The Lebanese Center for Human Rights (CLDH) is a local non-profit, non-partisan Lebanese human rights organization in Beirut that was established by the Franco-Lebanese Movement SOLIDA (Support for Lebanese Detained Arbitrarily) in 2006. SOLIDA has been active since 1996 in the struggle against arbitrary detention, enforced disappearance and the impunity of those perpetrating gross human violations.

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January 24, 2015

L'orient le jour - Dans les mains des petits réfugiés syriens, des caméras, January 24, 2015



Patricia Khoder




Ils sont là depuis plus de trois ans et nombre d'entre nous tentent, tant bien que mal, de zapper leur présence ou de minimiser leur souffrance quotidienne.
L'exposition conjointe de l'Unicef et de Zakira ainsi qu'un documentaire d'une vingtaine de minutes projeté jeudi soir, lors de l'inauguration, étaient comme un retour à la réalité. Et cela à travers leurs photos ou leurs petites histoires racontées devant la caméra, une caméra qui montre les émotions avec beaucoup de retenue pour que ces émotions deviennent plus puissantes.

« Cela fait trois ans que nous sommes là, nous ne pouvons plus rentrer chez nous, et pourtant la Syrie est derrière cette montagne », indique une fillette qui a surtout envie de revoir ses jouets en Syrie. « J'avais plein de poupées. Ici je n'ai plus rien », dit-elle avec un sourire mélancolique.
Un petit garçon raconte de son côté que ses parents possédaient une grande maison en Syrie. « Maintenant, elle est détruite. Quand nous rentrerons, nous allons inévitablement la construire, mais peut être aussi que nous allons habiter sous une tente en Syrie en attendant », note-t-il.

Les enfants parlent de leur vie dans les camps du Liban, des travaux qu'ils font au quotidien, du froid, de la pluie, de la neige et des tentes qui peuvent s'écrouler sous le poids du lourd manteau blanc...
Rouqaya, 12 ans, originaire d'al-Raqqa, vit au Liban depuis trois ans. C'est elle qui a présenté l'exposition devant une salle comble. Elle allait à l'école avant la guerre en Syrie. Elle menait une vie normale comme tous les enfants de son âge. Aujourd'hui, elle n'a plus le temps d'aller en classe, même pas à l'école du camp qu'elle habite actuellement. Tous les matins, Rouqaya part travailler dans la plaine cueillir des pommes de terre. Les jours de pluie, elle se rend dans un hangar où elle trie les pommes de terre et les oignons. « Quand j'étais en Syrie, je voulais devenir médecin ou professeur. Maintenant, je rêve de devenir journaliste pour raconter au monde entier la souffrance du peuple syrien », indique-t-elle à L'Orient-Le Jour.
Ce qu'elle déteste le plus, c'est quand les gens désignent les Syriens comme « réfugiés ». « C'est-à-dire que nous sommes des moins que rien. Mais nous avons un pays. Nous n'avons pas toujours été des réfugiés ; nous sommes des Syriens », dit-elle.

Le projet a nécessité plus d'un an pour être concrétisé. L'équipe de Zakira a visité 63 campements champignons au Liban, se rendant 238 fois sur place, encourageant les enfants à dessiner et à raconter des histoires, leur donnant ensuite des caméras, leur apprenant l'utilisation. Il fallait choisir parmi les photos et la tâche était loin d'être facile.

Ramzi Haïdar, ancien photographe à l'AFP et fondateur de Zakira et de Dar al-Moussawer, qui a couvert diverses guerres dans la région, souligne qu'il a « surtout été frappé par la violence des enfants dans les campements syriens ». « Ils sont surtout violents entre eux. Cette violence se traduit dans tous leurs comportements », dit-il.
Ramzi, qui a déjà effectué un premier projet intitulé Lahza 1 en 2007, dans les camps palestiniens du Liban, note également que ces derniers sont plus organisés que les campements syriens.



De son côté, Annamaria Laurini, représentante de l'Unicef au Liban, a indiqué à L'Orient-Le Jour que « ce genre de projet aide au développement psychologique des enfants des camps. Il nous montre les camps selon leur regard à eux. Il nous montre leur vie. Les enfants syriens dans les camps manquent de tout... Jamais personne n'a pensé envoyer des poupées. L'une des fillettes nous l'a fait remarquer ». « Cette exposition montre que l'on ne peut pas empêcher les enfants de rêver, quel que soit leur rêve, celui de rentrer dans leur pays ou de reconstruire leurs maisons », a-t-elle noté.

Soha Bsat Boustany, responsable presse de l'Unicef, qui a pris à cœur ce projet, souligne de son côté que « les enfants qui ont pris des photos m'ont montré des choses que je ne voyais plus en allant sur le terrain. Ils voient de jolies fleurs à côté de leur tente, la montagne enneigée derrière le campement, ou encore leurs chaussures en plastique alignées devant la tente un jour de grosse pluie ». « Ce genre de projet donne tout le sens à notre travail dans l'humanitaire. Il garde la porte ouverte à l'espoir en un avenir meilleur malgré toutes les difficultés », poursuit-elle.

Avec les centaines de photos prises par les enfants, le documentaire projeté jeudi ainsi que 20 histoires, chacune d'une minute, racontées par un petit réfugié de l'Unicef et Zakira, documentent autrement la situation des campements de réfugiés syriens au Liban, par le regard des enfants qui y vivent, et avec beaucoup d'émotion.

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