Par Marisol EL-RIFAÏ
MIGRANTS Ils étaient une dizaine de représentants de travailleurs africains et asiatiques à répondre à l’appel de « Anti-Racism Movement » pour témoigner des arrestations et agressions répétées auxquelles ils sont de plus en plus nombreux à faire face, surtout après un reportage diffusé il y a un mois par une chaîne de télévision libanaise.
C’est dans les locaux de Dar el-Mussawir, une association de photographie à Beyrouth, que s’est tenue hier une conférence de presse organisée par l’ONG Anti-Racism Movement (ARM) sur les arrestations arbitraires par les forces de l’ordre que subissent depuis quelques semaines des travailleurs migrants.
« Il n’est pas nouveau au Liban que des personnes de couleur se fassent molester dans les rues par des passants ou les forces de l’ordre, mais depuis quelques temps la situation a pris des tournures préoccupantes dans les quartiers de Bourj Hammoud, de Nabaa et de Dora », explique Ali Fakhry, un des fondateurs de ARM. D’après lui, tout a commencé le 16 octobre, suite à un reportage diffusé par la chaîne de télévision MTV et intitulé « Bourj Hammoud... un voisinage en danger ». Le documentaire donne la parole à des Libanais se plaignant de la transformation de leur quartier « en un Soudan ou autre pays asiatique ». Les domestiques étrangères y sont accusées de prostitution et les travailleurs de sexe masculin de vols et de trafic de drogue.
À la conférence, des représentants de chaque communauté de travailleurs étrangers étaient présents pour témoigner des arrestations arbitraires que nombre de leurs compatriotes subissent. Selon eux, la coïncidence entre la date de diffusion du reportage et les événements de ces derniers jours n’est pas fortuite. « Une présence massive des forces de l’ordre à Bourj Hammoud et ses alentours envenime la vie quotidienne de centaines de migrants qui y vivent, qui se font arrêter de façon complètement arbitraire, qui se font battre et mettre en garde à vue sans aucune explication, sous prétexte de vérifier si leurs papiers sont en règle », s’insurge Ali Fakhri.
La représentante de la communauté africaine au Liban, qui se fait appeler Rosette, tient un discours très ferme envers ce reportage qu’elle qualifie « d’humiliant » et des molestations, « inacceptables pour des personnes qui viennent travailler au Liban dans des conditions souvent très difficiles et qui ne cherchent qu’à vivre dignement ». Elle lance un appel aux autorités libanaises à réagir rapidement pour mettre un terme à ces agressions injustifiées, mais également aux citoyens libanais à ne pas se laisser entraîner dans des discours xénophobes, « vous (Libanais) qui connaissez autant que nous ce que signifie le déchirement de l’émigration et la difficulté de vivre et de travailler loin de chez soi », conclut Rosette.
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