Après la Finul au Sud, la clinique d'Ouzaï en bordure de la banlieue sud. Le Hezbollah se pose en assaillant résolu de la légalité, de la communauté internationales. Il défie donc le monde entier. Ce qui induit que son projet propre se veut de dimension universelle. Comme ses théoriciens, dont Naïm Kassem dans son ouvrage, ne s'en cachent pas.
Toujours est-il que l'attaque de deux enquêteurs de l'ONU et de leur interprète, par une bande de quelque 150 femmes comptant dans leurs rangs quatre hommes travestis, est un coup énorme. Évidemment planifié, prémédité. Parce que la commission d'enquête avait tenu à observer les bons usages en prévenant la clinique, bien à l'avance, de sa descente. Elle avait également avisé les différents services qualifiés de l'État, et même toutes les parties locales concernées par le sujet.
L'effet de l'incident est calamiteux pour l'image du Liban. Les diplomates en poste à Beyrouth affirment ainsi qu'en commettant une telle agression, car il en est juridiquement responsable, notre pays s'assimile au chat qui se délecte de son propre sang, en léchant une lime. Ils ne comprennent pas pourquoi les forces régulières n'ont pas réagi et sont restées, comme à l'aéroport, les bras croisés, alors qu'elles escortaient les investigateurs. Ils notent que les poursuites engagées par le parquet ne l'ont été que sur le papier : il n'y a eu, en effet, ni perquisitions, ni identification, ni interpellation des femmes déchaînées. Ce laxisme impardonnable aggrave, d'après les diplomates, la culpabilité du Liban en tant qu'État nation membre de l'ONU. Ils se demandent en outre en quoi la sacoche arrachée à l'un des enquêteurs peut intéresser les agresseurs commandités.
Cela étant, certains avancent que l'affaire relevait d'une initiative de groupe prise sans ordre du directoire du Hezbollah. D'autres estiment que le parti est bien derrière le raid, mais qu'il a commis ainsi une faute tactique. En paraissant croire que la commission d'enquête avait voulu le défier, le titiller, tester ses réactions en abordant son fief, son royaume, de la banlieue sud. D'ailleurs, le Hezb en a rajouté, ses cadres déclarant que « le milieu de la banlieue, avec ce que cela représente en termes politiques comme en valeurs morales, n'autorise personne à toucher à ses tabous, à ses interdits et à son code d'existence ».
Une position que les loyalistes dénoncent comme partitionniste. Ils relèvent que si toutes les fractions prenaient exemple sur le Hezbollah et se taillaient de manière officielle leur propre part de gâteau, ce serait ou la dislocation totale du Liban. Ou, au mieux, une fédération de cantons autonomes, chacune avec ses forces armées, n'ayant en commun que les services publics et les affaires étrangères.
Un avis que les diplomates étrangers partagent. Leur réprobation est d'autant plus accentuée qu'ils ont pu prendre connaissance d'informations confirmant que l'attaque d'Ouzaï est bien un acte commandité, soigneusement planifié. Comment en serait-il autrement quand les viragos ont été convoyées par des minibus bourrés d'éléments armés, genre commandos de l'AIB. Il est clair que le Hezbollah a voulu, par cette action, adresser deux messages. D'abord au TSL, afin de lui signifier que tout serait fait pour lui barrer la voie. Ensuite aux autres parties libanaises, pour leur confirmer qu'il entend garder son État à lui dans l'État.
Pour leur part, des policiers et des magistrats qui avaient été témoins des préparatifs de la visite des enquêteurs à la clinique protestent quand ils entendent dire que ces enquêteurs ont pris les lieux d'assaut pour rafler des dossiers médicaux, ce qui a entraîné la réaction des patientes concernées. Ces officiels confirment que rendez-vous avait été pris avec la clinique tout à fait dans les formes et qu'il n'y a pas eu de descente-surprise ou de perquisition abusive.
D'ailleurs, la commission agit partout sans objection. Elle a inspecté, la semaine dernière, une entreprise de télécoms et pris livraison de données déterminées sans que personne ne lui cherche noise. Elle multiple les missions loin des feux de la rampe.
Selon un professionnel, le Hezbollah a commis une faute tactique, voire stratégique. Car de telles agressions ne peuvent que raffermir la détermination du TSL à procéder, comme il l'a d'ailleurs tout de suite proclamé. Et elles ne peuvent avoir aucune influence ni sur le contenu de l'acte d'accusation ni sur sa date de parution. Au contraire, elles constituent une présomption de plus contre le Hezbollah.
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