The Lebanese Center for Human Rights (CLDH) is a local non-profit, non-partisan Lebanese human rights organization in Beirut that was established by the Franco-Lebanese Movement SOLIDA (Support for Lebanese Detained Arbitrarily) in 2006. SOLIDA has been active since 1996 in the struggle against arbitrary detention, enforced disappearance and the impunity of those perpetrating gross human violations.

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October 1, 2011

L'Orient le jour - Et maintenant, il va où ?, October 1, 2011




Trente-neuvième semaine de 2011.
Les règles du jeu sont claires. Lorsqu’un homme politique est en deçà de tout, en marge de son pays et de l’histoire, il est laminé. Le même, quel qu’il soit, lorsqu’il cible, en plein dans le mille, mérite d’être salué.
C’est un fait : Nagib Mikati a impeccablement réussi son escale new-yorkaise. Sur le papier.
Loin de cette farce risible qui a vu le Palais de Verre accueillir tour à tour, représentant le Liban, le chef de l’État puis le Premier ministre (il ne manquait pratiquement plus, pour présider une séance du Conseil de sécurité en ce septembre carnavalesque, que le caïmacam de Nabatiyeh ou le président de la municipalité de Zahlé...), ces mots dits clairement, nettement et précisément ont cette importance et ce piment particuliers qu’ils ne s’adressaient pas uniquement au dehors, à la communauté internationale, loin de là. Le TSL est aujourd’hui une réalité. Ou bien : Le Liban serait le grand perdant s’il ne contribuait pas au financement du TSL. Ou encore – un climax : Ce n’est pas mon rôle de prendre la place du juge pour déterminer si le dossier de l’accusation est pertinent ou pas.
Tout cela était naturellement destiné aux tympans des Quinze, Américains et Français en tête, et aux tympans de Ban Ki-moon et de tout le staff de la résolution 1575 ; mais plus encore, à ceux du Hezbollah et du CPL. D’ailleurs, le jour même, ce mardi 27 septembre, sans évidemment prendre la peine d’analyser ou de simplement réfléchir, Michel Aoun y allait avec la douceur d’un buffle en pleine galerie des Glaces, battant encore davantage son propre record du politiquement (très) obscène : Que Mikati prélève les 35 millions de dollars (pour le financement du TSL) sur sa fortune ou sur celle de son frère (Taha Mikati), estimée à 5 milliards de dollars ; que cela représente le prix des bonbons qu’il offre chez lui...
Bingo. Nagib Mikati a (donc) tout bon.
Il n’y a pas de hasard, ni de secrets : les Américains, par la voix de Hillary Clinton puis de Jeffrey Feltman, lui ont gentiment fait comprendre qu’il (et donc le Liban) allait bénéficier d’une période de grâce, alors que Washington n’avait pas hésité à dire tout haut, lorsqu’il s’est gracieusement proposé pour succéder à Saad Hariri, qu’il n’était rien d’autre que le chef du gouvernement du Hezbollah et de la Syrie. À tort ou à raison, le Premier ministre a droit à une inédite et pour lui salutaire seconde chance, et c’est sans aucun doute l’ensemble des grandes puissances occidentales qui la lui donnent – sachant que le Trésor US continue de fouiller, minutieusement, dans les liens financiers entre les Mikati d’un côté, la Syrie et les Assad de l’autre.
Un véritable examen de passage (ou un troc, ou un chantage ?...) qui oblige le Premier ministre du Liban comme jamais. Et à tous les niveaux.
De l’oral à l’écrit, il y a loin de la coupe aux lèvres. S’il passe pour un menteur, s’il se dédit, si les promesses multipliées du cœur même de la planète, de ce Conseil de sécurité dont il a été le bref mais retentissant maître de cérémonie restent lettre morte, Nagib Mikati perdra le peu, le très maigre mais primordial crédit qu’il a su regagner. Il est forcé d’aller jusqu’au bout : non seulement d’assurer le quote-part du Liban dans le financement du TSL pour cette année et pour toutes celles à venir, mais aussi, et surtout, de ne pas toucher au protocole d’engagement et de coopération, dûment signé par Beyrouth à la naissance de cette indispensable, de cette urgente et vitale instance juridique créée dans une banlieue néerlandaise. Il a le choix d’y parvenir sans gloire et sans style, en se cachant derrière un décret présidentiel itinérant ou une proposition parlementaire revêtue du caractère de double urgence ; ou alors, de faire ce pour quoi il est payé avec un sacré panache : en assumant son rôle.
C’est loin d’être gagné. Milicien jusqu’au bout, que ce soit sur le terrain ou intellectuellement, le Hezbollah pense sérieusement peser de tout son poids pour, au moins, réussir à dénaturer la charte Liban-TSL – sans oublier, sûrement, un CPL plus mussolinien que jamais. Nagib Mikati ? Combien de divisions ? doit doucement ricaner le 8 Mars. Comment le n°3 de l’État compte-t-il négocier le financement du TSL avec le gros deux-tiers de son gouvernement ? Où veut-il, où peut-il aller ?
Qu’il fasse ce qu’il veut. Qu’il aille où il veut. Mais pas à Damas. Quelle qu’en soit la raison. Aller s’asseoir à la même table que les caciques d’un régime qui massacre au quotidien ses coreligionnaires équivaudrait pour Nagib Mikati à un pathétique suicide (politique). Les Assad ont désespérément besoin d’une garantie sunnite, que ni le Saoudien ni l’Égyptien et encore moins le Turc entendent lui donner. Quant au peuple de Syrie, avec tout le respect qu’il peut porter à ces gens-là, il se moque royalement de toutes ces cautions, à commencer par les libanaises, qu’elles s’appellent Sélim Hoss, Omar Karamé, ou même Fouad Siniora ou Saad Hariri.
Un homme, un seul, aurait galvanisé ces Syriens martyrisés. Rafic Hariri. Il est mort. Assassiné. Et tous deux partagent le même bourreau.

P.S. : Le député Jamal Jarrah a raconté hier sur la chaîne Akhbar al-Mostaqbal que le ministre de la Justice, Chakib Cortbawi, a récemment convoqué la juge Élise Chabtini pour lui dire que Michel Aoun est d’accord pour la nommer à la tête du Conseil supérieur de la magistrature en contrepartie de la libération de Fayez Karam, accusé d’intelligence avec Israël. Si l’histoire du parlementaire haririen est exacte, cela sera furieusement inouï. Surtout que la juge Chabtini est, de l’avis général, d’une probité absolue ; que c’est elle, des femmes et des hommes comme elle qui incarnent le vrai changement, la véritable réforme. Inouï.


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