Surpeuplée et vétuste, la prison de Baalbeck est un
exemple de la négligence qui touche les prisons de régions périphériques comme
la Békaa.
L’association Offre-Joie a récemment lancé son opération
« Pull du prisonnier ». À cette occasion, ses équipes ont pu visiter
trois prisons de la Békaa, dont celle de Baalbeck.
La prison se trouve en plein centre-ville. De l’extérieur, on croirait une simple gendarmerie de quartier. Le bâtiment ne comporte ni barbelés ni protections spécifiques. Alors que le visiteur passe la porte d’entrée, une énorme goutte glacée lui tombe sur le front, puis une multitude d’autres pendant la visite. C’est que l’humidité règne en maître à la prison de Baalbeck. Le hall donne sur une courette couverte de boue et d’eau, où il faut attendre l’ouverture de la deuxième grille.
À gauche de celle-ci, les gardiens ont leurs bureaux. Ils donnent l’impression d’être surchauffés tant le froid est perçant à l’extérieur. À droite, on distingue les ombres de quelques détenus qui fument leurs cigarettes et qui observent les visiteurs à travers un grillage plus serré. Le froid est intense en dépit des manteaux portés. Les prisonniers semblent s’y être habitués. Ils sont plutôt légèrement vêtus. Certains sont même pieds nus.
Dans la cour visitée en premier, le sol est trempé et l’eau ruisselle de partout malgré le toit. Les deux cours de la prison sont recouvertes d’un toit qui cache aux prisonniers la vue du ciel et la lumière du soleil, mais qui ne les protège pas de la pluie. Un gardien explique que les toits rendent la prison glaciale l’hiver, mais étouffante l’été. Les percées de lumière que procurent les toits des cours constituent le peu de soleil que les détenus peuvent apercevoir puisque leurs cellules n’ont aucune fenêtre.
Cap sur la cellule de droite. La pièce mesure environ 4 mètres sur 4. Un minuscule réchaud donne à la pièce une température agréable, à condition cependant d’avoir un manteau. Une dizaine d’hommes (ils vivent à quatorze dans la cellule) sont assis le long des murs sur de minces matelas pliés en deux. Une fois dépliés, ils leur servent de lit la nuit. Le sol est entièrement recouvert de tapis et la plupart des hommes sont d’ailleurs en chaussettes ou pieds nus. Au-dessus de leurs têtes, sont alignées de grosses cartouches de cigarettes vides. Accrochées au mur, elles leur servent de placards. Ça et là, des serviettes et du linge pendent sur des ficelles. Dans un coin de la pièce, du café chauffe dans une minuscule cafetière sur une plaque électrique.
Sur le mur, les prises électriques, brûlées et déformées, constituent un réel danger.
L’ambiance est chaleureuse et détendue. La plupart des détenus semblent regretter de ne pas pouvoir communiquer. Soudain, un homme plus âgé que les autres et qui parle un très bon français souligne l’état d’isolement de la prison lorsqu’il demande quel temps il fait « en bas », si la route du col de Baydar est ouverte, ou encore si la circulation est dense.
Dans la cellule numéro 2, la promiscuité est identique à la précédente. Les hommes sont assis désœuvrés mais souriants autour du chauffage. L’atmosphère change dans la cellule suivante. Dans une pièce de 8 mètres sur 4, sans la moindre aération, vivent quarante détenus. Leur nombre est tel qu’il est difficile de les distinguer tous en entrant. L’odeur qui y règne est insupportable. Les toilettes, dont la porte est entrouverte, y participent largement. Dans une pièce minuscule recouverte de carrelage, dont on ne devine plus la couleur, les détenus ont des WC turcs et un tout petit lavabo.
Le chef de cellule et un gardien ouvrent les douches. Il y en a quatre pour 101 détenus, ouvertes deux heures, deux fois par jour : le matin et en soirée. Mais elles n’ont de douches que le nom, car il s’agit en réalité de cabines dans lesquelles les détenus doivent se laver à l’aide de petits seaux. Deux tonneaux d’eau chaude sont à leur disposition. Mais vu leur nombre, ni la quantité d’eau chaude ni les horaires ne conviennent.
Le bruit de la visite des équipes d’Offre-Joie a déjà fait le tour de la prison. On se presse pour venir les chercher pour qu’elles puissent visiter la cellule suivante. La pièce est plus petite que la cellule précédente, mais vingt-neuf hommes y vivent dans les mêmes conditions.
À mesure que le temps passe, l’ambiance change. Il est bientôt 16h30, l’horaire des visites touche à sa fin et les gardiens ne se gênent pas pour le préciser. Pourtant, la dernière cellule de la prison mérite qu’on s’y arrête plus longuement. Il s’agit de ce qui est censé servir de cellule d’isolement. Une pièce principale contient trois minuscules cellules d’un mètre sur deux chacune. Deux détenus vivent dans chacune d’elles. Cinq hommes sont installés dans le couloir. Celui-ci mesure environ un mètre de large sur cinq mètres de long. Les cinq détenus sont assis les uns à côté des autres dans le sens de la longueur. Leur nombre ne leur permet pas de changer de position, étendre leurs jambes ou dormir allongés.
