The Lebanese Center for Human Rights (CLDH) is a local non-profit, non-partisan Lebanese human rights organization in Beirut that was established by the Franco-Lebanese Movement SOLIDA (Support for Lebanese Detained Arbitrarily) in 2006. SOLIDA has been active since 1996 in the struggle against arbitrary detention, enforced disappearance and the impunity of those perpetrating gross human violations.

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September 1, 2016

L'orient le jour- Crise des déchets : Malgré l’optimisme affiché par Kanaan, les partis restent intransigeants, September 1 , 2016

LIBAN
La réunion de la commission parlementaire des Finances a été intempestive, mais pas inutile, selon son président, qui promet une sortie de crise dans les heures qui viennent. Ce n'est pas l'avis des partis, selon les témoignages recueillis par « L'Orient-Le Jour ». Entre-temps, les déchets restent dans les rues...
Le moins que l'on puisse dire, c'est que les sons de cloche qui sont parvenus de la réunion de la commission parlementaire des Finances, tenue hier sous la présidence du député Ibrahim Kanaan, sont restés confus. Si M. Kanaan a paru confiant dans le déblocage de la crise « dans les prochaines heures », d'autres, comme le Tachnag, un acteur essentiel dans toute éventuelle sortie de crise à Bourj Hammoud, étaient excessivement mécontents du déroulement des négociations, au point de faire des déclarations intempestives et intransigeantes.
Les Kataëb aussi ne comptent pas faire machine arrière sans des garanties plus substantielles, selon les informations de L'OLJ. Une avancée cependant : l'annonce de la création d'un comité de suivi, pour s'assurer de l'amélioration du plan, et d'un accord autour d'un plan durable fondé sur la décentralisation.
La réunion a duré cinq heures et rassemblé les membres de la commission, les acteurs du blocage, notamment les partis Tachnag et Kataëb, ainsi que le ministre de l'Agriculture, Akram Chehayeb, en charge du dossier, le président du Conseil du développement et de la reconstruction (CDR), Nabil Jisr, et les fédérations de municipalités du Metn et du Kesrouan, invitées à participer à la solution.
La réunion était destinée à résoudre la nouvelle crise née de la fermeture, par la municipalité de Bourj Hammoud, de la route de l'aire de stockage temporaire à Bourj Hammoud. Cette mesure faisait elle-même écho à la fermeture, par les manifestants des Kataëb et de la société civile, du chantier de la nouvelle décharge, qu'ils rejettent pour son potentiel de pollution de la mer.
Cette décharge, qui a une suite à Jdeidé, est l'une de deux dont la construction a été décidée dans le cadre du plan gouvernemental de gestion des déchets, adopté en mars dernier – la seconde étant située à Costa Brava (littoral de Choueifate). Des aires de stockage temporaire ont été aménagées près des décharges dont la construction a été entamée récemment par des sociétés privées. Les manifestants Kataëb et écologistes protestent contre le fait que les déchets qu'il est prévu d'enfouir dans les cellules des décharges ne sont triés au préalable qu'à hauteur de 10 % à peine, ce qui menace de transformer le littoral en poubelle.
Au cours de son point de presse à l'issue de la réunion, Ibrahim Kanaan a demandé à tous les acteurs de faire des concessions, rappelant que le débat se situe au niveau de « ce qui est mauvais (le plan gouvernemental) et ce qui est pire (les déchets dans les rues) ». « Nous nous sommes entendus sur la nécessité de lever les ordures des rues, a-t-il ajouté. Nous avons aussi décidé d'une période transitoire d'un an, qui permettrait aux municipalités de se préparer à réaliser les étapes de la décentralisation, étant donné qu'elles se disent incapables de le faire immédiatement. »
Outre la création de ce comité de suivi en vue d'une solution durable, le député n'a pas nié les difficultés liées à l'étape plus immédiate. « Les appréhensions des uns et des autres ont été exprimées, a assuré M. Kanaan, qui a appelé les parties à mettre de l'eau dans leur vin. Les divergences de points de vue ont porté sur des points tels que les délais et les mesures environnementales à prendre. Le Tachnag insiste sur l'application du plan gouvernemental tel quel, alors que d'autres participants veulent améliorer ce plan. Il n'y a eu ni prise de décision ni divorce, mais des idées lancées au débat. »


