La chaîne du Hezbollah lutte pour préserver sa présence
sur le Net.
Loin des champs de bataille, le Hezbollah est engagé dans
une "guerre de position virtuelle" sur les principaux réseaux
sociaux, où maintenir la présence de sa chaîne de télévision, al-Manar, se
révèle une opération bien difficile.
"En trois ans, Facebook a éliminé huit comptes
ouverts par al-Manar TV, explique Waël Karaki, responsable au département Web
de la chaîne. Nous avons encore essayé d’en ouvrir un hier et un autre
aujourd’hui (mercredi), mais à chaque fois c’est la même histoire : nous
recevons un message qui nous renvoie vers la page des 'Standards de la communauté
Facebook' où différents motifs probables pour la
fermeture d'un compte sont énoncés", dont ‘incitation à la violence ou à
la haine’, ‘intimidation ou harcèlement’, ‘publication de contenu choquant’,
etc.
En effectuant une recherche simple sur Facebook avec la
mention "al-Manar", l’internaute tombe pourtant sur une série de
pages portant le même nom que la chaîne hezbollahie. "La seule page
officielle est celle dont le lien est visible et accessible via le site Web de
Manar, précise M. Karaki. Les autres pages ont probablement été créées par des
fans de la chaîne".
Sur Twitter et YouTube, les déboires d’al-Manar sont d’un
autre registre. Sur Twitter, le compte d’al-Manar est toujours actif (@almanarnews),
mais la chaîne dénonce la présence d’un faux compte affichant le même logo et
le même nom (@almanartv) et
diffusant de l’intox sur le Hezbollah. "@almanartv induit les internautes
en erreur en leur faisant croire que c’est le compte officiel de la chaîne,
affirme M. Karaki. Les administrateurs du compte twittent beaucoup de nouvelles
tirées de notre site, mais laissent filtrer, de temps à autre, des informations
mensongères concernant le Hezbollah."
Le 18 juillet dernier, jour de l’attentat perpétré à
Damas contre le contre le bâtiment de la Sécurité nationale, le faux compte
Twitter d’al-Manar avait annoncé que le Hezbollah avait décrété trois jours de
deuil en raison de la mort de hauts responsables syriens, dont le général
Hassan Turkméni, le ministre de la Défense Daoud Rajha et Assef Chawkat,
vice-ministre de la Défense et beau-frère de Bachar el-Assad. L’information,
qui a été reprise par de nombreux médias au Liban, avait suscité plusieurs
réactions enflammées sur les réseaux sociaux, les internautes accusant le
Hezbollah de gérer un mini-Etat au sein de l’Etat. Le parti avait dû démentir
l'information.
Une annonce d'al-Manar mettant en
garde contre le faux compte créé en
son nom sur Twitter.
Aujourd'hui, c'est aussi avec sa présence digitale sur
les téléphones mobiles que le Hezbollah a des problèmes. Les compagnies
américaines Apple et Google viennent de supprimer de leurs sites respectifs
(App Store et Google Play) les applications de la chaîne libanaise, plusieurs
jours après leur validation. "La décision d’Apple est tombée (mardi) soir
et nous avons reçu une annonce de Google aujourd’hui allant dans le même sens,
assure M. Karaki. Les deux compagnies ont évoqué un problème avec leur
politique relative au contenu de l'application d'al-Manar". Selon lui,
l’application de la chaîne du Hezbollah sur App Store était disponible depuis
deux jours et avait été téléchargée plus de 3.200 fois avant sa suppression.
L’application Android était quant à elle disponible sur Google Play depuis près
d’un mois et avait été téléchargée 22.000 fois.
Le Hezbollah est placé sur la liste noire américaine des
organisations terroristes. A ce titre, il est interdit aux ressortissants
américains de réaliser des transactions avec ce parti. En 2004, le département
d’État américain avait en outre suspendu la diffusion d’al-Manar, plaçant la
chaîne sur "la liste des organisations terroristes, en raison de ses
incitations à commettre des activités terroristes". La retransmission
satellitaire d’al-Manar est également suspendue dans plusieurs pays européens,
dont la France et les Pays-Bas.
S’abstenant de lancer des accusations contre un groupe
particulier, Waël Karaki affirme qu’il s’agit d’une campagne orchestrée par des
"personnes qui veulent nuire à l’image d’al-Manar", et par extension
au Hezbollah.
Sur leur site Internet, l'Anti-Defamation League (ADL),
une ONG américaine pro-israélienne, s’est félicitée de la décision des deux
géants américains du Web. ADL affirme
avoir envoyé une série de lettres à Apple pour dénoncer la validation de
l’application de la chaîne al-Manar qu’elle décrit comme une "source de
propagande anti-américaine et anti-israélienne".
http://www.lorientlejour.com/category/Liban/article/771461/Les_deboires_d%27al-Manar_sur_les_reseaux_sociaux.html
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