The Lebanese Center for Human Rights (CLDH) is a local non-profit, non-partisan Lebanese human rights organization in Beirut that was established by the Franco-Lebanese Movement SOLIDA (Support for Lebanese Detained Arbitrarily) in 2006. SOLIDA has been active since 1996 in the struggle against arbitrary detention, enforced disappearance and the impunity of those perpetrating gross human violations.

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August 9, 2012

L'orient le jour - Entre approche humanitaire et question sécuritaire, le dossier syrien un casse-tête pour l’armée, August 9 2012

Le Liban-Nord est depuis quelques jours pris littéralement d’assaut par les correspondants de la presse étrangère qui s’attendent à un afflux de réfugiés syriens dans la foulée de la bataille d’Alep. Ces réfugiés constituent d’ailleurs actuellement une matière de choix pour les médias qui leur consacrent de nombreux articles, exposant leur situation dans tous ses aspects. Selon les sources de l’ONU, il y aurait actuellement 35 000 réfugiés syriens au Liban officiellement recensés. Ils se sont généralement installés au Nord, notamment au Akkar, à Denniyé et à Tripoli, mais il y a aussi deux grands regroupements à Barja, dans l’Iqlim el-Kharroub, et à Saïda, ainsi qu’un troisième de moindre importance dans la Békaa, à Ersal. En raison de sa population à majorité chiite, la Békaa accueille en fait (relativement) peu de réfugiés syriens. Quant au Metn et au Kesrouan, ce sont les plus nantis qui s’y sont installés.
Les réfugiés démunis sont pris en charge par plusieurs associations humanitaires dont une seule est arabe : l’association Abdallah al-Thani du Qatar. Les autres sont Caritas, le Fonds de l’ONU pour les réfugiés et le Conseil des réfugiés norvégien. L’Union européenne octroie aussi des aides ainsi que le Haut-Comité de secours relevant du gouvernement libanais. Ces associations fournissent de l’assistance médicale, des produits alimentaires de première nécessité et tout ce qui touche aux soins et à la nourriture des enfants en bas âge. Malgré cela, les réfugiés syriens se plaignent de manquer de beaucoup de choses et critiquent l’insuffisance des aides qui leur sont fournies.
Pourtant, des écoles ont été ouvertes à leur intention à Tripoli même, alors qu’un étage entier leur est réservé à l’hôpital al-Zahra dans la capitale du Nord. De plus, l’hôpital gouvernemental de Tripoli, l’hôpital Notre-Dame de la Paix à Kobeyate, l’hôpital Rahal et l’hôpital gouvernemental de Halba accueillent les blessés. Officiellement, ces réfugiés ne sont pas des combattants, et l’armée libanaise déployée au Nord et le long des frontières facilite leur arrivée au Liban. S’ils sont blessés, les soldats libanais les emmènent vers les hôpitaux ou vers les lieux d’accueil. Même lorsqu’ils empruntent les voies de passage clandestines, l’armée ne cherche pas à les arrêter et au contraire leur fournit toute l’aide requise. En dépit de la campagne menée par certains hommes politiques du Nord, l’armée libanaise est bien présente dans la région où elle déploie trois brigades, une force d’intervention et des commandos (qui ont pris la relève de l’unité héliportée) en plus des gardes-frontières. Elle a d’ailleurs montré que sa présence est indispensable, surtout depuis les affrontements entre Baal Mohsen et Bab el-Tebbaneh. Pourtant, certains habitants se plaignent de la lenteur de son déploiement en cas de rixe, mais les autorités militaires précisent à chaque fois que l’armée ne peut pas se déployer dans un lieu de conflit sans prendre des mesures, établir un plan et étudier préalablement la situation. Elle doit surtout éviter de faire des victimes au cours de ses opérations sur le terrain. L’armée libanaise sait d’ailleurs qu’en cette période particulièrement sensible, elle doit être vigilante et éviter d’être entraînée vers un camp ou un autre. La classe politique ne fait pas les mêmes calculs ayant d’abord en tête ses intérêts, ainsi que des considérations électorales.
L’armée libanaise se retrouve ainsi souvent en proie à un véritable casse-tête. Elle sait par exemple que de nombreux blessés syriens qu’elle convoie vers les hôpitaux sont des combattants de l’opposition, mais cela ne l’empêche pas de les aider, car elle fait la distinction entre l’aide humanitaire et les considérations militaires et politiques. Toutefois, lorsqu’un combattant est attrapé en possession d’armes, il est arrêté et déféré devant la justice compétente. Ce fut ainsi le cas du Syrien S.K. arrêté en possession de quatre revolvers dotés de silencieux, qui sont en général utilisés pour commettre des assassinats. Il a été arrêté et déféré devant la justice militaire... qui s’est empressée de le relâcher, en exigeant qu’il ne soit pas remis à la Sûreté générale afin de ne pas être rapatrié dans son pays. L’homme circule donc en toute liberté au Liban, comme d’ailleurs beaucoup de ses compatriotes, et l’armée ne peut pas intervenir, même pas pour réglementer le port d’armes. Le Liban avait déjà bien du mal avec les armes palestiniennes hors et à l’intérieur des camps, il devra faire face tôt ou tard à celui des armes des Syriens. Quelle que soit la position adoptée vis-à-vis de l’opposition syrienne, celle-ci ne devrait pourtant pas être autorisée à circuler avec ses armes à l’intérieur du pays. Mais la politique a ses raisons que l’armée ignore et celle-ci a du mal à remplir sa mission dans un tel contexte, d’autant que le dossier syrien attise les tensions confessionnelles et politiques et divise les Libanais.
Le dossier des réfugiés syriens, qui est avant tout une question humanitaire, risque donc de plus en plus de poser un problème sécuritaire au Liban et de se transformer en casse-tête, surtout si l’armée chargée de garantir la sécurité des citoyens et la paix civile n’a pas les mains libres pour agir. Ainsi, quatre Palestiniens membres de Fateh el-Islam qui avaient combattu l’armée pendant la bataille dans ce camp, avant de s’enfuir en Syrie, où ils ont soutenu l’opposition à Koussayr notamment, sont récemment retournés à Aïn el-Héloué. Les informations parvenues à l’armée annoncent qu’ils comptent se rendre de nouveau en Syrie. L’armée, qui encercle le camp, peut-elle les arrêter dans un contexte aussi délicat alors qu’ils sont accusés d’avoir tué des soldats pendant la bataille de Nahr el-Bared ? Quelle attitude adopter ? C’est dire que la crise syrienne devient chaque jour un peu plus pesante au Liban. Si les combats se poursuivent à ce rythme, leurs répercussions sur la scène libanaise ne peuvent que s’aggraver. Entre le dossier humanitaire et l’approche sécuritaire, le Liban est plus que jamais tributaire de la situation en Syrie...


http://www.lorientlejour.com/category/Liban/article/772504/Entre_approche_humanitaire_et_question_securitaire%2C_le_dossier_syrien_un_casse-tete_pour_l%27armee.html

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