Le centre SKeyes pour la défense des libertés médiatiques et culturelles a choisi de poser sans détour le problème de la censure, en lui consacrant sa 2e conférence annuelle, sous le thème des « Libertés culturelles dans le Machrek arabe ».
La conférence, qui a débuté hier et se poursuivra aujourd’hui, à l’hôtel Riviera, a pu déjà frayer un espace d’échanges entre ceux qui défendent ou pratiquent la censure, et ceux qui la contestent et la subissent. Cette interaction, qui se veut franche, s’est dégagée notamment du débat qui a clôturé la première journée, en présence d’un représentant de la Sûreté générale, ce manieur officiel des ciseaux de la censure, et du président du Centre catholique d’information, le père Abdo Abou Kassam, venus s’exprimer sur « les justifications de la censure culturelle ».
La confrontation qui s’est manifestée dans ce cadre, sous-tendue par des divergences entre les artistes eux-mêmes, sur la non-nuisance ou l’absurdité de la censure, annonce en soi la portée du débat que SKeyes tente d’amorcer, un débat dépouillé des artifices qui l’empoussièrent. D’une part, les artifices du censeur, dont les propos reluisants maquillent des découpages sous couvert de lois, et d’autre part les fausses théorisations sur une liberté vénérée, mais mal défendue. En somme, les discussions d’hier, précédées d’une session sur les lois et mécanismes de la censure au Liban, en Jordanie, à Gaza et en Cisjordanie, ont jeté les bases d’un débat apte à se traduire en action.
Eichhorst : « Insistez ! »
Dans ce cadre, l’ambassadrice de l’Union européenne Angelina Eichhorst, venue inaugurer la conférence du centre SKeyes dont l’UE est le principal financier, a exprimé hier tout le dynamisme d’une lutte efficace dans ce domaine. Mme Eichhorst a affirmé à L’Orient-Le Jour que « l’espace de liberté et ses acteurs civils sont un mélange qu’il faut à tout prix préserver, lorsque l’impossibilité d’avancer se pose ». Rappelant qu’elle s’entretient régulièrement avec les différentes parties, notamment la Sûreté générale, Mme Eichhorst a martelé le précepte « il faut insister ! », pour résumer la méthode de défense des libertés.
De son côté, l’ambassadeur d’Espagne, Juan Carlos Gafo, a estimé que « le Liban reste – même après les révolutions arabes – le seul pays de la région où l’on peut organiser de pareilles conférences », concluant à ce sujet que beaucoup de questions restent à approfondir, liées notamment à la garantie des droits de l’homme et de la liberté d’expression. Autant attendre le bilan du débat prévu aujourd’hui...
No comments:
Post a Comment