Réunies à Bkerké pour débattre du projet de loi électorale, les assises maronites ont qualifié le projet avancé par le Rassemblement orthodoxe d’« adéquat », sans pour autant trancher de manière définitive sur ce plan.
Les assises maronites élargies, auxquelles ont assisté les principaux pôles et les députés maronites, ont repris hier matin leurs travaux à Bkerké, sous l’égide du patriarche Mgr Béchara Raï.Étaient présents à la réunion, outre Mgr Raï, le leader des Kataëb, le président Amine Gemayel, le chef du parti des Forces libanaises (FL), Samir Geagea, le chef du Courant patriotique libre (CPL), Michel Aoun, et le chef du courant des Marada, Sleimane Frangié, ainsi que plusieurs députés et ministres chrétiens.
À l’issue des discussions, la commission de suivi a été chargée d’entamer les consultations avec toutes les parties à la base du projet de loi électorale élaboré par le Rassemblement orthodoxe. Ce projet prévoit un vote à la proportionnelle dans le cadre de la circonscription la plus grande, mais sur une base confessionnelle totale, en ce sens que les électeurs de chaque communauté ne votent que pour les candidats de leur communauté.
Selon le communiqué publié à l’issue de la réunion, les personnalités présentes ont estimé que le projet orthodoxe est une « formule adéquate » pour assurer la parité islamo-chrétienne ainsi qu’une représentation juste de toutes les composantes du pays. Le communiqué précise que la discussion se poursuivra sur ce projet lors de réunions ultérieures au cours desquelles sera également évoquée la conjoncture générale dans le pays. Le communiqué souligne, par ailleurs, l’importance de « l’édification d’un partenariat réel fondé sur la parité effective (entre chrétiens et musulmans), conformément au pacte national ».
Les participants à la réunion ont rappelé que la loi électorale vise principalement à assurer des élections qui « puissent respecter les deux critères de la représentation populaire et communautaire, de manière à refléter la volonté populaire, d’une part, et le respect du partenariat véritable entre les composantes de la société libanaise, d’autre part, plus particulièrement en ce qui concerne le respect du principe de la parité » entre chrétiens et musulmans. La parité, ajoute le communiqué, « dépasse toute autre considération, qu’elle soit démographique ou politique. Par conséquent, le fait de porter atteinte à ce principe provoque une instabilité au niveau du régime politique et menace l’unité nationale ».
Les assises maronites ont également décidé que la commission de suivi devra entamer des consultations sur la base de la proposition faite par le Rassemblement orthodoxe. La commission devra ensuite soumettre un rapport au patriarche maronite sur les résultats de ses rencontres afin de décider d’une nouvelle réunion des assises maronites.
Réactions
Commentant la teneur des discussions portant sur la loi électorale, Mme Sethrida Geagea, membre du bloc parlementaire des Forces libanaises, a affirmé que les participants à la réunion d’hier à Bkerké ne sont pas parvenus à une formule définitive, soulignant que les FL sont en faveur du projet orthodoxe.
De son côté, le député Sleimane Frangié a affirmé qu’il est « théoriquement » avec le projet proposé par le Rassemblement orthodoxe « puisqu’il vise non seulement à accorder ses droits à la communauté chrétienne, mais également à toutes les autres communautés, tout en consacrant une véritable parité ». « Cependant, a-t-il dit, il faudra encore effectuer de plus amples études sur ce texte du point de vue politique afin de s’assurer qu’il n’aura pas d’impact négatif sur la coexistence et la paix civile. »
Quant au député Nadim Gemayel, il a affirmé que quelle que soit la mouture du futur texte, « il ne servira à rien à l’ombre des armes qui peuvent servir de moyen de pression sur le citoyen ». « Nous sommes tous d’accord sur le moyen de régler la question de la loi électorale, non pas seuls (en tant qu’assises maronites), mais avec le reste des composantes de la nation », a indiqué de son côté le général Michel Aoun.
Pour Samir Geagea, les conclusions des assises maronites sont « bonnes et claires. Le plus important est d’entamer un travail sérieux dans cette direction ». Et M. Geagea d’ajouter : « Il est vrai que les participants étaient exclusivement chrétiens. Mais je le répète, nous ne réfléchissons pas en tant que chrétiens uniquement, mais nous examinons aussi le moyen de consacrer la coexistence de manière à ce qu’aucun Libanais ne puisse se sentir injustement traité. »
À la question de savoir si le projet orthodoxe n’était pas plutôt en contradiction avec Taëf et la coexistence, le leader des FL a répondu : « Au contraire, il est absolument en harmonie avec Taëf. » Il a cependant réaffirmé que la décision dépendra de la réaction des « autres partenaires et de l’entente qui en découlera ».
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