Khadija Ben Hayyan
Faute de structures publiques pour récupérer les déchets triés, on se tourne davantage vers des associations. Si bien que certaines se retrouvent désormais en voie de saturation sur ce plan. C'est le cas d'Arcenciel. L'ONG, qui prenait en charge auparavant environ 2 tonnes de déchets par jour, doit aujourd'hui en gérer 5 tonnes.
« Après la crise, des municipalités mais aussi de nombreux particuliers nous ont contactés parce que les médias ont commencé à parler de nos activités et de celles d'autres ONG impliquées dans la gestion des déchets », explique Olivia Maamari, directrice du programme environnement à Arcenciel.
À Beyrouth, 603 organisations au total (incluant des entreprises, des écoles, des universités, des associations...) collaborent avec l'ONG. Dans la Békaa, il s'agit de 300 familles, 50 organisations et 3 municipalités.
Les déchets générés par les municipalités sont transférés vers des centres de tri secondaires qu'Arcenciel a mis en place. L'un d'eux, situé à Baabda, s'occupe des déchets secs et propres, c'est-à-dire principalement recyclables. Un autre localisé au niveau du domaine de Taanayel (Békaa) effectue un travail de compactage, de valorisation du plastique et de compostage. Les produits triés sont ensuite revendus à des industriels spécialisés dans le recyclage.
Si Olivia Maamari se réjouit du fait que les Libanais ont pris conscience de l'importance du tri à la source, elle souligne toutefois que son association « n'a pas la capacité de collecter tous les déchets du Liban ». « On a encore une petite marge d'accueil, car nous envisageons d'élargir les centres et d'acheter de nouveaux équipements. » Mais, précise-t-elle, la création des centres avait initialement pour objectif de tester des expériences pilotes afin d'établir des plans de gestion durable des déchets dans différentes zones urbaines et rurales. « On voulait se baser sur ces expériences, les capitaliser, afin de déterminer des standards de procédure pour proposer des projets de loi et des programmes publics qui seront appliqués. »
Arcenciel, qui prône des solutions décentralisées concernant les déchets, travaille actuellement avec une dizaine de municipalités en vue de leur fournir un appui pour la création de leurs propres centres de tri.
Au niveau d'une région, le triage peut prendre différentes formes selon les ressources municipales. « Il est possible d'aménager très simplement un local en mettant en place des lignes de tri pour faire un tri secondaire. Si une ville possède un terrain assez spacieux, elle peut commencer à faire du compostage à condition que le tri se fasse correctement à la source », explique Olivia Maamari.
Le tri peut être également optimisé grâce à l'achat d'équipements comme des convoyeurs ou des compacteurs. Il faut au maximum 6 mois pour mettre en place un centre complet.
« La principale difficulté à laquelle une municipalité est confrontée est de trouver un espace où aménager un centre, en particulier dans les régions urbaines. Dans les régions rurales, le problème se pose moins. Un autre blocage tient cependant à l'acceptation de ces centres par la population. À cause de la crise de confiance qui est apparue, à cause de la mauvaise gestion, la population a une très mauvaise image des centres de gestion des déchets. Elle suppose qu'ils sont obligatoirement polluants, qu'ils occasionnent de très grandes nuisances », note la responsable de l'environnement à Arcenciel.
C'est pourquoi, celle-ci a décidé d'aménager le centre de Taanayel dans un domaine très écotouristique, recevant de nombreux visiteurs, « pour réconcilier les gens avec l'idée de centre de gestion des déchets ».
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