The Lebanese Center for Human Rights (CLDH) is a local non-profit, non-partisan Lebanese human rights organization in Beirut that was established by the Franco-Lebanese Movement SOLIDA (Support for Lebanese Detained Arbitrarily) in 2006. SOLIDA has been active since 1996 in the struggle against arbitrary detention, enforced disappearance and the impunity of those perpetrating gross human violations.

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September 25, 2010

L'Orient le jour - Entre l’enclume du Tribunal et le marteau du Hezbollah - September 25, 2010

Par Émile Khoury

Le commentaire
La suppression du Tribunal international ou la guerre civile. Encore une fois, les Libanais se trouvent placés devant un choix des plus difficiles. Toute leur histoire n'est d'ailleurs que cela. En 1943, ils devaient choisir entre l'union avec la Syrie et l'indépendance, après le départ des Français. En 1969, entre la guerre avec les Palestiniens ou cette convention du Caire qui n'a fait que retarder l'échéance fatale. En 1989, entre le traité de Taëf avec tutelle syrienne et le retour au canon. Toujours la menace, toujours le chantage. Mais rarement aussi éhontément qu'aujourd'hui. Les Libanais sont en effet sommés d'accepter l'abolition du TSL et la non-publication de l'acte d'accusation, sous peine d'une guerre interne confessionnelle qui risquerait de mettre le feu à la région car elle opposerait les sunnites aux chiites.
Une injonction d'autant plus inadmissible qu'elle est absurde. Car régler son compte au TSL, cela ne dépend pas d'eux et ils n'ont aucun moyen d'y parvenir. Tout ce qu'ils peuvent faire, c'est cesser d'honorer leur écot de 49 % dans le financement du tribunal. Mais c'est bien peu de choses, et nombre de pays, sinon l'ONU elle-même, peuvent facilement assurer le débours.

Le député Sleimane Frangié tire la sonnette d'alarme. Il appelle à un arrangement mettant le Liban à l'abri d'une guerre dévastatrice. Et de surcroît inutile puisqu'au bout du compte, elle se terminerait par un arrangement imposé par les puissances, comme cela a été toujours le cas. Donc, arrangement pour arrangement, autant y aller sans qu'il y ait destruction, répète-t-il.
Mais il n'est évidemment pas en mesure de préciser la nature, ni même les contours, de cet accord si nécessaire. Car cela dépend des concertations, des échanges et des négociations entre les protagonistes. Et même entre toutes les parties libanaises, du moment qu'elles sont toutes concernées. Mais en pratique, on peut envisager un début de prise de contact. Soit une rencontre entre le président du Conseil, Saad Hariri, chef du Courant du futur, et sayyed Hassan Nasrallah, secrétaire général du Hezbollah. Soit, à l'initiative du chef de l'État, le président Michel Sleiman, le traitement du problème par le comité national de dialogue. Soit encore, puisque le facteur extérieur ne peut être ignoré, de nouvelles résolutions syriennes et saoudiennes, prises dans le cadre d'un sommet entre le roi Abdallah et le président Assad. Mais cette fois avec consultation, et aval, de l'Iran d'un côté, de l'Égypte de l'autre, phares incontournables l'un pour les chiites et l'autre pour les sunnites libanais. Il reste à savoir si les parties extérieures ont ou non intérêt à vouloir consolider la stabilité du Liban, et si certaines d'entre elles ne préfèrent pas voir éclater une guerre dont elles pourraient tirer profit.

Précédent
Comme en 1975. L'affaire du bus de Aïn el-Remmaneh avait allumé une guerre libano-palestinienne qui, par la suite, en a engendré bien d'autres. La tragédie a duré 15 ans, jusqu'à Taëf. C'est-à-dire jusqu'à l'intervention étrangère, décidée par les capitales qui ne voyaient plus d'avantages, mais des inconvénients, à tirer du conflit libanais. En irait-il de même en cas de nouvelle explosion chez nous ? Qui aiderait qui, pour commencer, et ensuite qui serait chargé de la pacification, la Syrie, une force arabe, une force multinationale, la Finul ?
Et puis, que ferait Israël si le désarmement du Hezbollah n'était pas prévu dans l'arrangement ? Dans les années quatre-vingt, après avoir purgé les Syriens jusqu'au Nord, il avait accepté de les rétablir dans une tutelle renforcée sur le Liban moyennant l'expulsion de Arafat vers la Tunisie, ce dont ils s'étaient volontiers chargés car il les gênait. Le parallèle est simple : Israël ne redonnerait carte blanche aux Syriens que s'ils désarment le Hezbollah.
En outre, cet arrangement préventif que le député Frangié appelle pertinemment de ses vœux, sur quoi se fonderait-il ?
Sur un Saad Hariri que ses contempteurs pressent de se comporter en chef de gouvernement de tout le Liban et non plus, selon leurs termes, en héritier du sang ? C'est-à-dire qu'il devrait cesser non plus seulement de réclamer justice, de voir les coupables châtiés, mais aussi de demander que toute la lumière soit faite sur la vérité. Ils n'hésitent pas à ajouter qu'en renonçant à sa quête, Saad Hariri ferait que le sang de son père aurait redonné au Liban son indépendance, sa liberté, sa souveraineté et l'aurait sauvé d'une discorde, d'une guerre civile mortelle.
Ces vues, ces assertions des minoritaires sur une question aussi sensible peuvent paraître indélicates et hors sujet. Car ce n'est pas la seule personne de Saad Hariri qui est concernée, mais toute la famille du regretté président martyr, et quelque part, le sens humain même, sans parler de la morale. Enfin, redisons-le, quoi que fassent les Libanais, de quelque côté qu'ils soient, le tribunal international ne va pas arrêter ses travaux et l'acte d'accusation est inéluctable.
Il reste à signaler que le 8 Mars est partagé actuellement entre deux avis. Les uns sont d'accord avec Sleimane Frangié pour estimer qu'il faut un arrangement-bouclier sans tarder. Les autres pensent qu'il faut attendre l'acte d'accusation. Peut-être, disent-ils, que le Hezbollah n'y est pas impliqué. Et peut-être aussi que le tribunal lui-même n'avalisera pas le réquisitoire et voudra un supplément d'enquête. Sauf que, répliquent les tenants de l'arrangement immédiat, une fois que l'acte d'accusation aura paru, le Hezbollah n'attendra pas, quant à lui, pour réagir que le tribunal ait donné son avis.

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