Le président de la municipalité Kabalan el-Ashkar et Chaker Noon, le président de l’association Baldati.
Une action de sensibilisation pour la protection du site historique de Nahr el-Kalb s’est déroulée ce week-end à l’initiative de l’ONG Clean Lebanon.
Le hasard a ses raisons que la raison ignore. Il y a quinze jours, Rima el-Khoury, présidente de l’ONG Clean Lebanon, et Chaker Noon, responsable de l’ONG Baldati, ne se connaissaient pas. Alors qu’ils œuvrent dans la même direction depuis plusieurs années, à savoir préserver les sites remarquables du pays et sensibiliser les Libanais à l’écologie, c’est par la grâce des coïncidences que, samedi et dimanche, l’un et l’autre se sont réunis sur le site de Nahr el-Kalb.
Il y a deux semaines, Rima el-Khoury regarde la télévision et tombe sur un reportage qui l’interpelle. Elle y découvre un homme, Chaker Noon, dévasté par l’aspect catastrophique du site historique de Nahr el-Kalb. « Lorsque je l’ai vu à la télévision, je me suis dit que je devais rencontrer cet homme. Je l’ai contacté immédiatement et, très vite, nous sommes tombés d’accord pour convenir d’une action mutuelle. Les associations ne sont pas là pour se concurrencer mais, au contraire, doivent s’entraider. »
Il est vrai que l’état du site laisse à désirer. Sur place, les déchets jonchent le sol et les mauvaises herbes recouvrent le sentier longeant les stèles. Le site de Nahr el-Kalb possède pourtant une valeur historique non négligeable. Situé à 12 km au nord de Beyrouth, le lieu témoigne de l’histoire millénaire du Liban. À travers ses inscriptions gravées sur les murs, 4 000 ans défilent sous les yeux des rares touristes. Des Assyriens aux Babyloniens, en passant par les Égyptiens, les Français et les Britanniques, les stèles de Nahr el-Kalb témoignent des nombreux peuples passés par le pays du Cèdre. « C’est un lieu d’une incroyable richesse à préserver absolument. Je suis très heureux que Rima el-Khoury ait pris l’initiative de me contacter », souligne le président de Baldati. Deux semaines après leur premier contact, les présidents des deux associations ont réussi à réunir une centaine de personnes pour une action consistant à nettoyer le site, sac-poubelle en main et sourire aux lèvres.
« À la maison, tu ferais pareil ? »
9h, samedi matin. Branle-bas de combat pour Rima el-Khoury. Dans quelques minutes, et pendant deux jours, les élèves des écoles Jesus and Mary et des Frères Maristes de Jbeil seront sur place, prêts à en découdre avec les canettes, mégots et autres détritus jonchant le sol. L’armée, elle, est déjà présente pour filer un coup de main, comme une dizaine d’employés de Sukleen. Il faut faire vite. Pas facile de coordonner des univers si différents. La jeune femme enchaîne les allers-retours, les coups de fil. Au pas de course, elle file d’un point à l’autre du site, pendant que Chaker, lui, discute avec les autorités locales et le président de la municipalité de Dbayeh, Kabalan el-Ashtar.
9h20. Les premiers élèves arrivent en même temps que le camion poubelle. L’action peut enfin démarrer. Réunis près du vieux pont de Nahr el-Kalb, les participants ne dissimulent pas leur joie. Malgré l’importance de l’action, pas question de jeter sa bonne humeur à la poubelle ! Et elle sera la seule à échapper aux tentacules des jeunes pieuvres écolos. Après le discours de Kabalan el-Ashtar, dans lequel il a annoncé être prêt à « coopérer pour la préservation du lieu et à faire appliquer les lois qui régissent le site », les participants posent pour la traditionnelle photo de famille avant de se diriger vers l’entrée du site. Sur le chemin, les jeunes Libanais arborent fièrement les tee-shirts rouge et blanc de l’association Clean Lebanon et portent haut dans le ciel des pancartes aux slogans écolos. Sur l’une d’entre elles, on lit clairement : « À la maison, tu ferais pareil ? » Le message est clair. Bien plus qu’une simple action de nettoyage, il s’agit avant tout de sensibiliser le public. En quelques minutes, le site historique fourmille d’ouvrières œuvrant dans un seul sens : éradiquer la barrière rocheuse qui accueille les stèles des détritus qui la jonchent.
