The Lebanese Center for Human Rights (CLDH) is a local non-profit, non-partisan Lebanese human rights organization in Beirut that was established by the Franco-Lebanese Movement SOLIDA (Support for Lebanese Detained Arbitrarily) in 2006. SOLIDA has been active since 1996 in the struggle against arbitrary detention, enforced disappearance and the impunity of those perpetrating gross human violations.

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August 11, 2010

August 11, 2010 - L'Orient le jour - Après la prestation de Nasrallah, Paris et le TSL remettent les pendules à l’heure

La situation
C'est en définitive un Hassan Nasrallah peu convaincant et pratiquement sur la défensive qui est apparu lundi soir sur les écrans des chaînes locales dans le cadre de la campagne tous azimuts lancée depuis quelque temps par le Hezbollah dans le but évident de discréditer le Tribunal spécial pour le Liban (TSL), à la veille de la publication de l'acte d'accusation dans l'affaire de l'assassinat de Rafic Hariri. Se basant sur des informations de presse selon lesquelles le TSL accusera certains cadres du Hezbollah d'être impliqués dans l'assassinat de l'ancien Premier ministre et ses compagnons, et partant du principe que la meilleure défense c'est l'attaque, le parti chiite est monté aux créneaux, après une série de concertations avec ses alliés du 8 Mars, afin de prendre les devants et semer le doute sur l'action du TSL et ses conclusions présumées. Après avoir, dans une première étape, tenté de coller une étiquette israélienne au tribunal international, Hassan Nasrallah est monté d'un cran, lundi soir, dans sa campagne en présentant des images et des documents filmés censés favoriser la piste israélienne dans l'attentat terroriste du 14 février 2005.
Au cours des dernières vingt-quatre heures, le débat et les commentaires politiques, aussi bien au plan local qu'à l'étranger (dans les milieux concernés par le dossier), ont été axés sur cette nouvelle phase dans la contre-offensive et dans la stratégie de défense du Hezbollah. D'emblée, la porte-parole du TSL à La Haye a rappelé, en réponse aux questions de la MTV, hier soir, que toute personne ou faction qui posséderait des informations ou des indices sur l'assassinat de Rafic Hariri devrait les soumettre directement au TSL. Et comme pour couper court à toute manœuvre sur ce plan, la porte-parole du TSL a souligné, toujours à titre de rappel, que conformément à un accord conclu avec les autorités libanaises concernées, la justice libanaise s'est totalement dessaisie du dossier de l'assassinat de l'ancien Premier ministre qui ne relève donc que de la seule autorité du TSL, conformément à la résolution 1757 du Conseil de sécurité. Par voie de conséquence, seul le TSL est habilité à se prononcer sur la validité ou la crédibilité de tout nouvel élément d'information susceptible d'apparaître dans ce dossier.


Paris, à son tour, s'est également employé à mettre les pendules à l'heure à cet égard en rappelant, d'abord, son appui constant à la justice internationale, et en soulignant que « seul le Tribunal spécial pour le Liban, mis en place sur la base de la résolution 1757 du Conseil de sécurité, a vocation à juger les auteurs, commanditaires, organisateurs et complices de l'attentat commis contre Rafic Hariri ». La porte-parole du Quai d'Orsay a ajouté sur ce plan : « Nous soutenons pleinement l'action du Tribunal spécial pour le Liban et sommes attachés à ce qu'il continue de travailler en toute indépendance et dans la sérénité. »

