Un grand symbole du féminisme : Marie Curie est la seule femme à participer en 1911 au premier Congrès Solvay où elle rencontre notamment Albert Einstein et Henri Poincaré. Photo archives
En l’honneur de l’année de la chimie et du centième
anniversaire de Marie Curie, le Collège protestant français (CPF) organise une
exposition sur cette femme au destin extraordinaire.
Dans le cadre de l’année de la chimie et à l’occasion du centième anniversaire du deuxième Prix Nobel de Marie Curie, le Collège protestant français (CPF) de Beyrouth organise une exposition « Marie Curie, une femme, une œuvre, un destin ». C’est l’AEFE (Agence pour l’enseignement français à l’étranger) qui soutient financièrement l’exposition grâce à une subvention de 5 500 euros. L’inauguration est prévue, sur invitation, lundi 14 novembre à 18 heures. L’événement se poursuivra au CPF jusqu’au 26 novembre avant de se produire à l’Institut français de Beyrouth puis dans les différents instituts du Liban.
Les organisateurs proposent aux visiteurs une série de douze photos grand format commentées en français et traduites par les élèves du collège en arabe, anglais et espagnol. « L’idée était d’associer les élèves et les professeurs au projet », souligne Michel Moppert, professeur de physique au CPF et organisateur principal de l’exposition. Les clichés illustrent la vie extraordinaire de cette scientifique qui s’est battue pour son travail, la paix et l’éducation des femmes.
Par ailleurs, dix expériences que Marie Curie elle-même mettait en relief pour transmettre ses connaissances scientifiques aux plus jeunes seront effectuées par des professeurs pour les enfants de 9 à 12 ans de l’établissement scolaire. « C’est une exposition grand public, accessible à tous. Par la suite, ceux qui veulent pousser le côté scientifique peuvent s’informer des détails des découvertes de Marie Curie », indique Michel Moppert.
La jeunesse d’une surdouée
Marie Curie est née sous le nom de Maria Salomea Skłodowska à Varsovie, en Pologne, en 1867. Très jeune, elle voit sa sœur puis sa mère mourir de maladies. Son enfance difficile, dans une Pologne sous domination russe, la pousse à se concentrer sur ses études. Brillante, elle a à peine 16 ans lorsqu’elle obtient son baccalauréat avec la médaille d’or. À 24 ans, elle s’installe chez sa sœur à Paris. Deux années plus tard, elle est licenciée ès physique en étant première de sa promotion. Ses résultats exemplaires lui permettent d’obtenir une bourse d’études. Grâce à ce pécule, un an plus tard, la jeune fille est diplômée ès mathématiques.
Elle collabore ensuite avec Pierre Curie, alors chef des travaux de physique à l’École municipale de physique et de chimie industrielles. Leur complicité, tant professionnelle qu’affective, les rapproche rapidement. L’année suivant leur rencontre, en 1895, le couple se marie. Ils auront deux filles, Irène (1897) et Ève (1903).
Accomplissements scientifiques
En 1896, elle est reçue première à l’agrégation de mathématiques pour l’enseignement des jeunes filles. Elle planche sur une thèse de doctorat sur les rayons de Becquerel. Son mari abandonne ses recherches et l’assiste. Ils travaillent dans un laboratoire de fortune, le « hangar » (photo). En 1903, pour la découverte de la radioactivité naturelle, elle reçoit avec son mari et Henri Becquerel le prix Nobel de physique. En 1906, Pierre Curie est tué accidentellement par une voiture à cheval. Accablée de chagrin, Marie continue son engagement scientifique et féministe. Elle récupère la chaire de son mari et devient ainsi la première femme à donner des cours aux deux sexes dans l’enseignement supérieur.
En 1910, alors qu’elle vient d’isoler le radium sous forme de métal, elle est pressentie pour être élue à la prestigieuse Académie des sciences. Les scrutins la donne perdante malgré l’éclat de ses découvertes. Son statut de femme, qui plus est polonaise, lui a fermé les portes de cette institution. Elle devient cependant un grand symbole du féminisme en étant la seule femme à participer en 1911 au premier Congrès Solvay où elle rencontre notamment Albert Einstein et Henri Poincaré.
En 1911 toujours, elle est lauréate d’un nouveau Nobel, mais cette fois de chimie pour la découverte du radium et du polonium, baptisé en hommage à son pays natal.
Une femme engagée
Juste avant la Première Guerre, elle lance l’Institut du radium avec le docteur Claudius Regaud. L’institut a pour but de poursuivre les recherches de la nobélisée, tout en appliquant les découvertes dans le domaine médical. C’est ainsi que le premier centre de radiographie ouvre juste avant le conflit. Lorsque la guerre éclate, l’institut ferme ses portes. Marie Curie décide alors de créer des unités mobiles de radiologie, véritable révolution pour le soin des blessés. Aidée de la Croix-Rouge et de l’armée, elle se lance alors dans la formation de nombreuses infirmières au poste d’aide-
radiologiste. Une flotte de dix-huit camionnettes équipées sera ensuite déployée sur les fronts ; ces ambulances seront appelées les « Petites Curies ». En 1916, la chercheuse passera même son permis de conduire pour aller en personne sur le front.
Après la guerre, Marie Curie s’associe avec Einstein dans le combat de l’utilisation des découvertes nucléaires dans un but pacifique.
Une famille, quatre Prix Nobel
En deux générations, la famille Curie compte quatre Prix Nobel. Outre les deux premiers déjà évoqués, c’est Irène Joliot-Curie qui recevra avec son mari Frédéric le Nobel de chimie 1935 pour leur travail sur les radiations artificielles. Ève, la plus jeune, qui s’est distinguée par une carrière de journaliste de guerre, se marie avec le diplomate Henri Labouisse, lui-même honoré du Nobel de la paix en 1965.
Marie et Irène Curie payeront cher leur dévouement scientifique. La mère et la fille périrent toutes les deux irradiées. Ève, quant à elle, est morte en 2007 à l’âge de 102 ans.
http://www.lorientlejour.com/numero/4714/article/731438/Marie_Curie+%3A_une_femme%2C_une_oeuvre_et_un_destin_d%27exception.html
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