The Lebanese Center for Human Rights (CLDH) is a local non-profit, non-partisan Lebanese human rights organization in Beirut that was established by the Franco-Lebanese Movement SOLIDA (Support for Lebanese Detained Arbitrarily) in 2006. SOLIDA has been active since 1996 in the struggle against arbitrary detention, enforced disappearance and the impunity of those perpetrating gross human violations.

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November 25, 2011

L'Orient le jour - Brusquement, la partie d’échecs s’emballe..., November 25, 2011

Par Scarlett HADDAD |
Ce n’est plus un secret pour personne : avec l’approche de la fin de l’année 2011 (et le retrait américain d’Irak), la partie d’échecs qui se joue dans la région semble s’emballer. Et comme par hasard, c’est ce moment précis que choisit le nouveau président du TSL pour effectuer sa première visite au Liban avec pour objectif de pousser les responsables à verser la part du Liban dans le financement de ce tribunal, mettant en quelque sorte un terme au délai de grâce tacite accordé au gouvernement Mikati à cet égard. Le président du TSL aurait même été assez ferme au cours de ses entretiens avec les responsables libanais, précisant que si le Liban ne respecte pas son engagement, il soumettra l’affaire au Conseil de sécurité. En même temps, le 14 Mars décide soudainement d’augmenter la pression sur le Premier ministre et son gouvernement. L’ancien Premier ministre Saad Hariri investit le réseau Twitter, à partir duquel il hausse le ton contre le gouvernement et aussi bien le chef du bloc parlementaire du Futur Fouad Siniora que le député Nohad Machnouk suivent le mouvement. Mais le clou reste le meeting oratoire qui devrait se tenir dimanche à Tripoli.
Le choix de Tripoli pour l’organisation de ce rassemblement qui se veut en hommage à la fête de l’Indépendance est à lui seul un message politique direct au Premier ministre Nagib Milkati. En clair, il s’agit de montrer au président du Conseil qu’il est contesté dans son propre fief. Vendredi dernier, son portrait avait été déchiré par des manifestants hostiles au régime syrien, et dimanche, il sera sans doute clairement appelé à s’en aller, s’il ne réussit pas à faire adopter par son gouvernement une décision en faveur du financement du TSL. Pour être bien sûrs qu’il n’a aucune chance de s’en sortir, les manifestants de Tripoli s’apprêtent même à réclamer son départ s’il ne parvient pas à arrêter les suspects réclamés par le TSL... En même temps, il s’agit de mobiliser les habitants du Nord contre le régime syrien, préparant ainsi le terrain à la création d’une zone-tampon entre les deux pays qui faciliterait l’aide aux opposants syriens, à partir du Liban.
Tous les dossiers bougent donc en même temps, comme sous l’impulsion d’un même chef d’orchestre : au forcing local, arabe et international contre le régime syrien correspond une campagne sans merci contre le gouvernement Mikati, acculé à traiter le dossier du financement du TSL dans les plus brefs délais. Aux dernières nouvelles, ce dossier devrait figurer à l’ordre du jour de la séance gouvernementale du 30 novembre. Mais ceux qui attendent une décision claire au cours de ce Conseil des ministres pourraient déchanter, puisque le ministre de la Justice Chakib Cortbawi, directement concerné par ce dossier, sera absent à cette date, participant à la réunion des ministres arabes de la Justice. Les ministres pourront donc débattre de ce sujet et exposer leurs points de vue, ainsi que les possibilités de solution, mais la décision sera forcément remise. Des sources ministérielles commencent d’ailleurs déjà à dire que les débats pourraient être longs au sein du Conseil des ministres et il faudrait plusieurs séances avant d’aboutir à une solution. Le président du TSL a toutefois parlé d’une échéance qui doit être tranchée le 15 décembre. Mais rien n’est encore officiel...
Les positions sont en tout cas claires : le Hezbollah ne veut absolument pas entendre parler du financement du TSL, même si cela devait entraîner la démission du gouvernement. C’est pour lui une question de principe et de cohérence, puisqu’il ne cesse d’accuser le TSL d’être politisé et d’être manipulé par les États-Unis et Israël. Comment dans ce cas pourrait-il donner son aval à son financement ? Le Hezbollah estime aussi que depuis les sanctions des États-Unis contre l’Unesco, le Conseil de sécurité ne peut pas contraindre le Liban à verser sa part dans le financement du TSL, qui est une création du Conseil de sécurité, alors que les États-Unis refusent de payer leur part dans le financement d’une institution relevant de l’ONU.
Le Hezbollah est aussi convaincu que sa position est d’autant plus acceptable que dans ses statuts, le TSL prévoit le recours à d’autres sources de financement au cas où le Liban ne serait plus en mesure de payer les 49 % du budget du tribunal. Enfin, les proches du Hezbollah ajoutent que la parade la plus logique est de recourir au vote au sein du Conseil des ministres, en sachant qu’avec les voix des ministres du CPL et d’Amal, la majorité des voix ministérielles sera en faveur de sa décision. En même temps, les ministres du président de la République et ceux du Premier ministre ainsi que ceux de Walid Joumblatt voteront en faveur du financement, mais ils devront s’incliner devant le choix de la majorité, selon les règles démocratiques, que l’Occident prône et qu’il ne peut donc pas renier pour imposer des sanctions économiques ou autres.
C’est justement à ce scénario que le 14 Mars veut couper la voie. En augmentant la pression sur le Premier ministre en personne, et en misant sur les propos fermes qui lui ont été tenus au cours de ses entretiens avec les diplomates et autres responsables occidentaux, le 14 Mars croit pouvoir le pousser vers la sortie au plus vite, en rendant sa position intenable, même dans son fief tripolitain, et en le présentant comme une personne soumise au diktat du Hezbollah. En parallèle, les pressions occidentales, arabes et régionales affaibliront le régime syrien au point de le faire chuter. Ce qui, selon le 14 Mars, ne peut qu’accélérer le départ du gouvernement Mikati, qui continuerait à gérer les affaires courantes en attendant la formation d’une nouvelle équipe, jugée plus acceptable.
Entre le scénario propagé par les milieux du 14 Mars et la position de principe du Hezbollah et de ses alliés, le président de la République et le Premier ministre cherchent à faire entendre la voix de la raison, selon laquelle il faudrait d’abord songer aux intérêts du Liban et pour cela éviter de l’entraîner dans la tourmente qui secoue actuellement le monde arabe. Pour le président, il s’agit aussi de financer le TSL, non pas par peur des sanctions mais par respect des engagements de l’État libanais, quitte à réclamer des amendements dans les statuts du TSL ou des modifications dans son fonctionnement. Quant aux proches du Premier ministre, ils rappellent que lorsque Mikati a accepté d’être désigné à la tête du gouvernement, il savait qu’il ne s’engageait pas dans une promenade touristique. Il voulait simplement sortir le pays de l’impasse dans laquelle il se débattait. Le moment est venu de montrer sa capacité à absorber la crise...


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