Le CPL a raflé hier d’office la totalité des places du conseil estudiantin à l’Université des pères antonins, soutenu par son allié solide, le Hezbollah.
« Les forces armées et les journalistes dépassent en nombre les étudiants qui participent aux élections ! » soulignait hier un enseignant. C’est dans cette ambiance que le Courant patriotique libre (CPL) et le Hezbollah ont marqué une victoire aux élections étudiantes pour la cinquième année consécutive, à l’Université des pères antonins (UPA), à Baabda-Hadeth. Il faut dire que les résultats n’apportaient aucune surprise suite à la décision des Forces libanaises et du parti Kataëb de s’abstenir aux élections tout comme l’an dernier, en signe de désaveu de la loi électorale actuelle. C’est ainsi que les onze places du conseil des étudiants ont été conquises par les forces du 8 Mars sans embûches, à part la compétition pour quelques candidats indépendants dans certaines facultés. Cette absence de compétition s’est clairement reflétée sur le taux de participation qui s’est avéré plutôt faible, et sur l’ambiance générale au sein du campus où la chaleur du phénomène électoral était clairement absente. Le secrétaire général de l’UPA, le révérend père Joe Bou Jaoudé, qui a supervisé les élections, a indiqué que 1 738 étudiants et étudiantes avaient été appelés à élire leurs représentants. Les élections ont eu lieu dans les 5 facultés et 3 instituts de l’UPA.CPL et Hezbollah
Le président du conseil étudiant de l’an dernier, Joe Féghali (CPL), a invité les forces du 14 Mars à ne pas boycotter les élections. « S’ils affirment que les soixante pour cent qui ne participent pas aux élections sont des leurs, pourquoi ne pas donc participer et gagner ? dit-il. En fait, ils savent que nous sommes les plus forts sur le terrain et présentent des arguments inutiles. » Quant à l’adoption du scrutin proportionnel que revendiquent les Kataëb et les Forces libanaises, Féghali a déclaré que « le CPL est aussi en faveur d’une nouvelle loi à l’UPA et au Liban en général », précisant qu’« un projet de loi proportionnelle a été présenté en début d’année par le CPL même à l’administration, mais qu’il a été refusé ».
De son côté, le candidat de l’alliance chiite « Hezbollah-Amal », Hassan Nasreddine, a estimé que « le 14 Mars s’était désisté pour la simple raison qu’il se sentait incapable de remporter une quelconque victoire », estimant que « les Forces libanaises et le parti Kataëb encourageaient en secret les candidats indépendants, sans boycotter réellement les élections ».
Le 14 Mars et LADE
Pour Aziz Antoun, représentant des Kataëb, ces accusations sont « fausses ». « Aucun de nos étudiants n’a voté aujourd’hui, affirme-t-il, et cela pour protester contre la loi électorale actuelle au scrutin majoritaire. Nous souhaitons un mode de scrutin proportionnel pour une meilleure représentation, mais ce n’est pas tout. Nous revendiquons aussi la liberté de mener nos activités et nos campagnes politiques au sein même de l’université. L’administration refuse alors même que nous formons des clubs académiques comme façade pour nos activités politiques. »
Pour les partisans du 14 Mars, la loi actuelle ne garantit pas une vraie représentation de l’équilibre des forces à l’UPA. « Les étudiants du Hezbollah et d’Amal constituent aujourd’hui quarante pour cent de l’effectif total, poursuit Antoun. Il est donc normal que le CPL l’emporte avec la loi actuelle », soutenant « que les Forces libanaises et les Kataëb surpassent en nombre les partisans du parti orange ». Sur un total de 1 738 étudiants à l’UPA, plus de 500 sont en effet partisans du Hezbollah et du mouvement Amal, une vérité que certains jugent comme « une réelle menace pour l’identité de l’université ».
« Ils contrôleront bientôt toute l’UPA, affirme Patrick, étudiant en deuxième année. Au quotidien, nous sentons que nous vivons chez eux, et non pas le contraire, et cela n’est pas du tout normal. L’administration se doit de prendre des mesures pour faciliter l’accès des étudiants chrétiens au sein de l’université. »
C’est donc une longue journée électorale qui s’est achevée hier à l’UPA, sous la supervision de l’Association libanaise pour des élections démocratiques (LADE) qui a suivi l’ensemble des élections estudiantines du pays pour cette saison 2011. Le représentant de l’association, Tamim Bou Karoum, a qualifié les élections de l’UPA de « calmes et sans grande implication de la part des étudiants », soulignant le soutien de LADE pour « une loi proportionnelle dans toutes les universités ainsi qu’une liberté d’expression politique au sein même des campus, pour une vie universitaire plus saine ».
No comments:
Post a Comment