La rencontre, assez inédite, du pour (Fouad Siniora) et du contre (Omar Karamé)... Photo ANI
Par deux ou trois fois déjà, le Hezbollah s’est mis en travers des ambitions et des vues du général Michel Aoun pour faire pencher la balance en faveur du Premier ministre, Nagib Mikati. On l’a vu à l’occasion du vote parlementaire sur le plan de développement de l’électricité, lorsque le ministre de l’Énergie, Gebran Bassil, a dû se soumettre in extremis à des amendements réclamés par l’opposition et défendus par le chef du gouvernement et d’autres composantes du cabinet.
On l’a constaté à nouveau cette semaine, dans le cadre des tractations qui ont débouché sur les mesures salariales décidées en Conseil des ministres contre l’avis des membres aounistes du gouvernement. Ces derniers contestaient les décisions prises tant sur la forme que sur le fond.
Et que dire du sort réservé aux exigences du bloc du Changement et de la Réforme concernant le limogeage de certaines figures de proue de la justice et des services de sécurité, lesquels appartiennent tous à une même confession et sont assimilés à l’ancienne majorité ?
S’il fallait une démonstration pour illustrer la supériorité de fait d’une formation disposant de deux ministres au sein du gouvernement sur une autre qui en étale dix, elle est bien dans cette série de peaux de banane que le Hezbollah balance régulièrement depuis quelques mois dans les pieds d’un allié pourtant jugé sans prix.
Partant de là, on peut honnêtement considérer que l’appellation de « gouvernement du Hezbollah », qui avait été attribuée par l’opposition à l’équipe ministérielle dès sa mise en place n’était ni injuste ni fausse. Sauf qu’en cours de route, il s’est révélé nécessaire de mettre un bémol à ce constat, dans la mesure où il est apparu que le parti de Dieu, tout hégémonique qu’il soit, a de toute évidence un talon d’Achille au sein de ce cabinet, ou plutôt deux : Nagib Mikati et Walid Joumblatt.
Le premier, il est clair, se sait indispensable au Hezb tant que ce dernier estimera que dans le contexte régional actuel, un gouvernement « bancal » lui assurant une couverture minimale vaut mieux que pas de gouvernement du tout. Du coup, il se sent capable de tirer une certaine force de cette position et en profite largement jusqu’ici. Quant au second, son contrat de mariage avec la majorité actuelle n’a pu véritablement résister aux premiers soubresauts de la crise syrienne et le voilà aujourd’hui qui donne l’impression d’être prêt, le moment venu, à signer l’arrêt de mort de la coalition au pouvoir.
Dans ce contexte, on peut s’interroger sur la décision finale que prendrait le Hezbollah au sujet de la contribution libanaise au financement du TSL. D’après les informations qui circulent dans divers milieux politiques, le secrétaire général du parti, Hassan Nasrallah, aurait dit deux choses à ses visiteurs ces derniers jours, mais ce sont deux choses contraires : d’abord qu’il n’est pas question de financer le tribunal et ensuite que la pérennité du gouvernement est une nécessité prioritaire.
En partant du principe – qui n’est contesté que par quelques-uns au sein du 14 Mars et non par tout le monde – que M. Mikati jetterait l’éponge au cas où le financement serait rejeté, il est clair que le Hezbollah se trouve face à un choix difficile, d’autant que les possibilités de manœuvre et de gain de temps se réduisent. On apprenait hier, en effet, que le TSL a fait savoir aux autorités libanaises qu’elles avaient jusqu’au 23 octobre pour s’acquitter d’arriérés se montant à 32 millions de dollars, puis jusqu’à la fin de l’année pour verser la dernière tranche au titre du mandat actuel du tribunal, soit 33 millions. En tout, l’État libanais doit donc 65 millions de dollars au TSL et ainsi que l’a souligné hier le chef du bloc parlementaire du Futur, Fouad Siniora, cette somme doit être considérée comme une « dette » de l’État libanais.
Le mot prend toute sa signification lorsqu’on se rend compte des conséquences qu’un défaut de paiement d’une dette pourrait entraîner sur la vie d’un État comme le Liban, non pas nécessairement en termes de sanctions internationales, mais de ce que serait l’attitude des créanciers du Liban à l’avenir.
Il est intéressant de noter que M. Siniora a exprimé son point de vue lors d’une visite chez un adversaire déclaré, l’ancien Premier ministre Omar Karamé. La rencontre n’en a pas moins été cordiale, mais chacun des deux hommes a pris le contrepied de l’autre au sujet du financement du TSL. M. Karamé est allé jusqu’à assurer qu’il n’aura pas lieu.
Dans les milieux « centristes », on n’est pas d’accord. On est sûr qu’une fois de plus, le Hezbollah fera pencher la balance du côté du Premier ministre. On ne sait pas encore comment, selon quel scénario, mais on affiche une certitude quasi totale que le Liban finira par payer.