Le Tachnag : Une simultanéité avec Jdeidé
La réunion de la commission des Finances ne se sera pas déroulée sans heurts : à mi-chemin, un Hagop Pakradounian (député et secrétaire général du Tachnag) déchaîné a claqué la porte, estimant que « Bourj Hammoud ne recevra plus aucun déchet » et appelant « les partis et les blocs parlementaires à assumer la gestion de leurs ordures ».
Mais que s'est-il réellement passé ? Sur le détail du conflit qui a éclaté dans la réunion, Avedis Guidanian, vice-secrétaire général du parti Tachnag, lui-même présent à la réunion, explique à L'OLJ que les tensions se sont exacerbées lorsque M. Pakradounian a demandé aux responsables de clarifier « un point unique et essentiel, à savoir s'il est vrai que le plan gouvernemental va en définitive reposer seulement sur la décharge de Bourj Hammoud ». N'ayant pas reçu une réponse satisfaisante à cette question, le point culminant de la dispute est venu suite à une autre précision.
« Le député Ghassan Moukheiber était en train d'expliquer la teneur de son plan pour une meilleure surveillance de l'application du plan, poursuit M. Guidanian. Et c'est là qu'a été suggéré le fait d'utiliser la décharge de Bourj Hammoud en priorité, puis, à sa saturation, d'entamer l'enfouissement dans celle de Jdeidé. C'est là qu'a éclaté la colère du secrétaire général du parti, qui a insisté pour que le plan gouvernemental soit appliqué tel quel, c'est-à-dire simultanément à Costa Brava, Bourj Hammoud et Jdeidé. D'où le fait qu'il a déclaré aux médias, à l'extérieur, qu'il n'y aura plus ni décharge ni stockage à Bourj Hammoud. »
M. Kanaan a parlé de pourparlers en cours et de concessions nécessaires à faire de toutes parts. Qu'est-ce qui pourrait pousser la municipalité de Bourj Hammoud à rouvrir la route de l'aire de stockage temporaire ? « La seule chose qui pourrait justifier la réouverture de la route, ce sont des assurances que le plan va fonctionner tel qu'il a été conçu par le gouvernement, c'est-à-dire avec la réhabilitation de l'ancien dépotoir, la création de cellules protégées et d'un brise-lames en mer, dit-il. Nous ne sommes en aucun cas disposés à accueillir deux ou trois nouveaux dépotoirs. Si les conditions ne sont pas réunies, alors que chacun s'occupe de sa poubelle, comme l'a affirmé M. Pakradounian. Nous avons d'ailleurs spécifié que nous n'accepterons pas les déchets empilés dans les rues depuis quelques jours, dans aucun cas de figure. Ceux-là doivent faire l'objet d'un traitement sur place. »


Kataëb : Pas sans les garanties
Du côté des Kataëb, pas de changement non plus dans les positions, ainsi que l'indique à L'OLJ le vice-président du parti, Salim Sayegh. « Il est vrai que le débat a porté sur la décentralisation dans l'étape durable, mais les expériences passées nous ont appris que nous ne sommes pas à l'abri des tergiversations, et qu'il nous faut exiger un calendrier précis, dit-il. Il faut un comité capable d'obtenir que les municipalités soient en charge du tri et du traitement des déchets. Mais d'un autre côté, nous n'accepterons pas que ce comité soit un moyen de gagner du temps en vue de la préparation d'appels d'offres pour la construction d'usines non conformes. Nous voulons des garanties, des décrets, une procédure claire, afin que ce comité devienne une réalité. »
Le parti Kataëb manque donc de confiance dans le système et ne compte pas débloquer le chantier de la décharge de Bourj Hammoud sans garanties suffisantes. D'autant plus, souligne Salim Sayegh, que les manifestants du parti ne sont pas responsables de la crise actuelle, puisqu'ils ne ferment pas la route de l'aire de stockage. « Nous avons d'autres appréhensions, poursuit-il. Nous voulons connaître les résultats de l'étude d'impact environnemental du projet, et on nous dit qu'elle ne sera prête que dans une semaine. Ensuite, qu'en est-il des 150 000 tonnes empilées dans les aires de stockage, n'ayant subi aucun tri ni aucun traitement ? Est-ce qu'ils vont être enfouis dans des zones sèches ou asséchées, gagnées sur la mer? Les Kataëb sont contre le principe du remblayage de la mer qui va à l'encontre des lois libanaises comme des conventions internationales. Et d'ailleurs, est-ce nécessaire? » M. Sayegh dit comprendre la position du Tachnag, qui refuse le stockage de déchets non triés dans cette zone. « Ce parti veut l'application du plan gouvernemental, mais celui-ci est ambigu », affirme-t-il.
Si le parti Kataëb, ainsi que d'autres, refusent les concessions, qu'en est-il des déchets dans les rues ? M. Sayegh insiste sur la cause plus vaste qui est d'empêcher le littoral de se transformer en dépotoir. « Les municipalités peuvent commencer à collecter leurs déchets et les traiter, nous avons au Liban toutes les entreprises qu'il faut pour le traitement, dit-il. Nous sommes prêts à les aider pour cela. » À savoir que selon des informations, cette volonté d'aide aux municipalités pour un traitement local de leurs déchets est également affichée par la Coalition contre le plan gouvernemental de gestion des déchets, un des rassemblements civils qui manifestent à Bourj Hammoud.

Les « heures qui viennent », délai avancé par Ibrahim Kanaan, ne semblent donc pas suffisantes pour régler une crise aux multiples facettes.

Source & link : l'orient le jour

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