Par Ziyad Makhoul
Cinquantième semaine de 2011.
Ces milliers d’hommes et de femmes, ces Espagnol(e) s, ces Ghanéen(ne)s, ces Sud-Coréen(ne)s, ces Italien(ne)s, ces Qatari(es), ces Danois(es), ces Népalais(es), ces Slovènes, ces Chinois(es), ces Allemand(e)s, ces Benga-
li(e)s ou ces Français(es) ne font pas qu’apprendre aux Libanais du Sud cent et une façons de (conce)voir la vie autrement ; ils ne font pas que les initier à autant de cultures et de richesses ; ils ne font pas que les sensibiliser à l’environnement ; ils ne font pas que partager des iftars de ramadan ou jouer au père Noël ; ils ne font pas qu’exécuter d’urgents projets liés au développement de tel ou tel village ; ils ne font pas que faire rêver ces jeunes filles en fleur ou ces matadors énamourés qu’ils ou elles finissent parfois par épouser dans un joli métissage... Non. Pas que : ces hommes et ces femmes risquent leur vie (personne, certes, ne les y a obligés) pour garantir un minimum de sécurité, de stabilité et de normalité à des habitants balancés comme des cobayes entre l’aventurisme meurtrier d’un Hezbollah entièrement soumis à son cahier des charges syro-iranien et un gouvernement israélien (quel qu’il soit) toujours un peu plus barbare que le précédent.
Ces hommes et ces femmes, tampons et éponges, ces Casques bleus présents au Liban depuis mars 1978 dans le cadre de cette Finul devenue véritable citoyenne libanaise sont plus que jamais indispensables à la (sur)vie d’un pays et de son peuple. Et on fait tout pour qu’ils s’en aillent. Et cette fois, ils risquent réellement sinon de partir, du moins de modifier drastiquement la quantité et la qualité de leur investissement, tant en nombre de soldats qu’en ce qui concerne ces fameuses règles d’engagement qui pourraient très vite, de New York, s’anamorphoser.
Comme pour les roquettes tirées à partir du territoire libanais, à chaque fois qu’un contingent onusien se fait attaquer, le Hezbollah joue les duchesses offensées, condamne vigoureusement et jure qu’il n’a absolument rien à voir avec cette avanie, ni de près ni de loin. Cette semaine, après l’attaque contre les Français qui a provoqué la toute légitime colère d’Alain Juppé, c’était au tour du vaillant Naïm Kassem de dérouler une partition que tous les Libanais connaissent désormais par cœur, avec une variante sidérante : Nous ne sommes pas responsables de la sécurité au Liban, et après que plusieurs caciques du Hezb n’eurent rien trouvé de mieux que de s’en prendre à l’opposition et de la mettre en garde contre des déclarations jugées dangereuses et inacceptables. Or personne n’accuse directement le parti de Dieu d’appuyer sur le bouton qui fait exploser la charge au passage de tel ou tel contingent, ou la roquette qui va s’écraser, en principe, en Israël. Mais il est un axiome que le Hezbollah lui-même a contribué à sacraliser : rien, absolument rien ne peut se faire au Sud, en amont ou en aval du Litani, sans que le Hezbollah au mieux ne le sache, au pire ne le cautionne. Rien.
Sauf que cette fois, ce n’est pas, ce n’est plus pareil. Cette fois, et la communauté internationale le sait parfaitement, le Hezbollah est réellement coincé. Soit il obéit aux objurgations d’un régime syrien tellement dégénéré que son seul choix, avant de disparaître, est d’embraser le front libanais (uniquement inflammable au Sud, naturellement), soit il va se battre avec les groupuscules prosyriens qui pullulent au Liban, dans un réflexe atavique et toujours inédit de libanitude. Bien sûr, tout dépend d’abord de l’ordre en provenance de Téhéran – lequel est dans une situation de moins en moins enviée, de moins en moins contrôlée avec, donc, des réactions de moins en moins prévisibles et rationnelles. Bien sûr, il y a aussi Israël, tout aussi gêné, tout aussi encerclé que son ennemi juré par ces islamistes soft, ces fils de printemps qui bourgeonnent de partout, et qu’Ankara désormais paterne, doucement, un peu perversement.
La Finul a des envies de Venise. On l’aurait à moins. Elle n’est pas suicidaire. Parce que jusqu’à nouvel ordre, ce qu’Assad veut, Hezbollah veut. Lequel Hezbollah a tous les droits, s’il le souhaite, de se suicider. À condition de ne pas entraîner avec lui les Libanais. Toutes communautés confondues, chiite en tête, ils aiment la vie et ils y tiennent.
Ce ne sera pas un tribunal spécial qu’il faudra contre ceux qui assassineront ou feront fuir ces Casques bleus. C’est un bûcher.
