Plus personne ne peut affirmer ne pas reconnaître le tribunal, a indiqué M. Farid Makari. Photo Aldo Ayyoub
Les réactions à l’initiative Mikati portant sur le financement du TSL ont oscillé entre les soupirs de soulagement, les cris de victoire et les réserves sur un mécanisme jugé douteux.
Le ministre des Finances, Mohammad Safadi, et le chef du PSP, Walid Joumblatt, ont tous deux applaudi à la décision du Premier ministre Nagib Mikati de verser au Tribunal spécial pour le Liban la contribution du Liban pour 2011, « dans la mesure où elle a évité au Liban d’importantes secousses ». M. Safadi a exprimé l’espoir d’une diminution des polémiques, soulignant, à l’instar de M. Joumblatt, que cette décision reflète « l’attachement du gouvernement aux obligations internationales du Liban ». « Elle traduit aussi le souci de ne pas pousser le pays vers une confrontation avec la communauté internationale », s’est félicité M. Joumblatt qui y a également vu un moyen pour préserver le gouvernement. Le chef du PSP a aussi rendu hommage au président de la Chambre, Nabih Berry, pour avoir contribué à dégager une issue, et il a critiqué les réactions hostiles enregistrées sur ce plan.Usant d’un jeu de mots propre à la langue arabe, le ministre de l’Environnement, Nazem Khoury, a en substance relevé que l’issue au problème du financement du tribunal « a été trouvée par trois sages, les présidents de la République, du Parlement et du Conseil ». Il s’est dit heureux du dénouement, « abstraction faite de sa conformité à la Constitution ».
Plusieurs personnalités se sont en fait arrêtées sur ce point, sans pour autant adopter une position franchement hostile à l’égard de l’initiative de M. Mikati. « Sur le plan du principe, celle-ci est très importante, parce qu’elle a évité au Liban de nombreux problèmes, mais au plan légal, c’est le Conseil des ministres dans son ensemble qui représente l’autorité exécutive. Le compte appartenant à la présidence du Conseil peut être utilisé sous certaines conditions, dont le dossier du financement du tribunal ne fait pas partie », a ainsi observé le président de la commission parlementaire de l’Administration et de la Justice, Robert Ghanem. Selon lui, M. Mikati doit revenir au Conseil des ministres « pour pouvoir rendre la somme débloquée ».
Sa remarque a été reprise, mais sous forme de réserves, par le député Jamal Jarrah, ainsi que par le ministre Fadi Abboud, qui a reproché au Premier ministre « d’agir comme s’il était le président de la République ».
Le député Nabil Nicolas s’est pour sa part demandé si M. Mikati a consulté les ministres concernés par le Haut Comité de secours avant de transférer une partie de son budget au TSL. Il a ensuite indiqué que le bloc du Changement et de la Réforme attend la nomination d’un nouveau président du Conseil supérieur de la magistrature pour réclamer l’ouverture du dossier dit des faux témoins.
De manière générale, la décision de M. Mikati a été applaudie dans les milieux de l’opposition. Le député Ahmad Fatfat y a vu une victoire et une reconnaissance officielle du tribunal. « Si le Hezbollah et le CPL estiment que le TSL est anticonstitutionnel et israélien, ils n’ont qu’à démissionner du gouvernement », a-t-il dit, en insistant sur le fait que la décision de débloquer les fonds « a été prise sur instruction de Damas ». Un avis que le Bloc national partage aussi.
Le vice-président de la Chambre, Farid Makari, qui a rendu visite hier au chef du parti des Forces libanaises, Samir Geagea, a estimé qu’« aucune composante du gouvernement ne peut aujourd’hui soutenir que le mécanisme de financement l’empêche de reconnaître le tribunal ». « Elle serait soit en train de se mentir, soit en train de prouver qu’elle œuvre pour le compte de forces régionales », a-t-il dit, en exprimant l’espoir que M. Mikati n’ait pas été victime d’un chantage.
Également reçu par le leader des FL, l’ancien député Salah Honein a jugé que c’est tout ce qui se rapporte au tribunal qui doit être appliqué, à commencer par le financement et en passant par l’exécution des mandats d’arrêt.
Pour le leader des Kataëb, le président Amine Gemayel, le versement de la contribution libanaise au TSL « pave la voie au règlement de tous les sujets conflictuels au Liban, même s’il ne représente pas la fin d’un processus ». À l’instar de M. Honein, il a insisté sur la nécessité d’arrêter les quatre accusés, sur base des mandats d’arrêt émis contre eux.
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