La brève censure imposée hier au réalisateur américain Steven Spielberg,
dont le nom a été recouvert de carton et d’adhésif pendant quelque temps sur
les affiches du long-métrage d’animation en trois dimensions Les aventures de
Tintin et le Secret de la Licorne dans quelques cinémas sur le territoire
libanais, notamment le Cinema City au City Mall de Nahr el-Mott, a suscité hier
de vives réactions dans les rangs des associations de défense des droits de
l’homme, quand bien même la Sûreté générale s’est déchargée de toute
responsabilité dans cette affaire.
En effet, dans la foulée de la version donnée mercredi soir par des sources de la Sûreté générale à L’Orient-Le Jour, selon lesquelles cette dernière n’aurait rien à voir dans cette affaire et que tout cela relevait exclusivement de la responsabilité du Circuit Empire, un responsable de la chaîne de cinéma Circuit Empire, Bassam Eid, a affirmé hier dans un entretien téléphonique à L’Orient-Le Jour et à l’AFP que la censure en question (qui a visé Steven Spielberg) était « une erreur due à un employé trop zélé » qui a pris cette initiative « de lui-même », sur base du fait que Steven Spielberg se trouverait sur la « liste noire » de personnalités boycottées pour leurs liens avec Israël.
Cependant, cette version de la Sûreté générale et de M. Eid contredisent le témoignage accordé mercredi au centre SKeyes par l’un des responsables de l’administration de Cinema City à Dbayeh, Mohammad Mroueh, qui a assuré que la décision de la censure était venue de la Sûreté générale.
Journalistes contre la violence
Dans un communiqué, l’association Journalistes contre la violence a déploré le retour à la répression de la liberté d’expression et des libertés artistiques et culturelles, rappelant la censure, sous la pression du Hezbollah, du passage se rapportant au Journal d’Anne Frank dans un manuel de littérature dans une école de Beyrouth en 2009, ainsi que la campagne de violence morale menée par les médias du Hezbollah et de ses alliés contre le comédien Gad Elmaleh, qui devait se produire au Festival de Beiteddine, et qui avait fini par annuler sa prestation, ou encore les campagnes de la part des mêmes groupes visant à dissuader le groupe Placebo de se produire à Beyrouth. L’association a également évoqué l’interdiction de diffusion en salles, ces deux dernières années, de plusieurs documentaires iraniens sur la révolution verte en Iran, après une intervention directe de l’ambassadeur iranien dans ce sens.
« Voilà qu’après tout cela, le terrorisme intellectuel frappe de nouveau avec la censure visant le nom du réalisateur Steven Spielberg sur les affiches de son nouveau film au Cinema City, dans le complexe du City Mall », relève Journalistes contre la violence. « Cet incident grave et ses précédents montrent une baisse inquiétante du climat des libertés et un retour à des méthodes policières répressives que nous avions cru disparues pour toujours avec l’effondrement du régime de la tutelle sécuritaire syrienne », indique l’association dans son communiqué.
« Face à cela, Journalistes contre la violence annonce son rejet total et catégorique des campagnes de violence morale menées par le Hezbollah et les partis, courants et services qui gravitent dans l’orbite syro-iranien pour ramener le pays à une étape qui est révolue non seulement au Liban, mais qui est en voie d’effondrement dans l’ensemble du monde arabe. Toutes les associations de la société civile et les associations des droits de l’homme concernées feront face à toute tentative visant à ramener le pays à l’ère de la répression, à limiter la liberté d’expression et à rétablir le règne de la censure et de l’autocensure », note l’association.
Et le communiqué de poursuivre : « L’association réitère son refus de toute forme de censure, surtout la censure préalable d’œuvres artistiques, ce qui constitue une atteinte fondamentale aux droits de l’homme, aux valeurs démocratiques et à la citoyenneté. La censure constitue aussi une insulte à la logique de la séparation des pouvoirs, parce qu’il revient en principe à la justice de trancher les litiges découlant d’une œuvre quelconque qui aurait dérangé au plan sociétal. Partant, l’association appelle à décharger les services de sécurité de leur rôle à ce niveau et à l’abolition définitive de la censure préalable. Elle appelle également l’ensemble des associations concernées à initier avec elle une vaste campagne pour atteindre cet objectif. »
« En ce qui concerne enfin le cas du film de Steven Spielberg stricto sensu, l’association déplore le fait que certaines parties en soient arrivées à ce degré de racisme dans leur haine et leur ressentiment, souligne Journalistes contre la violence. De l’affaire du Journal d’Anne Frank à celle de Steven Spielberg, en passant par celle de Gad Elmaleh, il se dégage une tendance répugnante à l’antisémitisme. Est-ce là vraiment l’image qu’ils souhaitent donner du Liban ? Une question que nous posons à l’ensemble des responsables libanais, notamment les trois présidents, ainsi que les ministres de l’Information, de la Culture, de la Justice et de l’Intérieur », conclut Journalistes contre la violence.
