Les médias jettent de l’huile sur le feu, explique Roger Eddé au chef de l’Église maronite.Photo Émile Eid
Le patriarche maronite, le cardinal Nasrallah Sfeir, souhaite que le débat sur l'acte d'accusation du TSL « soit restreint au Conseil des ministres », a affirmé hier le président du Conseil central maronite, Wadih el-Khazen, qui lui a rendu visite.
Rapportant pour les journalistes l'essentiel de son entretien avec le patriarche, M. Khazen a ajouté que le patriarche pense qu'éventuellement, « la réunion de la commission nationale pour le dialogue pourrait être avancée », pour permettre l'examen de cette question. Le patriarche « ne voit pas quel intérêt le Liban tire de la poursuite d'échanges venimeux qui augurent d'une discorde », a encore dit l'ancien ministre du Tourisme.
Sur un autre plan, le patriarche a reçu Roger Eddé, ainsi que Robert Boulos et les membres de la Rencontre chrétienne du Machrek, une association œcuménique qui prépare un congrès sur les chrétiens de cette partie du monde.
Une réappréciation du modèle libanais
Sur un autre plan, dans un message adressé à un congrès de la Fondation Issam Farès sur « Le renouveau du rôle des chrétiens dans le Machrek arabe », le patriarche maronite a affirmé que ce renouveau passe par « une nouvelle appréciation de l'expérience libanaise » comme modèle de société politique.
Abordant de front la problématique de la présence chrétienne, face aux États de la région, le patriarche a souhaité l'instauration, dans le Machrek arabe, d'États qui seraient garants de la démocratie, de la communauté de vie islamo-chrétienne et de l'égalité civique entre toutes les communautés.
« Le climat politique et le changement de mentalité sont les deux données les plus urgentes et déterminantes, en ce qui concerne une présence chrétienne active dans le Machrek arabe, car elles sont le préalable indispensable à un développement durable et global des multiples facettes de la vie humaine qui attire le chrétien vers l'Occident », a ajouté le patriarche.
Critique des dictatures
Dans son message, lu par l'évêque Samir Mazloum, le patriarche a critiqué les régimes dictatoriaux de la région, estimant qu'ils sont les premiers responsable du recul du rôle des chrétiens dans la région.
L'absence de démocratie, qu'elle soit pour des raisons idéologiques, religieuses ou numériques, figure parmi les plus importantes causes d'émigration des habitants du Machrek, aussi bien des chrétiens que des musulmans, a encore dit le patriarche Sfeir, mais son impact sur la présence des chrétiens est certainement plus fort. Et d'ajouter : « En effet, d'une part, le recul en nombre des chrétiens est plus visible, et, d'autre part, un chrétien est plus sensible à la marginalisation de son rôle, car un musulman, même s'il en souffre, ne saurait s'expliquer cette marginalisation par le fait qu'il fait partie d'une minorité. »
Le patriarche a prôné, à l'égard des chrétiens, la remise à l'honneur d'une « discrimination positive » à l'américaine qui avait cours auparavant. Il a noté qu'alors qu'en quelques décades, cette discrimination a permis l'accession à la présidence américaine d'un Noir, le monde arabe a régressé d'autant, puisque la présence des chrétiens dans les sphères dirigeantes est de moins en moins significative.
Le patriarche a enfin rappelé que les patriarches maronites ont insisté, en 1920, pour élargir les frontières du Liban, au risque de ne plus être majoritaires, pour éviter de créer au Machrek une enclave maronite qui, avec le temps, aurait perdu en influence ce qu'elle aurait conquis en indépendance.
Ont également pris la parole, samedi, William Bou Habib, au nom de la Fondation Issam Farès, l'historien Kamal Salibi, le ministre Tarek Mitri et cheikh Hani Fahs.
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