The Lebanese Center for Human Rights (CLDH) is a local non-profit, non-partisan Lebanese human rights organization in Beirut that was established by the Franco-Lebanese Movement SOLIDA (Support for Lebanese Detained Arbitrarily) in 2006. SOLIDA has been active since 1996 in the struggle against arbitrary detention, enforced disappearance and the impunity of those perpetrating gross human violations.

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July 26, 2011

L'orient Le Jour - L’angoissant mystère de la disparition du couple de Jbeil reste entier - July 26, 2011

Par Patricia KHODER | 26/07/2011

Depuis une semaine, les familles de Charles Ghaleb et de Mariam Khadra vivent dans l’attente. Le couple avait été porté disparu lundi dernier dans le village de Kharbé, dans le jurd de Jbeil.

Mansourieh, une route de village qui mène à Daychounieh, petite localité du Metn. Des magasins bordent le chemin. Face au salon élégant d’un coiffeur, des rideaux de fer baissés et une porte cadenassée. Le magasin n’a pas de nom. Il appartient à Mariam Khadra, 36 ans, mariée le 1er mai dernier et portée disparue la semaine dernière. Mariam, originaire de Deir el-Ahmar, habitait avant de se marier, il y a presque trois mois, avec sa famille à Mansourieh. Mariam est retoucheuse, elle exerce son métier dans cette petite boutique où elle vend aussi de la lingerie. Elle n’a pas arrêté de travailler après son mariage. D’ailleurs, son mari, Charles, l’aidait dans la boutique.
« Charles repassait par exemple les vêtements que Mariam devait remettre aux clients. Depuis qu’ils se sont mariés, ils ne se séparaient plus. Il l’aimait, il était à ses petits soins, aux petits soins de tout le monde en fait. Il aimait les enfants. Il jouait avec les enfants comme s’il avait leur âge », raconte la sœur de Mariam, Diala Khadra Kassab, qui possède une parfumerie et un institut de beauté, à deux pas de la petite boutique de lingerie.
« Vous savez, quand on m’a appelée le lundi soir pour me dire que ma sœur est portée disparue, j’ai cru à un bobard. Je me suis rendormie et ce n’est que le lendemain que j’ai vraiment compris que ma Mariam et Charles ont disparu, dit-elle. Depuis une semaine, tous les matins je me lève pleine d’espoir. Je me dis aujourd’hui on va la retrouver. Et puis la nuit tombe et avec elle toute l’angoisse du monde », ajoute-t-elle, les yeux embués de larmes.
Marcelle, une voisine, âgée d’une trentaine d’années, indique : « Tous les jours, je regarde la boutique fermée de Mariam et mon cœur se serre. Je pense à elle à longueur de journée. J’espère qu’elle n’a pas peur là où elle est, qu’elle mange à sa faim, que ses ravisseurs ne lui font pas de mal si elle a été enlevée. »
Diala et son mari, Élie Kassab, ne privilégient aucune piste. « Jusqu’à présent, les enquêteurs n’ont rien trouvé. Ils savent du moins que ce n’est pas un enlèvement politique ou encore un enlèvement lié à des affaires de drogue. Cette affaire ne peut pas être liée à des questions d’argent. Ma sœur et son mari n’en ont pas », indique encore la jeune femme. « Pourquoi quelqu’un voudrait-il kidnapper ma sœur? C’est une femme ordinaire menant une vie ordinaire », ajoute-t-elle.
« Mariam est quelqu’un de très traditionnel. Nous sommes neuf enfants, et elle est la plus gentille avec nos parents. Si ma mère à besoin d’aide à la maison, elle court à son appel... Toute sa vie, elle l’a passée à travailler, à retoucher les vêtements des autres. Durant son temps libre, elle était avec moi et avec la famille. Je ne comprends pas ce qui s’est passé », note-t-elle.
« Une chaîne de télévision a affirmé que ma sœur a pris la fuite avec son mari. C’est impossible. Mon père est malade et Mariam est très attachée à lui. Elle ne lui ferait jamais vivre une telle angoisse. Et puis pourquoi prendrait-elle la fuite ? » poursuit Diala.

Le couple se connaît depuis un an
Mariam a rencontré Charles il y a un an, par le biais de sa sœur Amira Khadra qui est mariée à un homme originaire de Amchit. Elle tient une épicerie. Charles aidait la sœur de sa future épouse dans le petit magasin. Il finançait parfois l’achat de produits. Amira connaît Charles et sa famille depuis plus de quinze ans. Elle leur avait même rendu visite au village, à Kharbé, à plusieurs reprises, déjeunant chez eux.
Charles, âgé de 39 ans, n’avait pas de travail régulier. Il aidait parfois ses parents dans de petits projets d’agriculture sous serre.
Élie Kassab, le beau-frère de Mariam, regarde l’ordinateur, clique sur Google Earth, fixe la maison de Kharbé, visible sur l’écran, les champs qui l’entourent, la route sinueuse asphaltée qui mène au village, les chemins étroits en terre battue. Il navigue d’une route à l’autre, d’un champ à l’autre, de l’église du village à la maison des beaux-parents de Mariam, à Kharbé. « C’est à devenir fou, dit-il les larmes aux yeux. C’est comme si la terre s’est ouverte pour les engloutir ou encore comme si des extraterrestres les ont enlevés. »
Élie et son épouse Diala reconstituent ce qui s’est passé lundi 18 juillet.
Charles et Marie ont quitté le petit magasin de Mansourieh comme d’habitude à 19 heures. Marie s’est rendue chez le coiffeur à Jdeidé. C’est à 21h45 qu’elle est arrivée avec son mari à Kharbé, dans le jurd de Jbeil, là où le couple estive actuellement, vivant avec les parents de Charles. Elle a enlevé les vêtements qu’elle avait mis en journée et elle est allée à la cuisine pour préparer le dîner de son mari. Ce dernier l’attendait à la terrasse de la cuisine.
La maison des Ghaleb est une vieille maison de village, disposant de deux portes d’entrée : l’une, principale, donnant à un salon, et l’autre qui est celle de la cuisine ; elle mène à une terrasse et aux champs.
À 22h15, le neveu de Charles, âgé de 7 ans, est venu rendre visite à ses grands-parents et embrasser son oncle. Il le cherche ; ce dernier avait disparu avec son épouse.
Les chiens renifleurs avaient pu retracer le chemin pris par le couple. Il s’étend sur un kilomètre environ et s’achève sur une route étroite en terre battue où une voiture les aurait attendus, selon deux témoins qui ont entendu un bruit de moteur dans la nuit.
Où est le couple Charles Ghaleb et Mariam Khadra? S’ils voulaient partir loin de leurs familles, pourquoi n’ont-ils pris aucun bagage? S’ils devaient fuir un danger, pourquoi n’ont-ils pas prévenu quelques membres de leurs familles qu’ils disparaîtront pour un bout de temps ? S’ils ont été enlevés, pourquoi leurs ravisseurs ne se sont pas encore manifestés et pourquoi ont-ils pris un risque en les kidnappant à partir de la maison où vivent d’autres personnes, sachant que la route qui mène de Amchit à Kharbé s’étend sur des kilomètres ? Elle est quasi déserte, sinueuse et non éclairée la nuit...
Jusqu’à hier soir, les enquêteurs n’avaient encore trouvé aucun fil menant à une quelconque piste. 

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