Moukawimoun
Dans un communiqué intitulé « Nous avons rencontré l’ennemi : c’est Tintin », le rassemblement Moukawimoun a lui aussi condamné la censure imposée au réalisateur Steven Spielberg. « On ne sait pas s’il faut en rire ou en pleurer. Le réalisateur du film Tintin, Spielberg, est sur la liste noire, apparemment. Ce qui est sûr, c’est qu’il est “sous” la bande noire... non pas la bande collante appliquée sur son nom sur les affiches, mais bien la “bande noire”, celle qui gère notre Liban, caviardant notre espace culturel audiovisuel et écrit. C’est en fait notre pays en entier qui passe sous la censure insidieusement. Notre liberté de pensée, de réflexion, de création et d’action se mue, petit à petit, en un stéréotype unique et commun imposé à coups d’interdictions et de condamnations aussi ridicules que dangereuses, voire même illégales, allant à contre-courant des droits les plus élémentaires de l’homme », a indiqué le rassemblement dans un communiqué.
« Moukawimoun rejette et condamne toutes ces formes de répression de la pensée. Nous demandons aux autorités libanaises de s’assurer que les lois en vigueur sont appliquées correctement, selon les normes et procédures qui leur échoient, dans le respect des libertés individuelles en général et la liberté d’expression en particulier. Nous demandons également aux citoyens libanais de rester vigilants sur tout ce qui empiète leurs droits fondamentaux et de les revendiquer à chaque fois que ces derniers sont bafoués ou menacés. Ce communiqué se place au tout début d’une série d’actions que Moukawimoun dévoilera très bientôt. Nous nous placerons toujours en amont des efforts déployés pour un État de droit au Liban où la démocratie et la liberté d’expression sont respectées et appliquées », ajoute le communiqué.
En effet, dans la foulée de la version donnée mercredi soir par des sources de la Sûreté générale à L’Orient-Le Jour, selon lesquelles cette dernière n’aurait rien à voir dans cette affaire et que tout cela relevait exclusivement de la responsabilité du Circuit Empire, un responsable de la chaîne de cinéma Circuit Empire, Bassam Eid, a affirmé hier dans un entretien téléphonique à L’Orient-Le Jour et à l’AFP que la censure en question (qui a visé Steven Spielberg) était « une erreur due à un employé trop zélé » qui a pris cette initiative « de lui-même », sur base du fait que Steven Spielberg se trouverait sur la « liste noire » de personnalités boycottées pour leurs liens avec Israël.
Cependant, cette version de la Sûreté générale et de M. Eid contredisent le témoignage accordé mercredi au centre SKeyes par l’un des responsables de l’administration de Cinema City à Dbayeh, Mohammad Mroueh, qui a assuré que la décision de la censure était venue de la Sûreté générale.
Journalistes contre la violence
Dans un communiqué, l’association Journalistes contre la violence a déploré le retour à la répression de la liberté d’expression et des libertés artistiques et culturelles, rappelant la censure, sous la pression du Hezbollah, du passage se rapportant au Journal d’Anne Frank dans un manuel de littérature dans une école de Beyrouth en 2009, ainsi que la campagne de violence morale menée par les médias du Hezbollah et de ses alliés contre le comédien Gad Elmaleh, qui devait se produire au Festival de Beiteddine, et qui avait fini par annuler sa prestation, ou encore les campagnes de la part des mêmes groupes visant à dissuader le groupe Placebo de se produire à Beyrouth. L’association a également évoqué l’interdiction de diffusion en salles, ces deux dernières années, de plusieurs documentaires iraniens sur la révolution verte en Iran, après une intervention directe de l’ambassadeur iranien dans ce sens.