Ces milliers d’hommes et de femmes, ces Espagnol(e) s, ces Ghanéen(ne)s, ces Sud-Coréen(ne)s, ces Italien(ne)s, ces Qatari(es), ces Danois(es), ces Népalais(es), ces Slovènes, ces Chinois(es), ces Allemand(e)s, ces Benga-
li(e)s ou ces Français(es) ne font pas qu’apprendre aux Libanais du Sud cent et une façons de (conce)voir la vie autrement ; ils ne font pas que les initier à autant de cultures et de richesses ; ils ne font pas que les sensibiliser à l’environnement ; ils ne font pas que partager des iftars de ramadan ou jouer au père Noël ; ils ne font pas qu’exécuter d’urgents projets liés au développement de tel ou tel village ; ils ne font pas que faire rêver ces jeunes filles en fleur ou ces matadors énamourés qu’ils ou elles finissent parfois par épouser dans un joli métissage... Non. Pas que : ces hommes et ces femmes risquent leur vie (personne, certes, ne les y a obligés) pour garantir un minimum de sécurité, de stabilité et de normalité à des habitants balancés comme des cobayes entre l’aventurisme meurtrier d’un Hezbollah entièrement soumis à son cahier des charges syro-iranien et un gouvernement israélien (quel qu’il soit) toujours un peu plus barbare que le précédent.
Ces hommes et ces femmes, tampons et éponges, ces Casques bleus présents au Liban depuis mars 1978 dans le cadre de cette Finul devenue véritable citoyenne libanaise sont plus que jamais indispensables à la (sur)vie d’un pays et de son peuple. Et on fait tout pour qu’ils s’en aillent. Et cette fois, ils risquent réellement sinon de partir, du moins de modifier drastiquement la quantité et la qualité de leur investissement, tant en nombre de soldats qu’en ce qui concerne ces fameuses règles d’engagement qui pourraient très vite, de New York, s’anamorphoser.
Comme pour les roquettes tirées à partir du territoire libanais, à chaque fois qu’un contingent onusien se fait attaquer, le Hezbollah joue les duchesses offensées, condamne vigoureusement et jure qu’il n’a absolument rien à voir avec cette avanie, ni de près ni de loin. Cette semaine, après l’attaque contre les Français qui a provoqué la toute légitime colère d’Alain Juppé, c’était au tour du vaillant Naïm Kassem de dérouler une partition que tous les Libanais connaissent désormais par cœur, avec une variante sidérante : Nous ne sommes pas responsables de la sécurité au Liban, et après que plusieurs caciques du Hezb n’eurent rien trouvé de mieux que de s’en prendre à l’opposition et de la mettre en garde contre des déclarations jugées dangereuses et inacceptables. Or personne n’accuse directement le parti de Dieu d’appuyer sur le bouton qui fait exploser la charge au passage de tel ou tel contingent, ou la roquette qui va s’écraser, en principe, en Israël. Mais il est un axiome que le Hezbollah lui-même a contribué à sacraliser : rien, absolument rien ne peut se faire au Sud, en amont ou en aval du Litani, sans que le Hezbollah au mieux ne le sache, au pire ne le cautionne. Rien.
Sauf que cette fois, ce n’est pas, ce n’est plus pareil. Cette fois, et la communauté internationale le sait parfaitement, le Hezbollah est réellement coincé. Soit il obéit aux objurgations d’un régime syrien tellement dégénéré que son seul choix, avant de disparaître, est d’embraser le front libanais (uniquement inflammable au Sud, naturellement), soit il va se battre avec les groupuscules prosyriens qui pullulent au Liban, dans un réflexe atavique et toujours inédit de libanitude. Bien sûr, tout dépend d’abord de l’ordre en provenance de Téhéran – lequel est dans une situation de moins en moins enviée, de moins en moins contrôlée avec, donc, des réactions de moins en moins prévisibles et rationnelles. Bien sûr, il y a aussi Israël, tout aussi gêné, tout aussi encerclé que son ennemi juré par ces islamistes soft, ces fils de printemps qui bourgeonnent de partout, et qu’Ankara désormais paterne, doucement, un peu perversement.
La Finul a des envies de Venise. On l’aurait à moins. Elle n’est pas suicidaire. Parce que jusqu’à nouvel ordre, ce qu’Assad veut, Hezbollah veut. Lequel Hezbollah a tous les droits, s’il le souhaite, de se suicider. À condition de ne pas entraîner avec lui les Libanais. Toutes communautés confondues, chiite en tête, ils aiment la vie et ils y tiennent.
Ce ne sera pas un tribunal spécial qu’il faudra contre ceux qui assassineront ou feront fuir ces Casques bleus. C’est un bûcher.
No comments:
Post a Comment