The Lebanese Center for Human Rights (CLDH) is a local non-profit, non-partisan Lebanese human rights organization in Beirut that was established by the Franco-Lebanese Movement SOLIDA (Support for Lebanese Detained Arbitrarily) in 2006. SOLIDA has been active since 1996 in the struggle against arbitrary detention, enforced disappearance and the impunity of those perpetrating gross human violations.

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November 14, 2011

L'orient le jour - Tournée du 14 Mars à Wadi Khaled : une manifestation hautement symbolique de solidarité avec les opposants syriens, November 14th 2011



Accueil enthousiaste à Wadi Khaled pour la délégation du 14 Mars.
Accueil enthousiaste à Wadi Khaled pour la délégation du 14 Mars.

Une importante délégation du 14 Mars, regroupant plusieurs députés et figures de proue représentant les diverses composantes de la coalition souverainiste, a effectué samedi une tournée au Nord, englobant Tripoli et, surtout, Wadi Khaled, à la frontière, afin d’exprimer sa solidarité avec les opposants syriens réfugiés au Liban.

Une tournée organisée samedi par le secrétariat général du 14 Mars à Wadi Khaled, dans le Akkar, à la frontière avec la Syrie, a pris la forme d’une manifestation, sans précédent, de solidarité avec les acteurs directs d’une liberté retrouvée : les réfugiés syriens, militants révoltés surmontant la peur, d’une part, et les Libanais du Akkar, modestes paysans qui les accueillent, d’autre part. Aussi bien les uns que les autres ont pris conscience de cette force à l’intérieur de chaque individu qui l’incite à résister. Ils ont compris que la liberté est une émanation de l’être, jadis étouffée par les diktats désuets d’un arabisme illusoire. Ils savent aussi que se libérer, c’est respecter l’homme dans son individualité.
« J’ai marché avec les opposants à Tall Kalakh, j’ai marché sans peur parce que nous étions tous unis et que nous avions déjà tout vu », raconte une jeune femme réfugiée au Liban après la répression qui secoua en mai cette ville située près de Homs. Entourée d’une dizaine d’autres, réfugiées comme elle dans l’école el-Rami, à Wadi Khaled, elle écarte toute possibilité que l’armée syrienne parvienne à les traquer jusqu’à leur refuge. « Jamais ils ne viendront jusqu’ici, sinon nous serons sans pitié », déclare-t-elle avec une force qui n’a de source que sa propre volonté de lutter. Simultanément, un cameraman se rapproche pour la filmer, et la lumière de l’appareil, dans l’enceinte ombrageuse de l’école sans meubles, laisse entrevoir ses yeux en larmes. Elle raconte ses prières pour ceux qui sont restés en Syrie, avant d’expliquer que « l’armée syrienne n’est entrée qu’une seule fois à Wadi Khaled », pour traquer des soldats dissidents, des soldats qu’elle qualifie de « libres », sur un ton grave, presque poétique. Elle évoque en même temps les efforts de « certains vertueux, libanais et syriens, qui militent discrètement » pour empêcher la remise des réfugiés aux autorités de Damas.

Menaces aux familles d’accueil
Alors que le convoi des représentants du 14 Mars, aux véhicules ornés d’un drapeau libanais, sillonne la contrée de Wadi Khaled, les habitants locaux l’accueillent avec des regards enthousiastes, mais également prudents. S’ils s’en prennent sans réserve au régime syrien « qui tire sur tout ce qui bouge dans les villes révoltées », ils ne s’expriment pas clairement sur l’existence de pressions exercées par des parties internes sur les nombreuses familles qui accueillent les réfugiés, dont le nombre s’élève à 3 000, selon des observateurs locaux. Alors que certains font état de menaces proférées par le Parti syrien national social (PSNS), ou encore par les alaouites présents dans la région contre ces familles, d’autres préfèrent garder le silence sur de pareilles intimidations. Soulignant, lors de cette tournée, qu’« aucune partie ne peut interdire aux habitants de Wadi Khaled d’accueillir un citoyen syrien chez eux », le secrétariat général du 14 Mars a mis en garde « les autorités libanaises, politiques et sécuritaires, contre tout harcèlement » dans ce cadre.

