Le sort de milliers de Libanais – et de
ressortissants arabes – disparus durant la guerre civile et la période qui l’a
suivie sous la tutelle syrienne au Liban reste inconnu. Pour que ce dossier
vieux de plus de trente ans ne reste pas occulté et relégué aux oubliettes,
« L’Orient-Le Jour » relatera chaque semaine le témoignage d’un
parent en quête de la vérité sur le sort d’un disparu.
Élie Haddad est l’un des soldats disparus le
13 octobre 1990, dont le sort reste encore inconnu. Ils sont vingt-deux
militaires, inscrits sur la liste de Solide (Soutien aux Libanais en détention
et en exil), qui demeurent toujours dans ce cas. Les restes de huit soldats
disparus en ce jour ont été retrouvés en décembre 2005 dans la fosse commune du
ministère de la Défense de Yarzé, ainsi que trois autres corps appartenant à
des soldats tués lors des batailles de Chahar el-Gharbi, en 1984.
Élie Haddad avait 24 ans le jour où il a été porté disparu. « Il était basé à Kfarchima, se rappelle sa mère, Marie. C’était un samedi. Lorsque les bombardements syriens sur le palais de Baabda ont cessé, nous avons commencé à chercher Élie. Au terme de longues recherches, nous avons su que les soldats qui sont restés vivants ont été arrêtés et accompagnés à l’aéroport avant d’être menés à Anjar (siège du commandement des forces syriennes au Liban de 1984 à 2005, NDLR). Je n’ai jamais pu m’assurer s’il figurait au nombre des militaires qui s’y trouvaient, mais en recoupant plusieurs informations que j’ai réussi à obtenir de différentes sources, j’ai su qu’il a été transféré de Anjar en Syrie. »
Un long périple qui dure depuis plus de vingt-deux ans a commencé. « J’ai été à plusieurs reprises en Syrie, mais je n’ai jamais pu savoir où il était détenu ni le voir, malgré tous les efforts que j’ai déployés et toutes les promesses qu’ont m’a tenues dans ce sens, confie-t-elle. Un jour, les personnes qui m’aidaient à retrouver Élie m’ont convoquée pour me dire qu’il était vivant et que son dossier a été soumis au tribunal militaire. On l’accusait d’espionnage pour le compte d’Israël. »
Comme un malheur n’arrive jamais seul, Marie Haddad a perdu son mari quelques années plus tard. « Élie est l’aîné de mes quatre enfants, indique-t-elle. Depuis sa disparition, je souffre le martyre. J’ai cru devenir folle. J’ai tellement enduré que j’ai fini par prendre la décision de considérer que mon fils était décédé durant les combats. » Une décision qui a fait long feu. Marie Haddad n’a pas tardé à reprendre la route de Damas pour une énième fois dans l’espoir de voir Élie. « Les personnes qui m’aidaient m’avaient assuré que cela était enfin possible. » Quelle ne fut grande sa déception lorsqu’elle s’est vu refuser ce droit de visite pour la énième fois. « J’ai alors compris qu’il s’agissait d’une grosse affaire et que je n’aboutirais à rien, précise-t-elle. Je me suis résignée. Ce n’est pas que j’ai abandonné le dossier, mais je n’étais plus capable de subir une nouvelle déception. Je me suis alors décidée à ne plus aller en Syrie. »
« Mon instinct maternel me dit qu’Élie est toujours en vie, reprend Marie Haddad d’une voix lasse. Mon fils n’est pas plus précieux que ceux qui sont morts et je ne suis pas meilleure que leurs parents. Mais je sais que mon fils est en Syrie. Comment voulez-vous que je reste les bras croisés ? Dans mon entourage, on me critique parce que je continue à espérer et à participer à ce sit-in (les parents des détenus libanais en Syrie observent, depuis le 11 avril 2005, un sit-in permanent dans le jardin Gibran Khalil Gibran au centre-ville de Beyrouth, jusqu’à ce que la lumière soit faite sur le sort des leurs, NDLR). Ils ne cessent de me répéter, “que Dieu te garde les vivants !” Mais je n’arrive pas à me résigner. Je ne peux pas perdre l’espoir, même si je suis prête à tout accepter. »