« C'est du cinéma »
Parallèlement à la prise de position de Paris et du TSL, les ténors et les principaux pôles du 14 Mars se sont employés au cours des dernières vingt-quatre heures à fustiger et tourner en dérision, pratiquement, la dernière conférence de presse de Nasrallah, non pas pour prendre la défense d'Israël - « tout le monde souhaite que ce soit Israël qui ait assassiné Rafic Hariri », a précisé le député Nabil de Freige - mais dans le but bien précis de neutraliser la campagne du Hezbollah visant à discréditer le TSL.
Lors de sa prestation de lundi soir, Hassan Nasrallah a reconnu que dans une certaine mesure, il mène une « guerre d'opinion publique » contre le tribunal international. C'est précisément dans cette optique que les milieux du 14 Mars s'emploient à leur tour à discréditer la campagne de Nasrallah afin de bétonner l'autorité, le prestige et la crédibilité du TSL, dans la perspective de l'acte d'accusation, attendu avant la fin de l'année. Un responsable du Courant du Futur, qui a requis l'anonymat, a ainsi souligné, dans un commentaire à l'AFP, que la dernière conférence de presse du chef du Hezbollah était « du cinéma ». Une évaluation qui revient dans plusieurs déclarations de ténors du 14 Mars, le député Mohammad Kabbara allant même jusqu'à relever que le point de presse de Nasrallah a été « l'œuvre d'une équipe de production et de réalisation qui lui a monté le dernier épisode de la série d'apparitions télévisées ».
Le coordinateur du secrétariat général du 14 Mars, l'ancien député Farès Souhaid, a lui aussi affirmé, sous un autre angle, que la conférence de presse de lundi soir a été l'œuvre d'une « équipe administrative au sein du parti » qui a entraîné Nasrallah dans une prestation qui s'est retournée contre lui et son parti. « Le secrétaire général du Hezbollah a brisé son prestige » du fait de son intervention, a affirmé M. Souhaid.
En tout état de cause, et comme l'a souligné le bloc parlementaire du Courant du Futur à l'issue d'une réunion tenue sous la présidence de Fouad Siniora, le 14 Mars insiste sur le fait qu'il revient au seul tribunal international de se prononcer sur la crédibilité et le sérieux des « indices » présentés par Nasrallah.
Cette dernière option a toutefois été rejetée d'entrée de jeu par le chef du Hezbollah qui a écarté une telle éventualité, affirmant, pour défendre sa position à ce sujet, qu'il n'a pas confiance dans le tribunal international. Ce qui a poussé le député Mohammad Kabbara à se demander en quelle instance le chef du Hezbollah a-t-il confiance ?
Cette position en flèche, concernant le TSL, adoptée lundi soir par Nasrallah place le 8 Mars dans une position inconfortable. Il ressort en effet des prises de position enregistrées hier que les pôles du 8 Mars, ou du moins certains d'entre eux, souhaitent que le Conseil des ministres prenne en considération les « indices » présentés par Nasrallah et qu'il les transmette au tribunal international. C'est ce qu'a souligné, notamment, le Forum d'action nationale de Sélim Hoss, qui a affirmé que « le TSL est contraint de revoir son enquête » à la lumière des indications fournies par le Hezbollah. Or comment pourrait-il le faire puisque Nasrallah a qualifié le TSL d'instance israélienne qui exécute un complot israélien dirigé contre le Hezbollah ? L'objectif serait-il donc de saboter purement et simplement le tribunal ? C'est ce qui pourrait transparaître des propos tenus par certains pôles du 8 Mars, dont notamment le général Michel Aoun qui a souligné hier, à l'issue d'une réunion de son bloc parlementaire, que l'exposé du leader du Hezbollah « mérite de constituer le point de départ d'une enquête qui peut déboucher sur des résultats probants ». S'agit-il d'une « nouvelle enquête », et le cas échéant, par quelle instance pourrait-elle être menée ?
Reste à relever une autre contradiction dans les prises de position du 8 Mars. Le secrétaire général adjoint du Hezbollah, cheikh Naïm Kassem, s'est interrogé hier sur le fait de savoir si le TSL allait prendre l'initiative de « convoquer le gouvernement israélien et le Mossad » après les indices fournis par Hassan Nasrallah. Si les accusations lancées ces derniers jours par le chef du Hezbollah sont fondées, cela reviendrait à demander à une instance manipulée par les Israéliens de s'en prendre aux responsables israéliens ! Une incohérence à ajouter aux autres incohérences perceptibles à plus d'un niveau depuis le lancement de la campagne anti-TSL orchestrée par le Hezbollah...



M.T.

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