The Lebanese Center for Human Rights (CLDH) is a local non-profit, non-partisan Lebanese human rights organization in Beirut that was established by the Franco-Lebanese Movement SOLIDA (Support for Lebanese Detained Arbitrarily) in 2006. SOLIDA has been active since 1996 in the struggle against arbitrary detention, enforced disappearance and the impunity of those perpetrating gross human violations.

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November 30, 2011

L'orient le jour- Pour le gouvernement, l’heure du départ n’a pas encore sonné , November 30, 2011

Par Scarlett HADDAD 

Ceux qui parient sur la chute imminente du gouvernement Mikati devraient attendre encore un peu. En dépit des divergences certaines entre les parties de la majorité, l’heure du départ du gouvernement n’a visiblement pas encore sonné. Le ton a d’ailleurs été donné hier par le général Michel Aoun au cours de sa conférence de presse hebdomadaire après la réunion du bloc parlementaire du Changement et de la Réforme, lorsqu’il a affirmé que nul n’a parlé de démission.
L’alerte provoquée jeudi dernier par les propos du Premier ministre dans le cadre de son entretien à la LBCI a pourtant été chaude. Des sources ministérielles précisent à cet égard qu’en affichant son intention de démissionner si le financement du TSL n’est pas voté en Conseil des ministres, Nagib Mikati a pris ses partenaires de court. Il avait d’ailleurs soigneusement gardé le secret au sujet de cette position, puisque ses proches s’étaient ingéniés tout au long des jours précédant l’entrevue à démentir toute intention de démission. Mikati voulait visiblement ménager ses effets et lancer sa bombe par le biais des médias.
Pourtant, au cours des concertations qui avaient précédé sa désignation pour former le gouvernement, le Premier ministre avait promis au Hezbollah de laisser la décision de financer ou non le TSL au Conseil des ministres réuni, s’engageant ainsi à respecter la décision collective. C’est pourquoi, en prenant cette initiative spectaculaire en direct jeudi dernier, Mikati a donné à ses partenaires l’impression de revenir sur une entente préalable tacite. Toute la journée de vendredi et les jours suivants, les personnalités de la majorité ont tenté de comprendre les motifs de ce changement dans la position du Premier ministre. Certains l’attribuent aux propos fermes qu’il aurait entendus de la part de ses interlocuteurs occidentaux aux Nations unies et ailleurs, et d’autres laissent entendre que son neveu Azmi lui aurait transmis des propos qui ressemblent fort à des avertissements de la part de certaines instances occidentales.
D’autres encore pensent plutôt que l’élément décisif a été l’évolution de la situation en Syrie qui a contraint Mikati à adopter des positions en contradiction avec son respect déclaré de l’unanimité arabe. En effet, le Premier ministre avait à plusieurs reprises affirmé que le Liban devait toujours se positionner en faveur de cette unanimité et le voilà transformé en l’un des éléments qui la brisent à cause du dossier syrien. Cette situation est inconfortable pour Mikati, d’autant que le Liban s’est retrouvé en opposition avec la décision de 18 pays arabes, dont l’Arabie saoudite que Mikati ne désespère pourtant pas de gagner à sa cause. Enfin, et c’est peut-être le plus important, le Premier ministre est convaincu qu’il reste indispensable à la majorité actuelle et par conséquent il peut se permettre de lancer ce genre de bombe en sachant que cette majorité n’a pas d’autre alternative.
D’ailleurs, la réaction officieuse du Hezbollah n’a pas tardé et les sources qui lui sont proches ont commencé à préciser que le refus du financement du TSL est pour ce parti une position à la fois morale et religieuse, et il n’est pas question d’y renoncer même si elle doit entraîner la chute du gouvernement. Même son de cloche du côté du général Michel Aoun. Mais après des concertations intensives entre ses membres, la majorité semble convaincue que le maintien de l’actuel gouvernement reste préférable à son départ. D’abord, parce qu’il est difficile dans le contexte actuel de pouvoir former un autre gouvernement, et ensuite parce que sa transformation en gouvernement chargé de gérer les affaires courantes pourrait provoquer un pourrissement de la situation assez risqué en cette période d’instabilité régionale. C’est sans doute la raison pour laquelle le leader druze Walid Joumblatt s’est déclaré ouvertement pour le maintien du gouvernement et pour le financement du TSL. Mais comment aboutir à cette équation ? Telle est la grande question.
La parade a été trouvée en décidant de calmer un peu les esprits et en confiant au président de la Chambre la mission de trouver une issue acceptable à cette crise. Selon des sources de la majorité, le Hezbollah aurait donné carte blanche à Berry à ce sujet. Mais ce dernier ne s’est pas privé de critiquer Mikati pour son initiative non concertée, et au cours de leur rapide entretien de vendredi, il lui aurait clairement rappelé qu’il fait partie d’une coalition, et par conséquent il ne devrait pas agir seul. Cette attitude ne l’a toutefois pas empêché de s’activer pour chercher des solutions. Le président de la Chambre reste convaincu qu’il ne faut pas se hâter et il rappelle à ses interlocuteurs que la lettre adressée par le secrétaire général de l’ONU au gouvernement libanais ne comporte pas de délai précis, même si le TSL, par la voix de son porte-parole, a parlé, lui, de début décembre. Le président de la Chambre prône donc le report de toute décision, et Mikati, qui semblait pressé la semaine dernière, souhaitant démissionner avant le grand meeting du 14 Mars à Tripoli, serait désormais plus ouvert au report, ayant constaté que sa popularité reste importante dans sa ville natale et qu’en dépit des moyens déployés par le courant du Futur, la mobilisation tripolitaine n’était pas aussi considérable que prévu.
Le gouvernement a donc gagné ainsi un léger répit, mais l’issue de la crise reste difficile à imaginer. D’autant qu’en plus du dossier du financement du TSL, les médiateurs ont un autre problème à régler : Mikati est convaincu que plus il s’oppose à Aoun et plus il gagne en popularité sur la scène sunnite, alors que Aoun a des exigences sociales et économiques car il estime avoir des comptes à rendre aux Libanais. Il a toutefois mis une sourdine à ses revendications, faisant du maintien de la stabilité sa priorité. Un pas vers une sortie de crise ?

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