The Lebanese Center for Human Rights (CLDH) is a local non-profit, non-partisan Lebanese human rights organization in Beirut that was established by the Franco-Lebanese Movement SOLIDA (Support for Lebanese Detained Arbitrarily) in 2006. SOLIDA has been active since 1996 in the struggle against arbitrary detention, enforced disappearance and the impunity of those perpetrating gross human violations.

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November 25, 2011

L'Orient le jour - Anti et pro-incinérateurs débattent du devenir des déchets au Liban, November 25, 2011

Par Pauline Merveille | vendredi, novembre 25, 2011

Le campus des sciences humaines de l’Université Saint-Joseph a accueilli hier plusieurs ONG lors d’une rencontre sur la mise en place d’incinérateurs au Liban.
Les incinérateurs sont vus par certains comme une solution rapide et efficace, tandis que les défenseurs de la cause écologique s’élèvent contre ces « monstres pollueurs ». Ce qui est certain, c’est que la question centrale reste la même : que faire des milliers de tonnes de déchets produits chaque année au Liban ?
Depuis 2010, le gouvernement de Saad Hariri a décidé la mise en place d’incinérateurs à travers le pays pour transformer ces déchets en énergie. Les ONG présentes lors de la conférence refusent cette solution qui ne sera efficace que sur le court terme. Paul Abi Rached, président de l’association TERRE-Liban, déplore un secteur public faible au Liban et estime que les incinérateurs sont très polluants : « Il ne s’agit là que d’une histoire d’argent entre businessmen. Nous faisons pression sur les responsables politiques pour que ces incinérateurs ne voient pas le jour. » Parmi les invités se trouve Ghassan Sayyah, porte-parole du ministre de l’Environnement. Au nom du ministre, il assure que les incinérateurs sont la seule solution possible et efficace à l’heure actuelle. La tension monte, les représentants des ONG élèvent la voix pour défendre des solutions alternatives. Le représentant du ministre fait mine de quitter la salle. Le débat semble clos, jusqu’au moment où plusieurs présidents d’ONG finissent par le convaincre de rester et de les écouter dans un souci démocratique.
Fifi Kallab, membre de la coalition et présidente de l’ONG Byblos Ecologia, dénonce les dangers d’un tel projet : « Les incinérateurs ont besoin de déchets pour fonctionner et produire de l’énergie. Ce qui va à l’encontre du travail de réduction des déchets que l’on doit mener. » Elle insiste aussi sur le coût qu’impliquent de telles installations. « Les incinérateurs et leur entretien coûtent très chers et ne créent pas d’emplois. Ils vont appauvrir les municipalités et dépensent plus d’énergie qu’ils n’en produisent », affirme-t-elle. Au-delà des questions financières, ce sont surtout les questions de santé qui animent le débat : « Le Liban n’a pas les moyens de faire analyser la dangerosité des incinérateurs et l’impact qu’ils peuvent avoir sur la santé. Or on sait qu’ils peuvent rejeter plus de 200 produits chimiques dont la dioxine. Ces gaz pour la plupart non biodégradables sont à l’origine de cancers et de plusieurs autres pathologies graves », poursuit Fifi Kallab. Le public apprend alors que 84 % de la dioxine aux États-Unis provient des incinérateurs.

Quatre tonnes de déchets créent une tonne de cendres
La coalition propose des alternatives moins coûteuses, moins dangereuses pour la santé et l’environnement. Elles sont aussi, à ses yeux, plus efficaces sur le long terme. Leur programme est basé sur la règle des « 3R » : Recyclage, Réduction et Réutilisation. « Les centres de triage créent beaucoup plus d’emplois sur le plan local et entraînent un moindre coût. Cela minimise le transport des déchets. Ce sont des solutions durables que le gouvernement doit encourager en créant des centres de compostage et de triage », soutient Fifi Kallab. Les membres de cette coalition, qui combattent ces « usines à déchets », veulent encourager le principe du pollueur/payeur en taxant les produits non recyclables. Leur but est de protéger les ressources naturelles et la santé des Libanais.
Parmi les invités de la conférence, Paul Connett, membre de la commission des Nations unies pour le développement durable, a présenté un programme en plusieurs étapes à l’assistance. Ce spécialiste américain considère que le traitement des déchets aujourd’hui est la preuve irréfutable que les hommes sont en train de faire quelque chose de mal. Il enchaîne : « Le gros problème qu’il faut résoudre à l’heure actuelle est celui de la surconsommation. C’est un problème local qui crée une véritable crise globale. » Il va dans le sens de la coalition en affirmant que les incinérateurs ne sont pas une solution durable. Pire encore, ces derniers accélèrent le réchauffement climatique du fait des rejets de cendres et de gaz chimiques, selon lui. Il insiste aussi sur l’impact que peuvent avoir les gaz toxiques sur la santé, illustrant son argumentation par des graphiques et des photos prises à travers le monde. « Ce ne sont pas les nouvelles technologies qui règleront le problème des déchets. Il n’y a qu’une direction à prendre qui est celle du “zéro déchet”. Depuis 1985, 300 incinérateurs ont été fermés aux États-Unis, attestant d’une certaine prise de conscience des responsables politiques. »
Lors de la conférence, « anti » et « pro » incinérateurs se seront entendus au moins sur un point : un énorme travail reste à faire au Liban concernant le traitement des déchets. Désormais, il faudra faire le choix entre la solution rapide et efficace à court terme, ou bien celle de la coalition qui se veut elle aussi efficace, mais également durable et soucieuse de l’environnement.


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