Dur labeur
10h. En un peu plus d’une demi-heure, le lieu a déjà retrouvé une partie de son lustre d’antan. Chaker est ravi. Rima aussi. Après l’inquiétude des premiers instants, les deux présidents sont détendus, rassurés. « L’action est une réussite. Cela prouve que les ONG ont réellement un poids en ce qui concerne les décisions politiques. Même si nous avons eu quelques déconvenues, comme l’absence des étudiants de la Lebanese International University (LIU), nous ne pouvons qu’être enchantés et espérer un changement », souligne Rima el-Khoury. « Je suis sûr que cette action va permettre aux autorités compétentes de prendre les choses en main. Et pas seulement à Nahr el-Kalb, mais également dans le pays tout entier », poursuit Chaker Noon.
11h, il est grand temps de faire une pause. Après deux heures d’effort, les poubelles sont déjà bien remplies. Au pied des stèles, la centaine de participants semblent fatigués, mais ravis de l’expérience. L’action, elle, continuera encore une bonne heure, avant que chacun ne reparte chez soi. Et le lendemain, rebelote !
« La prochaine étape, c’est d’être sûr qu’il y aura un suivi », souffle Chaker Noon. L’homme peut préparer l’avenir avec sérénité : l’action est une réussite. Le dimanche soir, après deux jours passés à nettoyer les lieux et beaucoup d’efforts, le site de Nahr el-Kalb n’est plus le même. Mieux encore, « il semblerait qu’un accord ait été trouvé entre la municipalité et le ministère de la Culture pour qu’un gardien soit présent à Nahr el-Kalb », annonce le président de Baldati. Ouf !
Ne reste plus qu’à espérer pour lui que cet accord ne soit pas, lui aussi, jeté à la poubelle...
Le hasard a ses raisons que la raison ignore. Il y a quinze jours, Rima el-Khoury, présidente de l’ONG Clean Lebanon, et Chaker Noon, responsable de l’ONG Baldati, ne se connaissaient pas. Alors qu’ils œuvrent dans la même direction depuis plusieurs années, à savoir préserver les sites remarquables du pays et sensibiliser les Libanais à l’écologie, c’est par la grâce des coïncidences que, samedi et dimanche, l’un et l’autre se sont réunis sur le site de Nahr el-Kalb.
Il y a deux semaines, Rima el-Khoury regarde la télévision et tombe sur un reportage qui l’interpelle. Elle y découvre un homme, Chaker Noon, dévasté par l’aspect catastrophique du site historique de Nahr el-Kalb. « Lorsque je l’ai vu à la télévision, je me suis dit que je devais rencontrer cet homme. Je l’ai contacté immédiatement et, très vite, nous sommes tombés d’accord pour convenir d’une action mutuelle. Les associations ne sont pas là pour se concurrencer mais, au contraire, doivent s’entraider. »
Il est vrai que l’état du site laisse à désirer. Sur place, les déchets jonchent le sol et les mauvaises herbes recouvrent le sentier longeant les stèles. Le site de Nahr el-Kalb possède pourtant une valeur historique non négligeable. Situé à 12 km au nord de Beyrouth, le lieu témoigne de l’histoire millénaire du Liban. À travers ses inscriptions gravées sur les murs, 4 000 ans défilent sous les yeux des rares touristes. Des Assyriens aux Babyloniens, en passant par les Égyptiens, les Français et les Britanniques, les stèles de Nahr el-Kalb témoignent des nombreux peuples passés par le pays du Cèdre. « C’est un lieu d’une incroyable richesse à préserver absolument. Je suis très heureux que Rima el-Khoury ait pris l’initiative de me contacter », souligne le président de Baldati. Deux semaines après leur premier contact, les présidents des deux associations ont réussi à réunir une centaine de personnes pour une action consistant à nettoyer le site, sac-poubelle en main et sourire aux lèvres.
