The Lebanese Center for Human Rights (CLDH) is a local non-profit, non-partisan Lebanese human rights organization in Beirut that was established by the Franco-Lebanese Movement SOLIDA (Support for Lebanese Detained Arbitrarily) in 2006. SOLIDA has been active since 1996 in the struggle against arbitrary detention, enforced disappearance and the impunity of those perpetrating gross human violations.

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July 20, 2011

L'orient Le Jour - Walid Daouk à « L’OLJ » : « Jamais je ne pourrai réprimer les libertés » - July 20, 2011

Par Sandra NOUJEIM | 20/07/2011

INTERVIEW Nouveau venu dans le domaine de la politique, le ministre de l’Information, Walid Daouk, expose ses vues sur la gestion de son ministère, exprimant, en outre, son appui sans détour au financement du TSL.
Entre la rigueur du raisonnement juridique et la souplesse de la formation anglo-saxonne, le parcours de Walid Daouk est celui d’un avocat – passionné de droit commercial, qu’il pratique depuis 1985 – et d’un ardent privatiste, gestionnaire de plusieurs sociétés bancaires et commissaire du gouvernement auprès de la Bourse de Beyrouth depuis 1994. Homme d’affaires accompli, fils de « la capitale cosmopolite », il est imbu de modernisme et d’ouverture puisés dans ses passages au Lycée français, à l’USJ et à la BUC.
Telle est, du moins, l’image que le nouveau ministre de l’Information a voulu transmettre dans l’entrevue accordée à L’Orient-Le Jour, d’autant que le journal a émis une réserve sur sa première déclaration évoquant la nécessité pour les médias audiovisuels de pratiquer « l’autocensure ».
« Je crois fermement à la liberté d’expression absolue, mais comme toute liberté, elle se termine là où commence la liberté de l’autre », affirme-t-il. Le jeune ministre explique qu’il a voulu faire appel « à la conscience et au professionnalisme des journalistes », pour les amener à éviter de diffuser les informations susceptibles d’attiser la discorde.
Stupéfait de « la division verticale » du pays qu’aura révélée le débat de confiance, M. Daouk veille à tenir des propos rassurants, d’autant que sa fonction touche directement à l’exercice des libertés. Les appréhensions que dégage la montée en puissance du Hezbollah, représenté dans l’actuel gouvernement, « n’ont pas lieu d’être », affirme le ministre. « Jamais je ne pourrai réprimer des libertés, à Dieu ne plaise ! Affirmer le contraire serait me méconnaître », martèle-t-il fermement, avant de dénoncer la censure pratiquée par la Sûreté générale.

