Pour que la cause des personnes disparues au Liban ne tombe pas dans l'oubli, l'ONG Act for the Disappeared a lancé le projet « Fus'hat amal » *. Dans ce cadre, nous publions une série de témoignages fictifs qu'auraient apportés des Libanais arrachés à leur milieu familial et social.
OLJ
Mon nom est Stéphane. Avant que la guerre n'éclate, je travaillais dans une usine de carrelage dans la région de Batroun. J'étais père de onze enfants, sept garçons et quatre filles, âgés de 18 mois à 21 ans. J'étais très fier de mes garçons, mais tout le monde savait que je gâtais surtout mes filles. Elles étaient mes princesses. Elles pouvaient tout me demander, j'étais toujours prêt à leur faire plaisir.
Nous vivions tous à Bejdarfel, dans la région de Batroun. C'était un endroit calme et très agréable... jusqu'en 1975. Au début de cette année, des hommes armés se sont introduits dans le village, y installant un campement. Suite à leur arrivée, de nombreux habitants, surtout les jeunes, ont décidé de quitter le village.
Pour protéger mes enfants contre d'éventuels heurts, j'ai aussi demandé à ma femme, Bahiya, de les mettre à l'abri à Jbeil. Je suis resté au village pour travailler. Après quelque temps, la situation dans la région étant restée stable, ma famille est rentrée.
En août 1975, quatre mois après le début de la guerre, les hommes armés qui avaient pris position dans le village sont venus frapper à la porte de notre maison. Ils m'ont embarqué de force sous le regard de mes enfants.
Je n'ai plus jamais franchi le pas de notre maison. Quinze ans durant, mes enfants et ma femme ont dû faire face, seuls, aux difficultés de la guerre. Je n'étais pas là pour leur assurer une vie décente, ni pour rassurer les enfants quand ils étaient effrayés par les bruits des bombardements ou pour soutenir ma femme dans les moments d'incertitude.
Bahiya ne connaîtra jamais mon sort. Elle est décédée il y a quelques années. Mes enfants, eux, continuent à espérer qu'une personne viendra un jour leur raconter ce qui s'est passé en ce jour d'août 1975. Mon nom est Stéphane Iskandar. Ne laissez pas mon histoire s'interrompre ici.
* « Fus'hat amal » est une plateforme numérique qui rassemble les histoires des personnes disparues au Liban. Le projet est financé par le Comité international de la Croix-Rouge, l'Union européenne, le National Endowment for Democracy et la Fondation Robert Bosch. Des histoires d'autres personnes ayant disparu durant la guerre sont disponibles sur le site Web de Fus'hat amal à l'adresse:www.fushatamal.org Si vous êtes un proche d'une personne disparue, vous pouvez partager son histoire sur le site du projet ou contacter Act for the Disappeared aux 01/443104, 76/933306.
OLJ
Mon nom est Stéphane. Avant que la guerre n'éclate, je travaillais dans une usine de carrelage dans la région de Batroun. J'étais père de onze enfants, sept garçons et quatre filles, âgés de 18 mois à 21 ans. J'étais très fier de mes garçons, mais tout le monde savait que je gâtais surtout mes filles. Elles étaient mes princesses. Elles pouvaient tout me demander, j'étais toujours prêt à leur faire plaisir.
Nous vivions tous à Bejdarfel, dans la région de Batroun. C'était un endroit calme et très agréable... jusqu'en 1975. Au début de cette année, des hommes armés se sont introduits dans le village, y installant un campement. Suite à leur arrivée, de nombreux habitants, surtout les jeunes, ont décidé de quitter le village.
Pour protéger mes enfants contre d'éventuels heurts, j'ai aussi demandé à ma femme, Bahiya, de les mettre à l'abri à Jbeil. Je suis resté au village pour travailler. Après quelque temps, la situation dans la région étant restée stable, ma famille est rentrée.
En août 1975, quatre mois après le début de la guerre, les hommes armés qui avaient pris position dans le village sont venus frapper à la porte de notre maison. Ils m'ont embarqué de force sous le regard de mes enfants.
Je n'ai plus jamais franchi le pas de notre maison. Quinze ans durant, mes enfants et ma femme ont dû faire face, seuls, aux difficultés de la guerre. Je n'étais pas là pour leur assurer une vie décente, ni pour rassurer les enfants quand ils étaient effrayés par les bruits des bombardements ou pour soutenir ma femme dans les moments d'incertitude.
Bahiya ne connaîtra jamais mon sort. Elle est décédée il y a quelques années. Mes enfants, eux, continuent à espérer qu'une personne viendra un jour leur raconter ce qui s'est passé en ce jour d'août 1975. Mon nom est Stéphane Iskandar. Ne laissez pas mon histoire s'interrompre ici.
* « Fus'hat amal » est une plateforme numérique qui rassemble les histoires des personnes disparues au Liban. Le projet est financé par le Comité international de la Croix-Rouge, l'Union européenne, le National Endowment for Democracy et la Fondation Robert Bosch. Des histoires d'autres personnes ayant disparu durant la guerre sont disponibles sur le site Web de Fus'hat amal à l'adresse:www.fushatamal.org Si vous êtes un proche d'une personne disparue, vous pouvez partager son histoire sur le site du projet ou contacter Act for the Disappeared aux 01/443104, 76/933306.
Source & Link : L'orient le jour
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