La fin de la visite coïncide avec la sortie des poubelles. Pour les détenus, il s’agit de leurs dernières minutes dans la cour. À 17h, chacun rejoindra sa cellule jusqu’à 8h le lendemain matin
La prison se trouve en plein centre-ville. De l’extérieur, on croirait une simple gendarmerie de quartier. Le bâtiment ne comporte ni barbelés ni protections spécifiques. Alors que le visiteur passe la porte d’entrée, une énorme goutte glacée lui tombe sur le front, puis une multitude d’autres pendant la visite. C’est que l’humidité règne en maître à la prison de Baalbeck. Le hall donne sur une courette couverte de boue et d’eau, où il faut attendre l’ouverture de la deuxième grille.
À gauche de celle-ci, les gardiens ont leurs bureaux. Ils donnent l’impression d’être surchauffés tant le froid est perçant à l’extérieur. À droite, on distingue les ombres de quelques détenus qui fument leurs cigarettes et qui observent les visiteurs à travers un grillage plus serré. Le froid est intense en dépit des manteaux portés. Les prisonniers semblent s’y être habitués. Ils sont plutôt légèrement vêtus. Certains sont même pieds nus.
Dans la cour visitée en premier, le sol est trempé et l’eau ruisselle de partout malgré le toit. Les deux cours de la prison sont recouvertes d’un toit qui cache aux prisonniers la vue du ciel et la lumière du soleil, mais qui ne les protège pas de la pluie. Un gardien explique que les toits rendent la prison glaciale l’hiver, mais étouffante l’été. Les percées de lumière que procurent les toits des cours constituent le peu de soleil que les détenus peuvent apercevoir puisque leurs cellules n’ont aucune fenêtre.
Cap sur la cellule de droite. La pièce mesure environ 4 mètres sur 4. Un minuscule réchaud donne à la pièce une température agréable, à condition cependant d’avoir un manteau. Une dizaine d’hommes (ils vivent à quatorze dans la cellule) sont assis le long des murs sur de minces matelas pliés en deux. Une fois dépliés, ils leur servent de lit la nuit. Le sol est entièrement recouvert de tapis et la plupart des hommes sont d’ailleurs en chaussettes ou pieds nus. Au-dessus de leurs têtes, sont alignées de grosses cartouches de cigarettes vides. Accrochées au mur, elles leur servent de placards. Ça et là, des serviettes et du linge pendent sur des ficelles. Dans un coin de la pièce, du café chauffe dans une minuscule cafetière sur une plaque électrique.
Sur le mur, les prises électriques, brûlées et déformées, constituent un réel danger.
L’ambiance est chaleureuse et détendue. La plupart des détenus semblent regretter de ne pas pouvoir communiquer. Soudain, un homme plus âgé que les autres et qui parle un très bon français souligne l’état d’isolement de la prison lorsqu’il demande quel temps il fait « en bas », si la route du col de Baydar est ouverte, ou encore si la circulation est dense.
Dans la cellule numéro 2, la promiscuité est identique à la précédente. Les hommes sont assis désœuvrés mais souriants autour du chauffage. L’atmosphère change dans la cellule suivante. Dans une pièce de 8 mètres sur 4, sans la moindre aération, vivent quarante détenus. Leur nombre est tel qu’il est difficile de les distinguer tous en entrant. L’odeur qui y règne est insupportable. Les toilettes, dont la porte est entrouverte, y participent largement. Dans une pièce minuscule recouverte de carrelage, dont on ne devine plus la couleur, les détenus ont des WC turcs et un tout petit lavabo.
Le chef de cellule et un gardien ouvrent les douches. Il y en a quatre pour 101 détenus, ouvertes deux heures, deux fois par jour : le matin et en soirée. Mais elles n’ont de douches que le nom, car il s’agit en réalité de cabines dans lesquelles les détenus doivent se laver à l’aide de petits seaux. Deux tonneaux d’eau chaude sont à leur disposition. Mais vu leur nombre, ni la quantité d’eau chaude ni les horaires ne conviennent.
Le bruit de la visite des équipes d’Offre-Joie a déjà fait le tour de la prison. On se presse pour venir les chercher pour qu’elles puissent visiter la cellule suivante. La pièce est plus petite que la cellule précédente, mais vingt-neuf hommes y vivent dans les mêmes conditions.
À mesure que le temps passe, l’ambiance change. Il est bientôt 16h30, l’horaire des visites touche à sa fin et les gardiens ne se gênent pas pour le préciser. Pourtant, la dernière cellule de la prison mérite qu’on s’y arrête plus longuement. Il s’agit de ce qui est censé servir de cellule d’isolement. Une pièce principale contient trois minuscules cellules d’un mètre sur deux chacune. Deux détenus vivent dans chacune d’elles. Cinq hommes sont installés dans le couloir. Celui-ci mesure environ un mètre de large sur cinq mètres de long. Les cinq détenus sont assis les uns à côté des autres dans le sens de la longueur. Leur nombre ne leur permet pas de changer de position, étendre leurs jambes ou dormir allongés.
La fin de la visite coïncide avec la sortie des poubelles. Pour les détenus, il s’agit de leurs dernières minutes dans la cour. À 17h, chacun rejoindra sa cellule jusqu’à 8h le lendemain matin
Par Julia DUMONT
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