Dénonciation de la censure sur les productions artistiques
Il fait ainsi part de sa « détermination à abolir » le contrôle préalable des films publicitaires avant leur passage sur les chaînes télévisées. « Cette pratique se base sur un texte de loi désuet, qui réglemente la censure des films en général », explique-t-il. Sur ce point, le ministre ne manque pas de dénoncer la censure sur les productions artistiques, notamment cinématographiques, même si elle ne relève pas de sa compétence. L’interdiction d’écran du film critique iranien Green Days de Hana Makhmalbaf ainsi que du film Chou Sar (Qu’est-il arrivé ?) du Libanais Degaulle Eid avaient suscité en juin un tollé au niveau de l’opinion.
« Je vois les choses d’une façon pratique : si quelqu’un a envie de voir le film, il le fera sur Internet », affirme le ministre pour déplorer des pratiques dont il se dit « navré ». D’ailleurs, l’hégémonie d’Internet est un argument qu’il invoque à plusieurs reprises, comme pour asseoir « un avant-gardisme » qu’il se plaît à dévoiler. C’est sous cet angle qu’il tient par ailleurs à convaincre L’OLJ et ses lecteurs « dont je fais partie depuis plusieurs années » que toute atteinte à la liberté d’expression n’a pas lieu d’être. « La présence de nouveaux médias est une preuve suffisante de l’inutilité de telles pratiques », affirme-t-il, tenant à la main un article paru dans L’OLJ sur l’influence des médias sociaux.
Le ministre de l’Information semble toutefois s’attarder sur les enjeux de la communication plus que sur l’information. Pour lui, d’ailleurs, l’existence même d’un ministère de l’Information est discutable. « Je me demande s’il faut garder le ministère de l’Information », confie-t-il, et avant lui, l’ancien ministre Tarek Mitri avait estimé que ce ministère « ne devrait pas exister » dans une démocratie déclarée. En France, par exemple, c’est le Conseil supérieur de l’audiovisuel, autorité administrative indépendante, qui garantit l’exercice de la liberté audiovisuelle dans les conditions définies par la loi. M. Daouk estime a priori que l’équivalent du CSA au Liban serait le Conseil national de l’audiovisuel, actuellement rattaché au ministère, à condition toutefois « de pourvoir aux postes vacants au CNA et d’essayer de lui donner un pouvoir d’action, en plus de son rôle consultatif actuel », affirme-t-il en réponse à la question de L’OLJ sur la fonction effective de ce conseil. Il ne manque pas de se référer dans ce cadre au projet de loi sur les médias proposé en 2010 par Tarek Mitri et actuellement soumis à l’examen des commissions parlementaires.
Le ministre Daouk exprime en effet son souci d’appliquer les réformes initiées par son prédécesseur, un souci qui appuierait le centrisme dont il se prévaut. C’est « le programme » de travail qui serait, selon lui, le marqueur de la position centriste. « Il s’agit de prendre en considération les points positifs avancés par chaque partie », sans pour autant s’enliser dans « une attitude grise » qui empêcherait de trancher les questions problématiques, explique le ministre, proche du Premier ministre Nagib Mikati, dont il est l’avocat et l’ami depuis près de trente ans.

Pour le financement du TSL
Parmi les dossiers épineux à l’heure actuelle, le Tribunal spécial pour le Liban, sur lequel le ministre choisit de se prononcer « en évitant la langue de bois ». Allant plus loin que son habituel « soutien au TSL tel que l’énonce la déclaration ministérielle », M. Daouk affirme explicitement qu’il votera en faveur du financement du TSL, « même si c’est ma voix qui fera pencher la balance ». Il l’affirme avec le sourire confiant d’un homme prêt à défendre ses convictions, en dépit de la controverse qui entoure le gouvernement par lequel il a choisi de faire son entrée dans le jeu politique. Ses preuves, il compte les faire par le travail, qui est le « seul critère apte à fonder un jugement plausible à notre égard », déclare-t-il.
Parmi les projets « qui se dessinent encore dans ma pensée », les réformes qui s’imposent au niveau des médias nationaux, d’autant que « nous disposons des moyens pour les entamer », explique M. Daouk. Il propose entre autres d’obliger les médias de citer l’Agence nationale pour l’information quand ils l’adoptent comme source. D’ailleurs, « cette agence fournit la grande part des informations diffusées », estime M. Daouk, en suggérant en outre que la réception de ces informations par les médias soit désormais sujette à un abonnement payant. Au niveau de Radio-Liban, le ministre propose de louer les studios « de haut standard, qui ne sont pas utilisés actuellement », aux universités ou médias intéressés. S’indignant en outre du budget modique alloué à Télé-Liban (330 000 USD par mois selon ses informations), le ministre cite une étude menée par une société de consultation à la demande de M. Mitri en 2009 en vue d’une réforme de la chaîne, « une étude que je réexamine avec des responsables de médias et de publicité en vue de sa mise en application ». Le ministre révèle en outre avoir mené « une visite impromptue au siège de la télévision, où je n’ai trouvé que des portes de bureaux fermées ». Cette inefficacité des employés de l’État semble surprendre un homme habitué au dynamisme du secteur privé, « où tout le monde se met au travail ».
En attendant, le ministre fait sa tournée habituelle dans l’étage de son ministère, en « homme de terrain ». À la question de L’OLJ sur le bilan de son inspection, il se contente de répondre, en riant : « Sur cela, je choisis de pratiquer l’autocensure. »

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