« Voilà qu’après tout cela, le terrorisme intellectuel frappe de nouveau avec la censure visant le nom du réalisateur Steven Spielberg sur les affiches de son nouveau film au Cinema City, dans le complexe du City Mall », relève Journalistes contre la violence. « Cet incident grave et ses précédents montrent une baisse inquiétante du climat des libertés et un retour à des méthodes policières répressives que nous avions cru disparues pour toujours avec l’effondrement du régime de la tutelle sécuritaire syrienne », indique l’association dans son communiqué.
« Face à cela, Journalistes contre la violence annonce son rejet total et catégorique des campagnes de violence morale menées par le Hezbollah et les partis, courants et services qui gravitent dans l’orbite syro-iranien pour ramener le pays à une étape qui est révolue non seulement au Liban, mais qui est en voie d’effondrement dans l’ensemble du monde arabe. Toutes les associations de la société civile et les associations des droits de l’homme concernées feront face à toute tentative visant à ramener le pays à l’ère de la répression, à limiter la liberté d’expression et à rétablir le règne de la censure et de l’autocensure », note l’association.
Et le communiqué de poursuivre : « L’association réitère son refus de toute forme de censure, surtout la censure préalable d’œuvres artistiques, ce qui constitue une atteinte fondamentale aux droits de l’homme, aux valeurs démocratiques et à la citoyenneté. La censure constitue aussi une insulte à la logique de la séparation des pouvoirs, parce qu’il revient en principe à la justice de trancher les litiges découlant d’une œuvre quelconque qui aurait dérangé au plan sociétal. Partant, l’association appelle à décharger les services de sécurité de leur rôle à ce niveau et à l’abolition définitive de la censure préalable. Elle appelle également l’ensemble des associations concernées à initier avec elle une vaste campagne pour atteindre cet objectif. »
« En ce qui concerne enfin le cas du film de Steven Spielberg stricto sensu, l’association déplore le fait que certaines parties en soient arrivées à ce degré de racisme dans leur haine et leur ressentiment, souligne Journalistes contre la violence. De l’affaire du Journal d’Anne Frank à celle de Steven Spielberg, en passant par celle de Gad Elmaleh, il se dégage une tendance répugnante à l’antisémitisme. Est-ce là vraiment l’image qu’ils souhaitent donner du Liban ? Une question que nous posons à l’ensemble des responsables libanais, notamment les trois présidents, ainsi que les ministres de l’Information, de la Culture, de la Justice et de l’Intérieur », conclut Journalistes contre la violence.
Moukawimoun
Dans un communiqué intitulé « Nous avons rencontré l’ennemi : c’est Tintin », le rassemblement Moukawimoun a lui aussi condamné la censure imposée au réalisateur Steven Spielberg. « On ne sait pas s’il faut en rire ou en pleurer. Le réalisateur du film Tintin, Spielberg, est sur la liste noire, apparemment. Ce qui est sûr, c’est qu’il est “sous” la bande noire... non pas la bande collante appliquée sur son nom sur les affiches, mais bien la “bande noire”, celle qui gère notre Liban, caviardant notre espace culturel audiovisuel et écrit. C’est en fait notre pays en entier qui passe sous la censure insidieusement. Notre liberté de pensée, de réflexion, de création et d’action se mue, petit à petit, en un stéréotype unique et commun imposé à coups d’interdictions et de condamnations aussi ridicules que dangereuses, voire même illégales, allant à contre-courant des droits les plus élémentaires de l’homme », a indiqué le rassemblement dans un communiqué.
« Moukawimoun rejette et condamne toutes ces formes de répression de la pensée. Nous demandons aux autorités libanaises de s’assurer que les lois en vigueur sont appliquées correctement, selon les normes et procédures qui leur échoient, dans le respect des libertés individuelles en général et la liberté d’expression en particulier. Nous demandons également aux citoyens libanais de rester vigilants sur tout ce qui empiète leurs droits fondamentaux et de les revendiquer à chaque fois que ces derniers sont bafoués ou menacés. Ce communiqué se place au tout début d’une série d’actions que Moukawimoun dévoilera très bientôt. Nous nous placerons toujours en amont des efforts déployés pour un État de droit au Liban où la démocratie et la liberté d’expression sont respectées et appliquées », ajoute le communiqué.
http://www.lorientlejour.com/category/Liban/article/731077/Affaire_%3C%3C+Tintin+%3E%3E+%3A_la_SG_s%27en_lave_les_mains%2C_les_ONG_passent_a_l%27attaque_et_reclament_l%27abolition_de_la_censure.html
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