The Lebanese Center for Human Rights (CLDH) is a local non-profit, non-partisan Lebanese human rights organization in Beirut that was established by the Franco-Lebanese Movement SOLIDA (Support for Lebanese Detained Arbitrarily) in 2006. SOLIDA has been active since 1996 in the struggle against arbitrary detention, enforced disappearance and the impunity of those perpetrating gross human violations.

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January 28, 2016

L'orient le jour - L'emergence d'ume mouvelle entreprise relancera-t-elle le debat en conseil des ministres, January 28, 2016



Cela est sur toutes les lèvres depuis quelque temps : le processus du choix des sociétés chargées de l'exportation des déchets ménagers est entaché de nombreuses irrégularités, notamment en raison de l'absence d'appels d'offres et de la non-publication de critères précis et de cahier des charges. Mais, dans ce cadre, une surprise de taille a subitement émergé au cours des dernières vingt-quatre heures et a bouleversé la donne, deux jours avant l'expiration du délai de présentation des documents requis par la seule compagnie qui reste en lice, Chinook. En effet, une nouvelle entreprise, NewBoxer, a indiqué aux médias qu'elle a présenté une offre tardive pour exporter les déchets du Liban à quarante dollars moins cher, par tonne, que le prix présenté par Chinook. En d'autres termes, alors que l'offre de Chinook compte la tonne à 193 dollars (chiffres officiels), dont il faut compter 123 dollars pour le transport par la compagnie (le reste étant des frais de préparation avant l'embarquement), la nouvelle société propose de facturer le transport à 85 dollars, soit près de 40 dollars en moins.




L'émoi a aussitôt gagné une opinion publique déjà consternée par le coût élevé de l'exportation des déchets et les dessous d'un processus qui s'est avéré particulièrement opaque de bout en bout. De nombreux observateurs se demandent pourquoi cet accord a été conclu avec une seule société alors qu'il semble, sur base de la nouvelle offre, qu'un prix plus favorable aurait pu être négocié. D'un autre côté, qu'indique le timing de l'apparition de cette société, à deux jours de l'expiration du délai accordé à Chinook pour présenter les documents nécessaires au Conseil du développement et de la reconstruction (CDR), entre autres les preuves de l'approbation du pays destinataire ?




Un rapide coup d'œil sur la page Internet de NewBoxer montre que cette compagnie, fondée en 1987, a plusieurs domaines d'intervention, notamment l'industrie du vêtement, le secteur bancaire, l'assurance, le développement immobilier, le secteur hôtelier ou encore l'exploitation agricole. Aucune mention de déchets ménagers, donc, sachant que la compagnie Chinook aussi ne fait pas mention d'une quelconque expérience dans le transport des déchets, mais seulement d'une expertise dans la gazification (sorte d'incinération).

Aux médias, Marwan Jaber, président de NewBoxer, a précisé que c'est l'expérience de sa compagnie dans le transport qui l'a poussé à faire cette offre, ce qui rend secondaire une expérience dans la gestion des déchets en tant que telle. Il a justifié le retard à présenter son dossier par l'absence d'appels d'offres et la rapidité avec laquelle le gouvernement a expédié cette affaire. Quant au prix par tonne, il a affirmé qu'il avait été bien calculé et qu'il correspond aux capacités d'investissement de la compagnie, assurant même qu'un certain pourcentage serait reversé à des ministères et d'autres institutions.

Pour sa part, le ministre des Finances Ali Hassan Khalil a déclaré à notre confrère al-Akhbar que, « abstraction faite du sérieux de cette nouvelle offre, il est possible que ce dossier soit rouvert, étant donné les sommes considérables que va coûter à l'État l'exportation des déchets ». Il a souligné dans ce cadre que « cette question pourrait être soulevée en Conseil des ministres ». Il s'est dit favorable à un retour à une solution interne, fondée sur la création de décharges et de centres de tri.




De son côté, le ministre Akram Chehayeb (en charge du dossier des déchets) a précisé à L'Orient-Le Jour qu'il ne connaît pas cette société et ne sait pas pourquoi elle a fait son apparition à ce moment précis. « Je me suis enquis de ses activités, elle n'a rien à voir avec la gestion ou le transport des déchets », a souligné M. Chehayeb qui a refusé de commenter l'émergence tardive de cette entreprise ou encore la différence de prix, précisant qu'il faut « poser la question à ceux qui ont des intérêts dans cette affaire ». M. Chehayeb affirme que rien ne devrait entraver le cours de l'accord avec la compagnie britannique Chinook qui devrait présenter au CDR, d'ici à demain vendredi, des preuves de l'approbation d'un pays « sous peine de perdre sa garantie de 2,5 millions de dollars, placée dans des banques libanaises, sachant que c'est à l'État libanais de payer cette somme, s'il n'honore pas son engagement envers cette compagnie, au cas où elle réussit à produire les documents nécessaires ».

Le dossier des déchets sera-t-il soulevé en Conseil des ministres aujourd'hui ? « S'il va l'être, il le sera hors de l'ordre du jour, répond M. Chehayeb. Et je répéterai alors ce que j'ai toujours dit : je suis résolument contre l'exportation. Nous y avons eu recours en l'absence de toute autre solution. Si quelqu'un peut proposer autre chose, qu'il le fasse. »




Ce coup de théâtre est-il de nature à remettre en cause le contrat avec une société unique ? Ou alors pourrait-il, comme le pensent certains, compromettre le processus d'exportation en faveur d'un retour à une solution interne? Quoi qu'il en soit, comme le notent certains observateurs, face à des négociations sur l'exportation, particulièrement obscures, l'apparition tardive et soudaine de cette entreprise pourrait être un indicateur d'un combat de coqs entre des factions politiques rivales qui se disputeraient la lucrative perspective de la gestion des déchets.

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