La question des papiers
De leur côté, les réfugiés se plaignent moins de leur situation humanitaire précaire que de la passivité du gouvernement libanais.
Entre les murs de béton froid de l’école el-Rami, au sol tapissé de quelques minces draperies et matelas étroits, un réfugié déplore l’interdiction de circuler, imposée selon lui par l’armée libanaise, en poste à Chadra, à quelques kilomètres de Wadi Khaled. Ce père de famille fait partie des rares hommes parmi les 300 réfugiés de l’école, à majorité des femmes et des enfants. Debout près d’une chaudière écaillée, entouré de sa jeune épouse et de ses deux petits, cet homme ne s’attarde pas sur les conditions d’alimentation et de réchauffement difficiles, mais implore l’État libanais de lui permettre de circuler librement pour qu’il puisse subvenir aux besoins des siens. La délégation du 14 Mars a appelé dans ce cadre avec insistance le gouvernement à accorder aux réfugiés un permis de passage spécial, d’autant que l’absence de pièces d’identification est compréhensible, vu les conditions dans lesquelles ils ont fui la répression en Syrie.

Un vent de jasmin
Si la tournée de la délégation n’était pas à but humanitaire, elle a été axée sur un appel pressant au gouvernement, exprimé en termes généraux mais fermes, pour qu’il intervienne en vue de la protection des réfugiés, « au nom du droit de l’homme et de la dignité du Liban ». Les contours « politiques et civils » de cette visite ont été rappelés par les personnalités du 14 Mars, réunies au siège du courant du Futur à Tripoli, avant la tournée à Wadi Khaled.
Là, devant plusieurs dizaines de Libanais et Syriens rassemblés, à quelques mètres des frontières, sur fond d’hymnes de révolte parfumés de jasmin, le coordinateur général du 14 Mars, Farès Souhaid, a déclaré que « les forces du 14 Mars n’hésiteront pas à demander des comptes nommément à chaque responsable, civil et sécuritaire, qui coopérerait avec les forces syriennes pour réprimer les familles ». Au milieu d’applaudissements enthousiastes, M. Souhaid prévient que « tout recensement des réfugiés doit rester dans le cadre des nécessités sécuritaires et tout usage des noms des familles pour exercer des pressions ou des contraintes afin de pousser ces familles à retourner en Syrie (...) vers la liquidation physique (...) est totalement refusé ». Dans la foule, un jeune homme maigrelet, au regard confiant et averti, révèle à L’Orient-Le Jour « la connivence de certains moukhtars locaux avec les autorités syriennes, auxquelles ils fournissent les noms des réfugiés ».
Même si chaque témoignage reste à vérifier, un fait est certain : l’absence de l’État au niveau de l’assistance qui devrait être accordée aux réfugiés – assistance qu’assurent actuellement les notables et députés locaux, relayés par l’UNHCR et des associations humanitaires. « Nous demandons au gouvernement, en nous adressant au Premier ministre Nagib Mikati, de donner ses instructions au Haut Comité de secours afin qu’il s’occupe immédiatement, et sans détour, de nos frères réfugiés en Syrie », a insisté dans ce cadre Farès Souhaid.

Heureuse coïncidence
À peine la conférence de presse achevée, le député du courant du Futur Ahmad Fatfat, prenant la parole spontanément, fait part au public « de l’heureuse nouvelle », celle de la suspension par la Ligue arabe de la Syrie en tant que pays membre. Une euphorie traverse alors la foule, cette joie dont les militants savourent toute la pureté, au moment de la victoire. À Wadi Khaled, c’était une joie partagée entre Libanais et Syriens, chrétiens et musulmans ; des échos de la révolution de Beyrouth, réveillée par celle de Damas. « Ce n’est pas la première fois que nous ressentons cette émotion, puisque nous soutenons dès le début les réfugiés dans leurs épreuves », confie le député du courant du Futur Hadi Hobeiche.
De son côté, le député Kataëb Nadim Gemayel souligne que « la décision de la Ligue arabe (de suspendre l’adhésion de la Syrie) délimite clairement les abus du régime syrien, qu’il n’est pas prêt à assumer, et le gouvernement libanais doit se conformer à cette décision, même s’il a choisi de voter contre ». Et Nadim Gemayel d’ajouter, dans un élan de solidarité avec le peuple syrien : « L’histoire est en marche et notre seul choix est de nous battre jusqu’à la fin. » Cette lutte est d’autant plus historique qu’elle rallie pour la première fois des figures de proue (chrétiennes) du courant souverainiste à la mouvance syrienne hostile au régime baassiste. « Nous espérons qu’après la décision arabe, le gouvernement assumera ses responsabilités politiques et humanitaires, pour que nous ne soyons pas obligés de dénoncer nommément ses dérives », renchérit sur ce plan le député Antoine Zahra, membre du bloc parlementaire des Forces libanaises.

http://www.lorientlejour.com/numero/4714/article/731447/Tournee_du_14_Mars_a_Wadi_Khaled+%3A_une_manifestation_hautement_symbolique_de_solidarite_avec_les_opposants_syriens.html

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