« À la maison, tu ferais pareil ? »
9h, samedi matin. Branle-bas de combat pour Rima el-Khoury. Dans quelques minutes, et pendant deux jours, les élèves des écoles Jesus and Mary et des Frères Maristes de Jbeil seront sur place, prêts à en découdre avec les canettes, mégots et autres détritus jonchant le sol. L’armée, elle, est déjà présente pour filer un coup de main, comme une dizaine d’employés de Sukleen. Il faut faire vite. Pas facile de coordonner des univers si différents. La jeune femme enchaîne les allers-retours, les coups de fil. Au pas de course, elle file d’un point à l’autre du site, pendant que Chaker, lui, discute avec les autorités locales et le président de la municipalité de Dbayeh, Kabalan el-Ashtar.
9h20. Les premiers élèves arrivent en même temps que le camion poubelle. L’action peut enfin démarrer. Réunis près du vieux pont de Nahr el-Kalb, les participants ne dissimulent pas leur joie. Malgré l’importance de l’action, pas question de jeter sa bonne humeur à la poubelle ! Et elle sera la seule à échapper aux tentacules des jeunes pieuvres écolos. Après le discours de Kabalan el-Ashtar, dans lequel il a annoncé être prêt à « coopérer pour la préservation du lieu et à faire appliquer les lois qui régissent le site », les participants posent pour la traditionnelle photo de famille avant de se diriger vers l’entrée du site. Sur le chemin, les jeunes Libanais arborent fièrement les tee-shirts rouge et blanc de l’association Clean Lebanon et portent haut dans le ciel des pancartes aux slogans écolos. Sur l’une d’entre elles, on lit clairement : « À la maison, tu ferais pareil ? » Le message est clair. Bien plus qu’une simple action de nettoyage, il s’agit avant tout de sensibiliser le public. En quelques minutes, le site historique fourmille d’ouvrières œuvrant dans un seul sens : éradiquer la barrière rocheuse qui accueille les stèles des détritus qui la jonchent.
Dur labeur
10h. En un peu plus d’une demi-heure, le lieu a déjà retrouvé une partie de son lustre d’antan. Chaker est ravi. Rima aussi. Après l’inquiétude des premiers instants, les deux présidents sont détendus, rassurés. « L’action est une réussite. Cela prouve que les ONG ont réellement un poids en ce qui concerne les décisions politiques. Même si nous avons eu quelques déconvenues, comme l’absence des étudiants de la Lebanese International University (LIU), nous ne pouvons qu’être enchantés et espérer un changement », souligne Rima el-Khoury. « Je suis sûr que cette action va permettre aux autorités compétentes de prendre les choses en main. Et pas seulement à Nahr el-Kalb, mais également dans le pays tout entier », poursuit Chaker Noon.
11h, il est grand temps de faire une pause. Après deux heures d’effort, les poubelles sont déjà bien remplies. Au pied des stèles, la centaine de participants semblent fatigués, mais ravis de l’expérience. L’action, elle, continuera encore une bonne heure, avant que chacun ne reparte chez soi. Et le lendemain, rebelote !
« La prochaine étape, c’est d’être sûr qu’il y aura un suivi », souffle Chaker Noon. L’homme peut préparer l’avenir avec sérénité : l’action est une réussite. Le dimanche soir, après deux jours passés à nettoyer les lieux et beaucoup d’efforts, le site de Nahr el-Kalb n’est plus le même. Mieux encore, « il semblerait qu’un accord ait été trouvé entre la municipalité et le ministère de la Culture pour qu’un gardien soit présent à Nahr el-Kalb », annonce le président de Baldati. Ouf !
Ne reste plus qu’à espérer pour lui que cet accord ne soit pas, lui aussi, jeté à la poubelle...
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