The Lebanese Center for Human Rights (CLDH) is a local non-profit, non-partisan Lebanese human rights organization in Beirut that was established by the Franco-Lebanese Movement SOLIDA (Support for Lebanese Detained Arbitrarily) in 2006. SOLIDA has been active since 1996 in the struggle against arbitrary detention, enforced disappearance and the impunity of those perpetrating gross human violations.

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September 5, 2011

L'orient Le Jour - Le général Fayez Karam condamné à deux ans de prison pour collaboration avec Israël - September 05, 2011


Le député Ibrahim Kanaan et l’avocat de Karam, Rachad Salamé, faisant leur entrée dans la salle du tribunal. Photo Sami Ayad
Le député Ibrahim Kanaan et l’avocat de Karam, Rachad Salamé, faisant leur entrée dans la salle du tribunal. Photo Sami Ayad
JUSTICE Après treize mois passés en prison, l’ancien général de l’armée et cadre du Courant patriotique libre (CPL), Fayez Karam, a été condamné samedi par la Cour militaire à deux ans de prison pour avoir fourni des informations à Israël. Le CPL veut faire appel dès aujourd’hui.

Durant une audience qui a duré de longues heures, le procureur militaire Fadi Akiki a reconnu Fayez Karam « coupable d’avoir eu des contacts avec les services de renseignements de l’ennemi israélien et de leur avoir fourni des informations politiques », en particulier sur le Hezbollah et le CPL. M. Karam a été également déchu de tous ses droits civiques. Il s’est effondré après la lecture du verdict et a été transporté à l’hôpital. Son état a cependant été qualifié de « stable » par des sources médicales.
Étaient présents durant toute l’audience trois députés du bloc du Changement et de la Réforme, Ibrahim Kanaan, Nabil Nicolas et Naji Gharios.
Sept témoins ont été appelés à la barre lors de la dernière audience du procès, qui s’est tenu au tribunal militaire, présidé par le général Nizar Khalil : deux médecins de l’hôpital Dahr el-Bachek, qui se trouve près de la prison de Roumieh, un gardien de la prison de Roumieh où M. Karam se trouvait depuis son arrestation et quatre éléments des Forces de sécurité intérieure (FSI) qui avaient mené l’enquête sur M. Karam lors de son arrestation. Selon notre chroniqueuse judiciaire Claudette Sarkis, l’un d’eux, le commandant Abdallah, directeur du département technique du service des renseignements des FSI, a parlé de l’enquête qui a permis de retracer les coups de fil « suspects » effectués par l’accusé. Il a également soulevé la question de l’enregistrement des interrogatoires par les enquêteurs des FSI, un point qui fait polémique auprès du CPL, précisant que ces enregistrements sont gardés quinze jours seulement, puis effacés.
La question de la santé de l’accusé, hospitalisé plusieurs fois après son arrestation pour des problèmes de cœur, a pris une grande part du débat. Le lieutenant-colonel Habib Ali Takch, médecin auprès du service des renseignements des FSI, qui supervisait l’état de santé de Fayez Karam, a précisé qu’il avait lui-même donné l’ordre de le sortir de l’hôpital où il suivait un traitement parce que son état le permettait et après concertation avec son médecin soignant.
Toutefois, toujours selon Claudette Sarkis, un autre témoin, le médecin Sohad Kichichian, a répondu par la négative quand on lui a demandé si l’ancien général devait être sorti de l’hôpital. « Son état de santé aurait pu se détériorer et il devait rester sous observation », a-t-il dit. Il a nié connaître l’accusé avant de l’avoir soigné ou avoir souscrit à une demande de le garder à l’hôpital. Un autre témoin, le médecin Ilham Hobeika, a souligné que l’état de santé de l’accusé ne nécessitait peut-être pas l’hospitalisation, mais du fait de la pose d’un stent (petite prothèse métallique en forme de ressort) dans le cœur, le malade devait rester sous observation.
Par ailleurs, l’accusé lui-même a été interrogé sur des lettres qu’il a écrites à sa famille, mais il a assuré les avoir rédigées « sous la dictée des enquêteurs ». À la fin de l’audience, dans un dernier mot, Fayez Karam a une nouvelle fois rejeté toutes les accusations. Il a dit « ne même pas connaître l’identité de ce correspondant israélien avec lequel on m’accuse de collaborer ». Il a dénoncé « des abus perpétrés par les enquêteurs, que j’aurais pu prouver si les enregistrements des interrogatoires avaient été disponibles ».

