Des dizaines de jeunes hommes ont manifesté dans les rues pour réclamer la libération de leurs fils « injustement accusés de terrorisme ». Ils ont bloqué de nombreux axes de la ville, tirant en l'air et lançant des bombes sonores. La famille de Ziad Allouké, et celles de nombreux autres prévenus, ont dressé quatre tentes au rond-point Abou Ali, bloquant l'axe dans les deux sens avec des pneus enflammés, des pierres, des poubelles et quelques camionnettes.
Des manifestants ont également bloqué l'autoroute Tripoli-Akkar, au niveau de Malloulé, ainsi que l'entrée de Kobbé, avec des pneus enflammés. Des hommes encagoulés ont tiré en l'air dans les environs des marchés du blé et des légumes, et près du rond-point Abou Ali. Quatre bombes sonores ont été lancées dans le fleuve Abou Ali, et une autre près de la mosquée al-Nassiri. Les habitants de Minyé ont également bloqué temporairement l'axe Minyé-Akkar.
En réponse à ces troubles, une unité de l'armée s'est déployée dans les différentes rues de Tripoli, et autour du rond-point Abou Ali.
La colère avait été alimentée par des informations sur la détérioration de l'état de santé de Ziad Allouké et la rumeur d'une crise cardiaque. Il s'est toutefois avéré, après les examens médicaux qu'il a subis hier à l'hôpital, que cette détérioration a pour seule cause la grève de la faim qu'il observe. Il a en tout cas été ramené à Roumieh peu après.
Les familles des prévenus ont en tout cas exprimé leur détermination à maintenir leur mobilisation jusqu'à la libération de leurs proches. Ils ont réclamé l'application du plan sécuritaire « à tous », et pas seulement à ceux qui ont pris l'initiative de se livrer aux autorités. Les manifestants n'ont pas caché leur indignation de la politique des deux poids deux mesures, qui aurait permis de libérer il y a deux jours l'une des personnes impliquées dans le double attentat des mosquées al-Taqwa et al-Salam.
« Quid des parades militaires du Hezbollah? », s'interroge Fatfat
Cette mobilisation survient au lendemain de la réunion du bloc parlementaire du Futur, qui avait dénoncé les arrestations dirigées contre « des jeunes qui n'ont fait que porter des armes », alors que les vrais fauteurs de troubles courent toujours. Interrogé sur cette escalade, le député Samir Jisr a réfuté cette idée d'une soi-disant pression sunnite. « La mobilisation à Tripoli avait commencé avant le communiqué du bloc du Futur », a-t-il relevé, ce communiqué ayant en tout cas « une dimension nationale et non sunnite ». L'enjeu était en effet de « respecter la justice et la loi dans la mise en œuvre du plan sécuritaire ». Or, « il est inacceptable d'accuser de terrorisme ceux qui sont coupables uniquement d'avoir porté des armes », a-t-il souligné à l'agence d'informations al-Markaziya.
C'est sur cette idée qu'a rebondi d'ailleurs le député du bloc du Futur, Ahmad Fatfat, qui a établi une comparaison entre « les parades militaires du Hezbollah à Baalbeck-Hermel, où l'armée est pourtant présente » d'une part, et « l'arrestation de personnes à Tripoli pour terrorisme, seulement parce qu'elles ont porté une arme pour défendre leur domicile », d'autre part. Dénonçant ainsi le « laxisme des forces de l'ordre devant les parades du Hezbollah, dont le but est d'abord d'adresser un message interne », Ahmad Fatfat a estimé que c'est ce traitement « inégalitaire » qui conduit aux « vives réactions populaires, politiques et sécuritaires ». Il a appelé l'armée à prendre les mesures nécessaires à ce niveau.
Dans ce contexte, le ministre de la Défense, Samir Mokbel, a passé en revue la mise en œuvre du plan sécuritaire au Nord et dans la Békaa, avec le commissaire du gouvernement près le Tribunal militaire, le juge Sakr Sakr.
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