Manifestation massive dans la capitale du Liban-Nord pour le TSL, et contre le régime syrien et le Hezbollah.
Dans un contexte de tensions croissantes autour du TSL et sur fond de révolte en Syrie, la ville de Tripoli, fief électoral du Premier ministre, a massivement répondu hier à l’appel lancé par le courant de Futur.Sur le thème général « Automne des armes... Printemps de l’indépendance », une immense foule s’est rassemblée, place Rachid Karamé, pour appuyer le tribunal international et dénoncer le régime syrien et le Hezbollah.
Absent du Liban, le chef du courant du Futur, Saad Hariri, dans un message lu par M. Fouad Siniora, a salué la révolte contre le régime syrien et demandé que le Liban honore ses engagements vis-à-vis du Tribunal spécial pour le Liban (TSL).
« Le temps de la liberté est arrivé ! La révolution des peuples arabes est là ! Vive le printemps arabe ! Vive le Liban ! » a lancé Fouad Siniora, qui a ajouté : « Le peuple syrien fait aujourd’hui son expérience. Il n’a besoin de personne pour lui montrer le chemin. Il décidera lui-même de la nature de son régime à venir et du moyen de renverser celui qui est en place. »
« Il n’est pas permis de craindre le changement, par crainte des dictateurs et de leurs dictatures, a ajouté M. Siniora à l’adresse du camp chrétien au Liban (...) le monde arabe se réveille. Vous savez que c’est une élite chrétienne libanaise, avec une autre élite chrétienne arabe, qui a été le fer de lance du combat pour le changement et la démocratie, l’égalité et l’élargissement de la participation politique. Je suis sûr qu’ils seront fidèles à leur vérité et à leur rôle historique de pionniers. »
« L’heure de vérité a sonné pour le monde arabe. Le Liban ne restera pas le seul pays démocratique, et beaucoup de ses frères arabes le rejoindront », a-t-il repris.
S’adressant au Premier ministre Nagib Mikati et au Hezbollah, M. Siniora a affirmé que le Tribunal spécial pour le Liban (TSL) est « nécessaire pour protéger l’indépendance et l’unité du Liban ». « Le peuple veut connaître la vérité, le peuple veut la justice pour nos martyrs, a-t-il déclaré, pourquoi protégez-vous les accusés ? Le peuple veut qu’ils soient jugés ! »
On rappelle que le Premier ministre s’est prononcé très clairement en faveur du TSL et a menacé de démissionner si le Conseil des ministres, mercredi prochain, se dérobe à ses obligations financières à son égard.
Contre le « gouvernement des armes »
« Le TSL est un accomplissement libanais et met fin aux assassinats politiques dans le pays ; c’est une réalisation du 14 Mars », a de son côté affirmé le député Mohammad Kabbara dans un discours enflammé contre le régime de Bachar el-Assad. « Pour que le sang des martyrs n’ait pas été versé en vain, il faut abattre l’hégémonie criminelle d’Assad sur le Liban ainsi que le gouvernement du parti des armes, accusé d’avoir assassiné l’ex-Premier ministre Rafic Hariri », a-t-il déclaré. Dans son attaque contre le Hezbollah, M. Kabbara a affirmé qu’il « n’existe pas de résistance au Liban ».
« Celui qui a occupé Beyrouth, celui qui dirige ses armes vers les Libanais, celui qui envoie des voitures avec des armes en Syrie pour réprimer le peuple syrien, celui qui envoie des individus observer Bkerké et ses visiteurs n’est pas un résistant », a conclu M. Kabbara.
Même ton de la part du député Samir el-Jisr, qui a rappelé que le devoir premier de l’État est d’imposer son autorité sur l’ensemble du territoire libanais. « Il ne peut y avoir des régions interdites à l’armée et aux forces de sécurité et en même temps un passage militaire vers la Syrie, qui n’est pas soumis aux autorités libanaises, ainsi que des menaces d’aller en guerre pour défendre Damas et Téhéran », a-t-il ajouté.
Le Hezbollah, rappelle-t-on, a menacé de partir en guerre si la Syrie était attaquée.
Harb fustige le Hezbollah
« Nous refusons toutes les armes qui sont hors du contrôle de l’État parce qu’elles constituent un danger pour tous les Libanais, un danger plus fort que celui que représente Israël », a osé dire, pour sa part, le député Boutros Harb.
« Ces armes constituent un danger pour la sécurité, la justice et l’économie du Liban. Ces armes sont tombées le jour où elles se sont retournées contre le peuple. Nous allons continuer notre lutte jusqu’à ce que la justice soit faite au Liban », s’est-il écrié de sa voix de tribun.
Hamadé sonne le glas du Baas historique
À son tour de parole, le député Marwan Hamadé a enflammé la foule. « Je suis là pour répéter avec vous les paroles d’un homme qui a précédé le cortège des martyrs, pour répéter ce que Kamal Joumblatt a dit en confrontant Hafez el-Assad : “Je refuse de faire entrer le Liban dans la grande prison arabe.” Et il en est mort. »
Pour le député du Chouf, il ne reste plus rien du parti Baas, « qui s’est effiloché ». Trente ans après le départ de Michel Aflak (l’idéologue du Baas), nous pouvons répéter avec lui : ce parti Baas n’est pas le Baas que j’ai voulu.
M. Hamadé s’est par ailleurs insurgé contre le Hezbollah et le CPL. « Qui a peur du tribunal, s’est-il écrié, sinon l’assassin et l’allié de l’assassin ? » a-t-il aussitôt enchaîné. Il a ensuite pressé la Ligue arabe de resserrer l’étau autour du « tueur de Damas », en référence au président Assad.
« La fin du régime de Damas sera semblable à celle de Mouammar Kadhafi, Zine el-Abidine Ben Ali, Hosni Moubarak et Ali Abdallah Saleh », a lancé M. Hamadé, dans une allusion aux dirigeants libyen, tunisien, égyptien et yéménite emportés depuis le début de l’année par le printemps arabe.
« Fais attention, Bachar, ton sort est déjà décidé », a averti le député.
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