De 100 à 150 familles ont trouvé refuge à
Ersal et Saadnayel.
Ils ont bravé le froid et la neige, échappé aux patrouilles de l’armée
syrienne, survécu aux bombardements : des centaines de Syriens ont trouvé
refuge au Liban depuis 24 heures, fuyant les combats en Syrie.De 100 à 150 familles sont arrivées dimanche à Ersal, racontent les habitants de cette ville frontalière de la Békaa. Cet afflux de réfugiés est le premier de cette ampleur depuis avril dernier.
Les familles se sont installées pour la plupart à Ersal et Saadnayel, après avoir fui, disent-elles, les bombardements de chars, de roquettes et d’hélicoptères contre la ville de Koussair, entre Homs et la frontière.
Ces réfugiés ont parcouru à pied la douzaine de kilomètres qui séparent Koussair du Liban, dans des collines recouvertes de neige, mais beaucoup d’autres ont été interceptés en essayant de fuir de chez eux, a dit un réfugié.
« Ma maison a été bombardée, il y avait un trou gigantesque dans un mur », raconte un homme de 21 ans, vêtu d’un blouson en cuir noir et d’un keffieh blanc pour se protéger du froid.
Selon lui, les chars sont entrés les premiers dans Koussair dimanche matin.
« J’ai vu des hélicoptères tirer des missiles et à la mitrailleuse lourde, affirme-t-il. Toute ma famille a fui. Nous avons marché toute la journée pour arriver jusqu’ici. »
Bien qu’Ersal ne soit qu’à dix kilomètres de la frontière, les réfugiés ont dû en parcourir une quarantaine d’une vallée à l’autre, la route de montagne étant coupée par les chutes de neige.
« La fin d’un cauchemar »
Seules quelques familles, sur les 2 000 personnes qui ont fui Koussair, ont réussi à contourner les barrages dressés par les forces gouvernementales syriennes.
« Quand nous sommes arrivés en territoire libanais, je me suis retourné et j’ai vu les soldats syriens qui nous poursuivaient arrêter une quarantaine de personnes, témoigne-t-il. Nous avons réussi à sortir, mais tout le monde n’a pas eu notre chance. »
Le père du jeune homme, âgé d’une soixantaine d’années, a loué une chambre à Ersal pour quelques dollars par jour. « C’est la fin d’un cauchemar. À Koussair, il n’y avait pas de nourriture, pas d’essence, pas de pain, pas d’électricité... », dit-il.
Sur un autre balcon de l’immeuble, une femme voilée, vêtue d’une longue robe grise, explique qu’elle a fui le quartier de Khalidiya, à Homs, il y a une semaine.
« L’armée a complètement détruit Baba Amr. Il m’a fallu quatre jours pour sortir de la province de Homs, mais mon mari y est toujours pris au piège », raconte-t-elle.
Cette femme a franchi la frontière légalement avec ses enfants, mais cette option est interdite aux hommes en âge de porter des armes, précise-t-elle.
La plupart des réfugiés disent qu’ils ne retourneront pas en Syrie tant que Bachar el-Assad sera au pouvoir. L’un d’eux, qui se présente comme un combattant de l’Armée syrienne libre, est à l’inverse sur le point de repartir vers la frontière.
« Je suis arrivé au Liban hier pour mettre mes enfants à l’abri, dit-il. Je retourne à Homs. »
Version officielle
La plupart des réfugiés arrivés à Kaa sont retournés dans leur pays lorsque le niveau de la violence s’est atténué, ont indiqué lundi l’ONU et le ministre des Affaires sociales Waël Bou Faour.
« Ces deux derniers jours, nous avons entendu que jusqu’à 2 000 Syriens ont tenté d’entrer au Liban », a déclaré de son côté Dana Sleiman, du Haut-Commissariat pour les réfugiés des Nations unies (UNHCR).
« Mais il y a des informations contradictoires sur le fait qu’ils sont retournés (en Syrie) ou non », a-t-elle ajouté. Selon l’UNHCR, 7 058 Syriens sont enregistrés comme réfugiés au Liban.
Quatre Syriens blessés ont été admis à l’hôpital de Chtaura, mais certains établissements hospitaliers ont refusé de remplir leur devoir humanitaire.
L’ambassadeur de Syrie au Liban Ali Abdel Karim Ali n’a pas réagi à l’afflux des réfugiés. « Tout ce qui nous intéresse, a-t-il dit, c’est que le gouvernement libanais contrôle les frontières et empêche toute infiltration d’armes et de combattants. »
De leur côté, les gardes-frontières syriens ont tiré sur une unité d’hommes grenouilles libanais qui tentait de repêcher le corps d’un adolescent, Massoud Dandachi, qui s’était noyé dans les eaux de l’Oronte.
http://www.lorientlejour.com/category/Liban/article/748442/Afflux_inhabituel_de_refugies,_a_travers_neige_et_combats.html
No comments:
Post a Comment