Par Lélia Mezher | 07/04/2011
Texto Les organisations des droits de l'homme autant libanaises qu'étrangères sont toutes d'accord sur un point : l'état du monde carcéral libanais est totalement lamentable.
Cette situation ne date certes pas d'hier, elle est le fruit de l'accumulation de politiques léthargiques et très peu soucieuses de la chose publique, encore moins, d'ailleurs, du bien-être des prisonniers.
Comment en effet s'inquiéter du bien-être de ces derniers - ou peut-être simplement de la décence de leurs conditions de vie - lorsqu'on est incapable de satisfaire les besoins les plus élémentaires des autres citoyens, ceux qui sont parfaitement en règle avec la loi, ceux qui, par conséquent, doivent s'attendre à ce que l'État remplisse ses obligations à leur égard...?
Il ne faut pas rêver. Ou peut-être est-il devenu temps, peut-être est-il plus que jamais le moment opportun pour rêver. Car jamais le Liban n'a connu de Forces de sécurité intérieure aussi ouvertes au dialogue, jamais un ministre de l'Intérieur n'a autant tenu à ouvrir un dialogue direct avec des prisonniers qui sont incarcérés au nom de la loi mais que la justice elle-même a choisi - délibérément ou non - d'ignorer royalement. Comme l'ont répété les médias à l'envi, ces derniers jours, la grande majorité des détenus sont incarcérés certes, mais sans jugement.
Tout cela pour dire que oui, les revendications, les coups de gueule, les cris de colère autant des prisonniers que ceux de leurs proches sont justifiés, justifiables et compréhensibles. Tant aux yeux de la loi que sur le plan purement humain.
Mais si cette mutinerie qui s'éternise n'avait été vraiment que ce qu'elle prétend être, à savoir... une mutinerie, il y a fort à parier que les prisonniers auraient au moins tenu à prendre leur mal en patience pour mettre à l'épreuve la bonne volonté tous azimuts affichée par le ministre de l'Intérieur.
Mais, déformation purement libanaise ou non, derrière chaque sursaut sécuritaire, il est commun, banal, évident d'y déceler un complot à l'échelle nationale.
Le pire dans tout cela, c'est d'avoir choisi d'exploiter l'un des viviers de la misère humaine au Liban : la prison. Cette institution dont chaque citoyen devrait avoir le plus honte. Et qui multiplie à l'infini le désespoir de ceux qui y croupissent, au lieu, au contraire, d'être un lieu qui offre une réhabilitation, une réinsertion sociale potentielles...
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