The Lebanese Center for Human Rights (CLDH) is a local non-profit, non-partisan Lebanese human rights organization in Beirut that was established by the Franco-Lebanese Movement SOLIDA (Support for Lebanese Detained Arbitrarily) in 2006. SOLIDA has been active since 1996 in the struggle against arbitrary detention, enforced disappearance and the impunity of those perpetrating gross human violations.

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October 13, 2011

L'Orient le jour - Samia Abdallah : « Jusqu’au dernier souffle, mes parents ont attendu mon frère », October 13, 2011


Par Nada MERHI

Samia Abdallah poursuit la quête entamée par ses parents pour connaître le sort de son frère, Imad, détenu en Syrie depuis 1984.
Samia Abdallah poursuit la quête entamée par ses parents pour connaître le sort de son frère, Imad, détenu en Syrie depuis 1984.

Le sort de milliers de Libanais disparus durant la guerre civile et la période qui l’a suivie, sous la tutelle syrienne au Liban, reste inconnu. Pour que ce dossier vieux de plus de trente ans ne reste pas occulté et relégué aux oubliettes, « L’Orient-Le Jour » relatera chaque semaine le témoignage d’un parent en quête de la vérité sur le sort d’un disparu.
Tripoli, 1984. De violents affrontements opposent les hommes de Yasser Arafat, alias Abou Ammar, chef du Fateh et de l’Organisation pour la libération de la Palestine (OLP), à ceux d’Abou Moussa, dissident du Fateh et fondateur de Fateh el-Intifada, appuyé par le régime syrien.
Imad Abdallah, jeune lieutenant de 20 ans, combat dans les rangs du Fateh. Au cours de ces conflits, « il est enlevé par les hommes d’Abou Moussa et remis à leurs alliés syriens », raconte sa sœur, Samia Abdallah. « Nous attendons son retour depuis bientôt 27 ans », poursuit-elle.
Imad est le benjamin d’une famille composée de quatre autres hommes et de deux femmes. « Jusqu’à leur mort, mes parents n’ont cessé de le chercher », se souvient Samia Abdallah. Mais comme des centaines d’autres familles, leurs recherches se sont avérées vaines. « Malgré tous les efforts qu’ils ont déployés et les contacts qu’ils ont effectués avec de hauts responsables libanais et syriens, mes parents n’ont pu rien faire pour Imad, poursuit-elle. Comme une rengaine, les personnes que ma mère sollicitait ne cessaient de lui dire “Inchallah kheir, ya hajjé” (espérons bien, Madame). Elle n’a cessé d’espérer. Elle l’a fait jusqu’au dernier jour de sa vie. En vain. »
Le père de Samia Abdallah est décédé en 2000 et sa mère en 2002. « En 2003, nous avons reçu deux lettres de mon frère, écrites avec une allumette », raconte cette femme qui, depuis bientôt dix ans, a pris la relève de ses parents à la recherche de la vérité. Elle fait partie de ce groupe de familles qui observent depuis le 11 avril 2005 un sit-in permanent dans le jardin Gibran Khalil Gibran, place Riad el-Solh, au centre-ville de Beyrouth, jusqu’à ce que cette vérité soit dévoilée.
« Dans ces lettres, Imad nous appelait à l’aide, dit Samia Abdallah. Il avait écrit : “S’il vous plaît, aidez-moi. Sauvez-moi. Je suis fatigué et malade. Je suis en état de déprime.” Il avait signé “votre frère benjamin”. » Elle reprend d’une voix faible : « Nous sommes sûrs qu’il est l’auteur de ces lettres. Nous avons reconnu son style et son écriture. Il a fallu à Imad plus de quatre mois pour nous faire parvenir ces lettres avec l’aide d’un ancien détenu. À l’époque, il était à Palmyre. Aujourd’hui, nous ignorons où il se trouve et ce qu’il est devenu. »
Cinq années plus tôt, « en 1998, des Jordaniens, relaxés des prisons syriennes, avaient dressé une liste de plusieurs noms de détenus en Syrie et dont les parents ignoraient le sort ». « Au nombre de ces noms figuraient ceux de plusieurs Libanais, et celui de Imad, précise Samia Abdallah. Mon frère aîné, qui vivait en Jordanie, a essayé d’entrer en contact avec ces prisonniers. Il a réussi à rencontrer deux d’entre eux et à s’entretenir au téléphone avec un troisième. Tous les trois lui ont affirmé connaître Imad. L’un d’eux lui a raconté qu’ils étaient ensemble à Palmyre, en 1995, et que Imad souffrait beaucoup. Ils lui ont également dit que durant cinq ans, Imad était placé seul dans une cellule et qu’il leur parlait à travers les murs. Il leur répétait son nom et leur disait qu’il avait de la famille au Liban, dans le camp de Saïda. »
« Mon frère a aujourd’hui 47 ans, précise Samia Abdallah. J’espère le revoir bientôt. Je suis optimiste, parce que tous les anciens détenus qui nous ont visités ici, sur les lieux du sit-in, m’ont assuré que mon frère est en Syrie. J’espère qu’avec la révolution syrienne, la vérité finira par éclater au grand jour. Je souhaite de tout mon cœur que le peuple syrien, et nos détenus, réussissent enfin à s’affranchir de l’injustice dont ils sont victimes depuis des dizaines d’années. Je suis optimiste. »


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