Critiques du CPL
Fayez Karam avait été arrêté en août 2010. Au cours de sa carrière, il avait été en charge de différents postes. Il a notamment été chef du contre-terrorisme et du bureau d’espionnage. L’officier avait quitté l’institution militaire après le départ en exil du général Michel Aoun. Il était rentré au Liban en 2005, après le retrait des troupes syriennes.
Un autre accusé, Élias Karam, dont le lien de parenté avec le général à la retraite n’a pas été précisé, a été condamné samedi par contumace à dix ans de prison pour avoir introduit Fayez Karam à des officiers israéliens à Paris.
Le général Karam, dont l’arrestation avait choqué l’opinion publique libanaise, est la première personnalité politique à être condamnée dans le cadre de l’enquête qui, depuis 2009, a mené à l’arrestation d’une centaine d’agents présumés de l’État hébreu. Plusieurs d’entre eux ont été condamnés à mort.
Au Liban, la collaboration avec Israël est passible d’une peine de prison à vie assortie de travaux forcés. Si le juge estime que cette collaboration a causé la mort, il peut demander la peine capitale.
Dès le prononcé du verdict, le CPL a critiqué cette condamnation, estimant que les preuves retenues contre l’accusé lui avaient été extorquées dans des conditions qui lui étaient défavorables. Les avocats de l’accusé ont déclaré vouloir faire appel de la décision dès lundi.
Le député Ibrahim Kanaan a déclaré hier à la LBC que le verdict contre le général Fayez Karam est « totalement faux » vu qu’il est basé sur des « fabrications ». « Les FSI ont d’abord affirmé avoir enregistré les étapes de l’enquête avec M. Karam puis ont confirmé plus tard avoir détruit ces enregistrements, pouvons-nous y croire ? » s’est demandé Kanaan. Le député aouniste a fait assumer à la branche des renseignements des FSI la responsabilité de ne pas avoir présenté ces enregistrements avant la tenue du procès.
Le député Nabil Nicolas a affirmé que le verdict était « préparé à l’avance » et que l’affaire était « politisée ». « Le tribunal doit entendre les témoins et les avocats de la défense et doit faire prévaloir la voix de la conscience. Il ne doit pas émettre un verdict fondé sur des raisons politiques », a déclaré M. Nicolas au quotidien an-Nahar. Le député a également affirmé qu’il n’y a pas de preuves suffisantes pour condamner Karam et que les témoignages donnés étaient « confus et contradictoires ».

L’opposition dénonce
Du côté de l’opposition, Ahmad Fatfat, député du bloc du Futur, a déclaré dans une interview publiée dimanche dans le même journal que le verdict du tribunal militaire contre le général Karam « renforce la crédibilité de la branche des renseignements des FSI ». M. Fatfat a également estimé que la peine de prison prononcée à son encontre est « très légère » et qu’elle « encourage les gens à collaborer avec Israël ».
Le député du même bloc, Okab Sakr, a pour sa part affirmé que le verdict révèle un « double scandale ». « D’une part, le verdict prouve que Fayez Karam est coupable malgré les dénégations continues du bloc du Changement et de la Réforme, et de son chef, Michel Aoun, lit-on dans un communiqué publié par le député. D’autre part, cette condamnation démontre une grande incohérence dans le traitement d’une affaire aussi délicate, surtout que les collaborateurs du général Karam ont été condamnés à des peines de prison allant de sept ans à la condamnation à vie », a-t-il ajouté. « La peine de prison a été réduite à trois ans parce que l’ancien officier est membre du CPL, puis à deux ans en signe de loyauté de la part du Hezbollah », a-t-il déploré.
Commentant les protestations des cadres du CPL après le verdict et leur campagne contre le service des renseignemets des FSI, le député Jamal Jarrah, bloc du Futur, a considéré que « l’inculpation de Fayez Karam est un signe de crédibilité pour ce service, même si le verdict est moins sévère qu’on aurait pu le croire ». Il a dénoncé « le comportement des députés du CPL envers les institutions de l’État, qui montre combien leurs allégations de défendre ces mêmes institutions sont mensongères ». 

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