The Lebanese Center for Human Rights (CLDH) is a local non-profit, non-partisan Lebanese human rights organization in Beirut that was established by the Franco-Lebanese Movement SOLIDA (Support for Lebanese Detained Arbitrarily) in 2006. SOLIDA has been active since 1996 in the struggle against arbitrary detention, enforced disappearance and the impunity of those perpetrating gross human violations.

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October 30, 2010

L'Orient le Jour - ALEF would like to create a network to fight against torture in Lebanon - October 30, 2010

L'Association libanaise pour l'éducation et la formation (Alef) entend mettre en place un réseau de journalistes, d'avocats et d'ONG pour lutter contre la torture au Liban.

La torture existe au Liban. Sous différentes formes. Elle existe aussi bien dans les gendarmeries, lors d'interrogatoires, que dans les centres de détention, prisons et centres de rétention du pays pour forcer un détenu à passer aux aveux, pour exercer sur lui une pression, pour le sanctionner ou même pour l'humilier. Elle a d'ailleurs été dénoncée à plusieurs reprises par des organisations de défense des droits de l'homme, comme Amnesty International ou Human Rights Watch (HRW). L'Orient-Le Jour aussi n'a pas manqué de dénoncer, à maintes reprises, abus et violences pratiqués au Liban par des gens de pouvoir contre les détenus ou certaines tranches de la population, souvent victimes de discrimination, notamment les homosexuels, les toxicomanes, les employées de maison ou les étrangers en situation irrégulière. Ces abus et violences, physiques ou moraux, prennent alors l'appellation de torture, en fonction de la définition de la Convention internationale contre la torture. 



Torturé par un officier en civil 
Le 26 février 2010, dans nos colonnes, Nour, un détenu irakien de 20 ans, ayant le statut de réfugié, racontait la torture pratiquée contre lui par un officier du centre de rétention de la Sûreté générale à Adliyé. L'officier, en habit civil ce jour-là, entendait le dissuader de poursuivre une grève de la faim qu'il avait entamée pour protester contre sa détention arbitraire. Condamné à un mois de détention, Nour avait passé un an et huit mois en prison, dont six mois au centre de rétention de Adliyé. Roué de coups de pied et de coups de bâton, bousculé, jeté à terre et contre les barreaux de la cellule, battu également à la poitrine et au visage, ligoté dans des positions inconfortables, incapable de se tenir debout, Nour a raconté son calvaire. Pour couronner le tout, il a été enfermé de longues heures en cellule d'isolement, où il a perdu connaissance. Nour n'est qu'un cas parmi tant d'autres passés sous silence au Liban.
Prendre connaissance de la réalité de la torture au pays du Cèdre, mettre en place des mécanismes face aux cas identifiés et créer un réseau de lutte contre la torture sont l'objectif d'un séminaire de deux jours organisé par ALEF à l'Hôtel Commodore à Hamra. Un séminaire qui s'est déroulé avec la participation de journalistes, d'avocats et de membres d'ONG, mené par Me Roland Tawk, avocat engagé dans la lutte pour les droits de l'homme. Et ce dans le cadre d'un programme financé par l'ambassade des Pays-Bas à Beyrouth.
Le Liban a ratifié en 2000 la Convention des Nations unies contre la torture. Mais il n'a toujours pas mis en place les modalités d'application de cette convention. « Il n'a pas instauré les lois locales nécessaires pour lutter contre la torture », constate Me Tawk. Malgré le caractère supranational d'une convention internationale, lorsqu'elle est ratifiée par un pays, « il est difficile, voire impossible de sanctionner un responsable libanais ayant pratiqué la torture », affirme-t-il. « Quelle serait sa peine en l'absence de textes de lois ? » demande-t-il à ce propos.



Le refoulement, une forme de torture
« Physique ou morale, la torture peut prendre diverses formes au Liban, dans les différents centres d'arrêt ou de détention du pays », affirme Me Tawk. Un prisonnier peut être battu, giflé. On lui donne des coups de pied. On le pousse. On lui tire les cheveux. On lui lie les mains et les pieds dans une situation inconfortable pendant de longues heures. On l'attache dans une roue. On l'empêche de s'asseoir. On lui bande les yeux. On l'empêche de dormir. On lui jette de l'eau pour le réveiller. On le pend par les mains. On l'électrocute. On lui coupe les cheveux. On lui crache dessus. On le pique ou le brûle. On l'insulte. On l'isole. On le déshabille. On l'humilie. On menace ses proches. Me Tawk précise que ces formes de torture sont les plus courantes et qu'elles sont souvent pratiquées par des éléments des forces de l'ordre souvent ignorants des techniques modernes d'interrogatoire. Il ajoute que « la torture au Liban peut prendre des allures encore plus violentes, notamment à l'égard de prisonniers politiques ». 
Pratiqué par les autorités libanaises à l'égard des étrangers en situation irrégulière, le refoulement est également une forme de torture, lorsque la personne rapatriée de force risque la torture dans son pays. Ne reconnaissant pas le statut de réfugié tel que défini par le HCR (Haut Comité des Nations unies pour les réfugiés), car il n'est pas signataire de la convention internationale relative au statut des réfugiés, le Liban a, plus d'une fois, refoulé des réfugiés dans leurs pays, violant ainsi la Convention internationale contre la torture.
Instaurer une justice équitable et éliminer toute forme de torture au Liban sont les objectifs à long terme d'ALEF. Un travail de longue haleine, et pour le moins ambitieux, dans une société minée par les haines politiques et communautaires. 

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