Pour les parents des détenus, la libération
de Yaacoub Chamoun prouve qu’il existe toujours des prisonniers libanais dans
les geôles syriennes.
Yaacoub Chamoun, ancien militant Kataëb, emprisonné durant 27 ans en
Syrie et libéré il y a quelques semaines, ne s’est pas présenté hier devant le
comité de suivi chargé par le gouvernement du dossier des disparus et qui est
formé des juges Georges Rizk et Joseph Maamari.Chamoun, arrêté par les Syriens alors qu’il avait 21 ans, devait tenir le comité au courant des informations qu’il détient sur les Libanais emprisonnés dans les geôles syriennes et qui sont toujours en vie. Le comité devrait l’écouter prochainement.
La libération de Chamoun a constitué le point essentiel des interventions lors de la conférence de presse qui s’est tenue au jardin public Gibran Khalil Gibran, dans le centre-ville, à l’initiative des parents des détenus libanais dans les geôles syriennes.
Ont notamment participé à ce point de presse, qui a marqué, hier, la Journée mondiale des disparus, Ghassan Moukheiber, député du Metn et rapporteur de la commission parlementaire des Droits de l’homme, Ghazi Aad de Solid et Wadih Asmar, du Centre libanais des droits de l’homme.
« Nous aurions aimé que Yaacoub Chamoun soit avec nous. Mais le fait que son nom ait été rendu public l’a effrayé », a souligné Ghazi Aad, appelant « les journalistes à le laisser en paix et respecter sa vie privée ».
Aad a rappelé que « Chamoun a passé 27 ans dans les geôles syriennes, mais ce n’est qu’en 2006 que sa famille a pu localiser le lieu de sa détention ». « Cela prouve que, malgré ce que certains responsables libanais prétendent, il y a toujours des prisonniers libanais vivants dans les geôles syriennes », a-t-il poursuivi.
À la question de savoir pourquoi les parents de Yaacoub Chamoun ne se sont jamais adressés à la presse ou n’avaient pas enregistré son nom auprès de Solid après l’avoir localisé en Syrie, Ghazi Aad a indiqué qu’ils « avaient trop peur de parler de l’affaire, car ils ne voulaient pas perdre leur droit de visite ». « Yaacoub Chamoun nous a informés qu’il connaît cinq détenus libanais dans les geôles syriennes, a précisé le responsable de Solid. Ils sont toujours en vie. Deux d’entre eux figurent sur notre liste, contrairement aux trois autres. »
Pour sa part, M. Moukheiber a souligné que « la libération de Chamoun prouve que le dossier des détenus libanais dans les geôles syriennes n’entre pas dans le cadre du travail qui devrait être effectué sur la mémoire ». « Au contraire, il existe encore des détenus vivants, il faut œuvrer à leur libération avant qu’ils ne meurent sous la torture ou à cause des mauvaises conditions de détention », a déclaré M. Moukheiber. « Quelle que soit la situation en Syrie et quel que soit le régime au pouvoir à Damas, il relève de la responsabilité du gouvernement libanais de s’occuper de ce dossier qu’il a relégué aux oubliettes », a-t-il poursuivi. « Non seulement il faut libérer les prisonniers vivants, mais il est nécessaire aussi de rechercher les corps et les tombes des détenus libanais morts en Syrie, et cela même en déterrant les fosses communes », a-t-il dit.
Ali Abou Dehn
Pour sa part, M. Ali Abou Dehn, ancien prisonnier des geôles syriennes et président de l’Association des détenus libanais dans les prisons syriennes, a noté que « le gouvernement a été informé du fait que s’il ne prend pas notre dossier au sérieux, nous appellerons à la mise en place d’un comité international pour enquêter sur le sort des Libanais dans les geôles syriennes ». « Nous trouverons les moyens adéquats pour libérer les prisonniers et cela en ayant recours au secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon », a affirmé Ali Abou Dehn.
http://www.lorientlejour.com/category/Liban/article/775789/Au_jardin_Gibran_Khalil_Gibran,_commemoration__de_la_Journee_mondiale_des_disparus.html
No comments:
Post a Comment