Entre ce gouvernement et la politique du bord du gouffre, c’est déjà une longue histoire d’amour. Les Libanais connaîtront encore des insomnies, tout à fait comme les écoliers, mardi dernier...
On l’a constaté à nouveau cette semaine, dans le cadre des tractations qui ont débouché sur les mesures salariales décidées en Conseil des ministres contre l’avis des membres aounistes du gouvernement. Ces derniers contestaient les décisions prises tant sur la forme que sur le fond.
Et que dire du sort réservé aux exigences du bloc du Changement et de la Réforme concernant le limogeage de certaines figures de proue de la justice et des services de sécurité, lesquels appartiennent tous à une même confession et sont assimilés à l’ancienne majorité ?
S’il fallait une démonstration pour illustrer la supériorité de fait d’une formation disposant de deux ministres au sein du gouvernement sur une autre qui en étale dix, elle est bien dans cette série de peaux de banane que le Hezbollah balance régulièrement depuis quelques mois dans les pieds d’un allié pourtant jugé sans prix.
Partant de là, on peut honnêtement considérer que l’appellation de « gouvernement du Hezbollah », qui avait été attribuée par l’opposition à l’équipe ministérielle dès sa mise en place n’était ni injuste ni fausse. Sauf qu’en cours de route, il s’est révélé nécessaire de mettre un bémol à ce constat, dans la mesure où il est apparu que le parti de Dieu, tout hégémonique qu’il soit, a de toute évidence un talon d’Achille au sein de ce cabinet, ou plutôt deux : Nagib Mikati et Walid Joumblatt.
Le premier, il est clair, se sait indispensable au Hezb tant que ce dernier estimera que dans le contexte régional actuel, un gouvernement « bancal » lui assurant une couverture minimale vaut mieux que pas de gouvernement du tout. Du coup, il se sent capable de tirer une certaine force de cette position et en profite largement jusqu’ici. Quant au second, son contrat de mariage avec la majorité actuelle n’a pu véritablement résister aux premiers soubresauts de la crise syrienne et le voilà aujourd’hui qui donne l’impression d’être prêt, le moment venu, à signer l’arrêt de mort de la coalition au pouvoir.
Dans ce contexte, on peut s’interroger sur la décision finale que prendrait le Hezbollah au sujet de la contribution libanaise au financement du TSL. D’après les informations qui circulent dans divers milieux politiques, le secrétaire général du parti, Hassan Nasrallah, aurait dit deux choses à ses visiteurs ces derniers jours, mais ce sont deux choses contraires : d’abord qu’il n’est pas question de financer le tribunal et ensuite que la pérennité du gouvernement est une nécessité prioritaire.
En partant du principe – qui n’est contesté que par quelques-uns au sein du 14 Mars et non par tout le monde – que M. Mikati jetterait l’éponge au cas où le financement serait rejeté, il est clair que le Hezbollah se trouve face à un choix difficile, d’autant que les possibilités de manœuvre et de gain de temps se réduisent. On apprenait hier, en effet, que le TSL a fait savoir aux autorités libanaises qu’elles avaient jusqu’au 23 octobre pour s’acquitter d’arriérés se montant à 32 millions de dollars, puis jusqu’à la fin de l’année pour verser la dernière tranche au titre du mandat actuel du tribunal, soit 33 millions. En tout, l’État libanais doit donc 65 millions de dollars au TSL et ainsi que l’a souligné hier le chef du bloc parlementaire du Futur, Fouad Siniora, cette somme doit être considérée comme une « dette » de l’État libanais.
Le mot prend toute sa signification lorsqu’on se rend compte des conséquences qu’un défaut de paiement d’une dette pourrait entraîner sur la vie d’un État comme le Liban, non pas nécessairement en termes de sanctions internationales, mais de ce que serait l’attitude des créanciers du Liban à l’avenir.
Il est intéressant de noter que M. Siniora a exprimé son point de vue lors d’une visite chez un adversaire déclaré, l’ancien Premier ministre Omar Karamé. La rencontre n’en a pas moins été cordiale, mais chacun des deux hommes a pris le contrepied de l’autre au sujet du financement du TSL. M. Karamé est allé jusqu’à assurer qu’il n’aura pas lieu.
Dans les milieux « centristes », on n’est pas d’accord. On est sûr qu’une fois de plus, le Hezbollah fera pencher la balance du côté du Premier ministre. On ne sait pas encore comment, selon quel scénario, mais on affiche une certitude quasi totale que le Liban finira par payer.
Entre ce gouvernement et la politique du bord du gouffre, c’est déjà une longue histoire d’amour. Les Libanais connaîtront encore des insomnies, tout à fait comme les écoliers, mardi dernier...
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