Comme toutes les familles qui ont été déçues par l’indifférence et la négligence de l’État libanais dans le traitement de ce dossier, Marie Haddad déplore : « Le commandement de l’armée n’a rien fait pour mon fils, qui avait quitté sa famille pour servir son pays. Il a même voulu le déclarer mort ! Seule la prière peut nous aider. Ici sur terre, personne ne peut rien faire pour nous ! » Retenant un sanglot, elle conclut : « Si ce jour-là les forces syriennes n’avaient pas reçu une aide du Liban, je ne serais pas aujourd’hui dans cette tente. »
Élie Haddad avait 24 ans le jour où il a été porté disparu. « Il était basé à Kfarchima, se rappelle sa mère, Marie. C’était un samedi. Lorsque les bombardements syriens sur le palais de Baabda ont cessé, nous avons commencé à chercher Élie. Au terme de longues recherches, nous avons su que les soldats qui sont restés vivants ont été arrêtés et accompagnés à l’aéroport avant d’être menés à Anjar (siège du commandement des forces syriennes au Liban de 1984 à 2005, NDLR). Je n’ai jamais pu m’assurer s’il figurait au nombre des militaires qui s’y trouvaient, mais en recoupant plusieurs informations que j’ai réussi à obtenir de différentes sources, j’ai su qu’il a été transféré de Anjar en Syrie. »
Un long périple qui dure depuis plus de vingt-deux ans a commencé. « J’ai été à plusieurs reprises en Syrie, mais je n’ai jamais pu savoir où il était détenu ni le voir, malgré tous les efforts que j’ai déployés et toutes les promesses qu’ont m’a tenues dans ce sens, confie-t-elle. Un jour, les personnes qui m’aidaient à retrouver Élie m’ont convoquée pour me dire qu’il était vivant et que son dossier a été soumis au tribunal militaire. On l’accusait d’espionnage pour le compte d’Israël. »
Comme un malheur n’arrive jamais seul, Marie Haddad a perdu son mari quelques années plus tard. « Élie est l’aîné de mes quatre enfants, indique-t-elle. Depuis sa disparition, je souffre le martyre. J’ai cru devenir folle. J’ai tellement enduré que j’ai fini par prendre la décision de considérer que mon fils était décédé durant les combats. » Une décision qui a fait long feu. Marie Haddad n’a pas tardé à reprendre la route de Damas pour une énième fois dans l’espoir de voir Élie. « Les personnes qui m’aidaient m’avaient assuré que cela était enfin possible. » Quelle ne fut grande sa déception lorsqu’elle s’est vu refuser ce droit de visite pour la énième fois. « J’ai alors compris qu’il s’agissait d’une grosse affaire et que je n’aboutirais à rien, précise-t-elle. Je me suis résignée. Ce n’est pas que j’ai abandonné le dossier, mais je n’étais plus capable de subir une nouvelle déception. Je me suis alors décidée à ne plus aller en Syrie. »
« Mon instinct maternel me dit qu’Élie est toujours en vie, reprend Marie Haddad d’une voix lasse. Mon fils n’est pas plus précieux que ceux qui sont morts et je ne suis pas meilleure que leurs parents. Mais je sais que mon fils est en Syrie. Comment voulez-vous que je reste les bras croisés ? Dans mon entourage, on me critique parce que je continue à espérer et à participer à ce sit-in (les parents des détenus libanais en Syrie observent, depuis le 11 avril 2005, un sit-in permanent dans le jardin Gibran Khalil Gibran au centre-ville de Beyrouth, jusqu’à ce que la lumière soit faite sur le sort des leurs, NDLR). Ils ne cessent de me répéter, “que Dieu te garde les vivants !” Mais je n’arrive pas à me résigner. Je ne peux pas perdre l’espoir, même si je suis prête à tout accepter. »
Comme toutes les familles qui ont été déçues par l’indifférence et la négligence de l’État libanais dans le traitement de ce dossier, Marie Haddad déplore : « Le commandement de l’armée n’a rien fait pour mon fils, qui avait quitté sa famille pour servir son pays. Il a même voulu le déclarer mort ! Seule la prière peut nous aider. Ici sur terre, personne ne peut rien faire pour nous ! » Retenant un sanglot, elle conclut : « Si ce jour-là les forces syriennes n’avaient pas reçu une aide du Liban, je ne serais pas aujourd’hui dans cette tente. »
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