

(Lire aussi : Comment je suis devenue « bonne »...)

Réticence d'employeurs
« Abolir le système du garant ? Jamais ! Il faudrait au contraire le préserver, mais l'accommoder pour le rendre compatible avec le respect des droits des travailleuses domestiques », soutient de son côté un employeur, qui requiert l'anonymat. « Compte tenu que ces femmes sont très pauvres et souvent ignorantes, elles n'ont pas les moyens financiers de vivre seules et risquent d'être entraînées dans des réseaux de prostitution », s'inquiète-t-il. Même refus de la part d'une employeuse : « Les nouvelles technologies aidant, une bonne partie des employées de maison savent ce qui les attend avant d'arriver au Liban. Certaines ont même discuté au préalable de leurs conditions d'embauche avec leur employeur. Elles savent qu'elles logeront sur leur lieu de travail et l'acceptent, car elles n'ont pas les moyens d'assumer un loyer », soutient-elle. Cette employeuse reconnaît toutefois que « la maltraitance est un problème » auquel il faut impérativement trouver une solution.
Le Liban n'est pas signataire de la convention 189 de l'OIT sur les travailleuses et travailleurs domestiques datant de 2011. Son code du travail exclut le travail domestique. Le pays a toutefois ratifié les deux conventions fondamentales contraignantes de l'organisation onusienne sur le travail forcé. Il est donc dans l'obligation de mettre un terme au travail forcé sur son sol. « Conscientes de la nécessité de changer les choses », les autorités promettent régulièrement de se pencher sur le dossier. Mais il est à parier que le système du garant ne sera pas aboli de sitôt, cette pratique ayant été implantée il y a plusieurs décennies par la Sûreté générale dans une volonté de contrôler la main-d'œuvre étrangère.
« Un projet concernant le processus de recrutement devrait en revanche voir le jour », révèlent les expertes. Fruit d'une collaboration entre les autorités libanaises et l'OIT, ce « système d'évaluation des agences, par e-gouvernance, serait basé sur le respect des droits des employées de maison migrantes ». Le cas échéant, ce serait un pas de taille vers un processus de recrutement plus transparent, qui pousserait employeurs et employées à devenir actifs à ce niveau. Car on ne peut espérer de changement pour les droits de la main-d'œuvre domestique au Liban que pas à pas.

Source & Link: L'orient le jour

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