L'émotion était à son paroxysme hier, au jardin Gebran Khalil Gebran, place Riad el-Solh, où des militants pour les droits de l'homme, le comité des parents des détenus libanais en Syrie, le comité des parents disparus libanais et Solide (Soutien aux Libanais en exil) rendaient le dernier adieu à Odette Adib Salem, renversée samedi par un chauffard qui passait en trombe près de l'Escwa.
Odette, que d'aucuns surnommaient « Oum Ghazi » ou la maman de Ghazi (en référence à Ghazi Aad, porte-parole de Solide) ou encore « la gardienne de la tente », était le moteur du sit-in permanent qu'observent les parents des détenus libanais en Syrie depuis le 11 avril 2005. Mère de deux enfants, Richard et Marie-Christine Albert Salem, enlevés durant la guerre libanaise de 1975, elle n'a pas quitté un seul jour la tente dressée au jardin, militant pour ce dossier relégué dans l'oubli par des partis politiques qui se sont pourtant engagés à dévoiler le sort inconnu de centaines de détenus en Syrie ou encore largement employé dans la surenchère politique.
Attentionnée, elle s'occupait de tous les visiteurs du sit-in, leur offrant café et boissons. Le sourire ne quittait pas ses lèvres, malgré la tristesse qu'on pouvait lire dans ses yeux, mêlée à l'espoir fou de retrouver un jour ses enfants, dont elle a gardé la chambre intacte vingt-cinq années durant.
Un dernier hommage lui a été rendu hier au siège du sit-in en présence notamment du député Ghassan Moukheiber et de MM. Massoud Achkar et Fouad Abou Nader. Les funérailles se sont déroulées en l'église Notre-Dame du Fleuve des grecs-catholiques à Bourj Hammoud.
Les condoléances seront reçues toute cette semaine au jardin Gebran Khalil Gebran, de 10h à 20h.
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