Arrivé hier à Beyrouth (entouré d’un
dispositif de sécurité ahurissant) en provenance de Amman, le ministre français
des Affaires étrangères Laurent Fabius a écarté une nouvelle fois toute
éventuelle aide militaire de la France aux rebelles syriens. « L’aspect
militaire, c’est l’affaire des Syriens. Il y a aussi l’aspect politique »,
a-t-il affirmé à l’aéroport international Rafic Hariri. « Il faut une
transition politique et (pour cela) il y a une série de discussions
actuellement avec les pays arabes et entre les différentes puissances pour
favoriser cette transition. Mais c’est aux Syriens eux-mêmes que la décision
appartient », a-t-il martelé.
Selon les milieux des responsables (Nabih Berry, Nagib Mikati, Adnane Mansour) qui ont rencontré M. Fabius, ce dernier a assuré à ses interlocuteurs l’appui de la France au gouvernement dans sa tentative d’éviter les retombées de la crise syrienne sur le pays du Cèdre. Fabius a ainsi soutenu les efforts déployés en ce sens par le tandem Sleiman-Mikati. Il a aussi exprimé l’inquiétude de la France face aux tentatives d’assassinat qui ont visé des personnalités libanaises. Fabius a encore condamné les incidents violents au nord du Liban et a encouragé la reprise du dialogue national.
Pour ces milieux, le dossier syrien a pesé sur ses discussions avec les responsables libanais, et le ministre français a rencontré à la Résidence des Pins une délégation de l’opposition syrienne. Les noms des membres de cette délégation n’ont pas été révélés. Les milieux politiques affirment que M. Fabius annoncera une aide d’un million d’euros de la France consacrée aux réfugiés syriens au Liban, en plus de sa contribution à l’aide aux réfugiés accordée par l’Union européenne. Il aurait d’ailleurs exprimé sa satisfaction devant l’accueil réservé par les Libanais aux réfugiés syriens et les facilités qui leur sont accordées, notamment au Nord et dans la Békaa, réaffirmant la nécessité de respecter le droit d’asile pour les réfugiés et le principe de refus de les extrader vers leur pays, qu’ils soient civils ou militaires déserteurs, à condition qu’ils ne soient pas armés. À cet égard, M. Fabius a écouté les explications des responsables libanais sur l’extradition de 14 Syriens, exprimant toutefois sa vive désapprobation, d’autant que certaines personnes parmi les 14 extradées sont des militants antirégime.
Si ces sujets étaient prévisibles, le ministre français a toutefois soulevé une nouvelle question, celle des Palestiniens qui ont fui la Syrie en raison de la violence et qui se sont réfugiés au Liban. M. Fabius a révélé que la France entreprend des contacts avec l’Unrwa pour les aider, sachant que cette organisation des Nations unies souffre actuellement d’un manque de budget.
Le chef de la diplomatie française a encore développé devant ses interlocuteurs libanais les efforts déployés par la France pour obtenir une transition politique du pouvoir en Syrie et pour assurer un dialogue entre les différentes factions syriennes. Il a dénoncé le blocage russo-chinois au Conseil de sécurité, rappelant que la France tente d’obtenir le vote d’une résolution internationale humanitaire, d’autant que près de 2 millions de Syriens ont désormais besoin d’une aide urgente. Enfin, Fabius a réaffirmé l’importance des relations bilatérales entre la France et le Liban, qui se concrétise dans la contribution française à la Finul, et a annoncé que son pays allait donner une aide à un des ministères libanais d’un montant de 35 millions d’euros dans le cadre du programme Paris III.
http://www.lorientlejour.com/category/Liban/article/773780/Fabius_rencontre_une_delegation_de_l%27opposition_syrienne_a_Beyrouth.html
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